samedi 12 novembre 2022

 (L'Arabie Saoudite se lance dans l'exploitation du gaz de schiste très grosse consommatrice et facteur de l'empoisonnement des nappes phréatiques pour des milliers d'années. Tout ça pour les européens, étonnant, non ? note de rené)


Le gaz du Golfe rendra-t-il l’hiver européen plus doux ? (Analyse)

-Plus grand exportateur de gaz dans le Golfe, le Qatar a augmenté ses exportations vers l’Europe tout en restant attaché aux contrats à long terme avec ses clients asiatiques.

Mustapha Dalaa   |

12.10.2022     AA (Agence Amadou)

Istanbul

AA / Istanbul


-L’Arabie Saoudite a atteint son autonomie et s’apprête à faire partie du club des exportateurs grâce au gaz de schiste 
-Les Emirats et le Sultanat d’Oman importent le gaz naturel du Qatar pour l’exporter après liquéfaction 
-Le Koweït et le Bahreïn recourent à l’importation pour combler leur déficit 


Bien que les pays du Golfe disposent de réserves importantes de gaz naturel, il n’en demeure pas moins que leurs capacités exportatrices sont limitées à l’exception du Qatar, tandis que l’Europe lutte pour obtenir une plus grande quote-part de ce gaz, peu avant la saison hivernale.
Les autres pays du Golfe se trouvent confrontées à de grandes difficultés pour couvrir leurs besoins recrudescents en gaz naturel, et la majorité parmi eux recourent à l’importation voire à la réexportation du gaz importé (après sa liquéfaction) vers d’autres marchés, bien que ces pays recèlent d’importantes réserves.
Les capacités de chacun des six pays du Conseil de coopération du Golfe sont disparates en termes de réserves de gaz naturel, de production et de capacités d’exportation.


1-Le Qatar : des capacités gigantesque et priorité accordée à l'Asie


Le Qatar n'est pas seulement le plus grand exportateur de gaz dans le monde arabe mais compte également les troisièmes réserves mondiales après la Russie et l'Iran.
Le volume des réserves qataries en gaz naturel s'élève à 842,62 trillions de mètres cubes, soit cinq fois les réserves algériennes et plus de 13 fois les réserves égyptiennes.
Ces réserves gigantesques, en dépit de la petite superficie de l'émirat, ont permis au Qatar de produire 177 milliards mètres cubes de gaz naturel, en 2021, selon les données fournies de la compagnie britannique « BY ».
A la faveur de la relance du marché du gaz mondial, le Qatar s'apprête à augmenter sa production de gaz liquéfié pour la faire passer de 77 millions de tonnes annuellement à 110 millions de tonnes, à l'horizon de l'année 2026.
Le Qatar constitue le seul pays du Golfe capable d'injecter de plus grandes quantités de gaz sur le marché européen. Le volume du gaz exporté vers l'Europe a augmenté de 65% entre les mois de janvier 2021 et janvier 2022.
Le Royaume-Uni et l'Italie sont les plus grands clients européens du Qatar, qui leur a exporté respectivement plus de 408 mille tonnes et 340 mille tonnes.
Toutefois, ces quantités demeurent insuffisantes selon le journal allemand « Der Spiegel », dans la mesure où les pays de l'Union européenne ont besoin d'un milliard de mètres cubes par jour, tandis que les capacités additionnelles du Qatar ne dépassent pas les 60 mille mètres cubes/jour.
Cela revient au fait que 90% des exportations du Qatar sont destinées à l'Inde (886 mille tonnes), au Pakistan (environ 600 mille tonnes), à la Corée du Sud (526 mille tonnes) et à la Chine (390 mille tonnes).


2- L’Arabie Saoudite : rejoindre le club des exportateurs grâce au gaz de schiste


L’un des paradoxes qui caractérisent le gaz dans les pays du Golfe est que l'Arabie Saoudite dispose d’importantes réserves estimées à 333 trillions de mètres cubes, de même que sa production est supérieure à celle de l'Algérie, de l’Egypte et du Nigeria réunis, avec un volume de 117,3 milliards de mètres cubes en 2021. Malgré cela, le Royaume n'exporte pas le gaz de même qu'il n’en importe pas.
L'Arabie Saoudite est classée deuxième dans le monde arabe en termes de réserves de gaz et huitième, de même que le Royaume est le sixième producteur. Malgré cela, ce pays n'est pas un acteur clé sur le marché mondial du gaz et ne dispose pas de marges ou de surplus qui lui permettent de secourir l'Europe durant l'hiver prochain.
La focalisation de l'Arabie Saoudite sur l'investissement dans le secteur du pétrole a fait que ce pays n'accorde pas une importance majeure au secteur du gaz que pour satisfaire ses besoins internes.
Néanmoins, cette politique est sur le point de changer dans la mesure où Riyad s'apprête à rejoindre le club des exportateurs de gaz à l'horizon 2030, après le parachèvement du développement du projet gazier Jafurah dans la région d’Al-Ahsa (sud-est).
Ce projet comporte des réserves de gaz de schiste estimées à 200 trillions de mètres cubes et le volume des investissements requis pour le développer s'élève à 110 milliards de dollars.


