samedi 12 novembre 2022

(Comme dans tout pays qui se libère. Donc rien à dire, note de rené) 


Ukraine: Kiev fait la chasse aux «collaborateurs» (WSWS)

par Andrea Peters 11 Novembre 2022, 20:54 Ukraine Guerre Chasse Russie Articles de Sam La Touch

Le gouvernement ukrainien intensifie sa chasse aux «collaborateurs» pro-russes en portant plainte contre des centaines, voire des milliers de ses propres citoyens, en particulier dans les régions récemment revenues sous son contrôle. Les accusés risquent des peines de prison, en plus de lourdes amendes, de la saisie de leurs biens et de la perte de leurs droits. Selon des données récentes du bureau du Procureur général, le gouvernement a ouvert plus de 18.000  dossiers liés à des «crimes contre la sécurité nationale» comme la trahison, le sabotage, l’«assistance à l’État agresseur» et l’«atteinte à l’intégrité territoriale et à l’inviolabilité de l’Ukraine».
 

Le gouvernement ukrainien, salué par l’Occident comme l’incarnation de la liberté et de la démocratie, mène une guerre non seulement contre une puissance étrangère, mais encore contre une partie de sa propre population.

Fin octobre, on a accusé le directeur d’une école secondaire de Kharkov de collaborer avec l’ennemi parce qu’il avait déclaré aux enseignants qu’ils allaient rouvrir l’établissement, donner des cours en russe, utiliser des manuels russes et employer des normes éducatives russes. Une semaine plus tôt, on avait accusé un autre homme de la région d’actes de trahison parce que, en tant que responsable d’un atelier municipal de réparation des routes à Balaklya, il avait mis à la disposition des forces russes du matériel appartenant à l’État. Kharkov était alors sous occupation.

Très souvent, des gens sont visés juste pour avoir exprimé un quelconque soutien politique à la Russie. Des articles publiés dans RBK-Ukraine entre le 8 et le 25  octobre signalent que tous ces gens font l’objet d’une accusation de collaboration: un habitant de Yuzhnye qui a tenté de convaincre des connaissances que l’extension de la souveraineté russe au territoire ukrainien était juste; une femme qui a discuté plus d’une fois avec un groupe de son point de vue que l’existence indépendante de l’Ukraine était une erreur; un habitant de Kharkov qui a répété la «propagande» russe que l’invasion de Moscou était justifiée. On a informé un présentateur de nouvelles de Louhansk  24, un service de presse pro-russe, qu’on enquêtait sur lui pour collaboration.

D’autres poursuites de ce type sont à venir. «Les forces de l’ordre poursuivent leur travail de démasquage des citoyens ukrainiens qui soutiennent la politique du Kremlin», notait Ukr.net le 15  octobre.

Des accusations d’«aide à l’ennemi» sont également portées contre des personnes qui, semble-t-il, tentent