3-Les Émirats : le paradoxe de l'importation et de l’exportation 


L'histoire des Émirats avec le gaz est légèrement différente de celle de l'Arabie Saoudite mais elle n'est pas dépourvue de paradoxes.
En effet, les réserves en gaz des Émirats s'élèvent à 272,83 trillions de mètres cubes, ce qui équivaut aux réserves de l'Algérie et de l'Égypte réunies.
En dépit de cela, les Émirats n'ont produit en 2021 que 57 milliards de mètres cubes, selon le site « Energy ».
Cette quantité n'est pas minime et représente quatre fois le volume de production de la Libye, pays exportateur de gaz, mais ne couvre pas cependant la consommation émiratie.
Les Émirats ont importé, en 2021, quelques 1,7 milliards de mètres cubes, soit une légère hausse par rapport au 1,6 milliard de mètres cubes en 2020, tandis que le pic de l'importation de gaz par les Émirats a été atteint, en 2016, lorsque ce volume s'élève à 4,2 milliards mètres cubes.
En contrepartie, les Émirats ont exporté, en 2021, 8,8 milliards de mètres cubes de gaz liquéfié, et dont la majorité l'a été vers l'Inde et le Japon.
L'exportation par les Émirats du gaz liquéfié ne signifie pas que ce pays a réalisé son autonomie. En effet, les Emirats procèdent à la liquéfaction du gaz naturel importé avant de le réexporter, sachant que la différence entre le prix du gaz naturel et du gaz liquéfié oscille entre 50% et 70%.
Les Emirats planifient d'investir un montant de 20 milliards de dollars dans le secteur du gaz, afin de parvenir, à l'horizon 2030, d'atteindre son autonomie.


4- Le Sultanat d'Oman : exportateur grâce au gaz qatari


Les réserves de Sultanat d’Oman en gaz naturel ne sont pas importantes, à l'instar du Qatar, de l'Arabie Saoudite et des Émirats, mais elles ne sont pas tout de même minimes.
Les réserves du Sultanat ont atteint, à la fin de l'année 2021, quelque 23 trillions mètres cubes, ce qui constitue des réserves inférieures à celles du champ d'El Selafa Ahmim exploité en commun par la Mauritanie et le Sénégal.
De même, la production du Sultanat d'Oman est de taille moyenne après avoir atteint, en 2020, 41,8 milliards mètres cubes. Toutefois, cette production ne couvre pas la totalité de la consommation du pays en gaz, qui a atteint 46,5 milliards mètres cubes durant la même année, ce qui a poussé Oman à l'importation pour couvrir le déficit.
A l'instar des Émirats, le déficit enregistré en gaz naturel n'a pas empêché le Sultanat d'Oman d'exploiter le gaz liquéfié.
En effet, le Sultanat d’Oman importe le gaz naturel à bas prix depuis le Qatar via le gazoduc maritime « Dolphin » qui relie le champ qatari du North Dome vers les Émirats et le sultanat d’Oman, avant d’en liquéfier une partie destinée à l'exportation.
Les exportations omanaises en gaz liquéfié ont atteint, au cours du premier trimestre de l'année 2022, quelque 2,9 millions de tonnes, soit une hausse de 11,5% en comparaison avec la même période de l'année écoulée. 


5- Le Koweït : le plus grand importateur


Les réserves du Koweït en gaz naturel sont équivalentes à celles de l'Égypte, soit 63 trillions mètres cubes, alors que la population de l'émirat du Golfe est inférieure 22 fois à celle de l'Égypte et malgré cela, le Koweït a recours à l'importation.
En effet, le Koweït opte fondamentalement pour le pétrole dans la production de l'électricité et a délaissé, voire négligé, pendant des décennies, l'exploitation du gaz. Malgré cela, l'émirat du nord-est du Golfe a produit 17,4 milliards mètres cubes en 2017.
Selon les plus récentes données fournies par la compagnie britannique « BY », le Koweït a importé, en 2021, quelque 7,7 milliards mètres cubes, ce qui en fait le pays du Golfe qui importe le plus grand volume de gaz.


6- Le Bahreïn : de moins importantes réserves


Selon « BY », les réserves confirmées du Bahreïn s'élèvent à 2,3 trillions de mètres cubes, à la fin de 2020, et représentent ainsi les réserves les moins importantes de gaz naturel des pays du Golfe.
Le petit Royaume du Golfe a produit, en 2020, 17,2 milliards mètres cubes de gaz.
Ces quantités ne permettent pas de satisfaire la consommation du pays en gaz, en particulier, au vu de la baisse de la production des champs gaziers, ce qui contraint le Bahreïn d’importer du gaz liquéfié.
En conclusion, il s'avère que le seul pays du Golfe capable de hausser ses exportations vers l'Union européenne demeure le Qatar, mais la plupart de ses exportations sont destinées vers l'Asie, en dépit de l'augmentation de ses approvisionnements vers le Vieux continent.


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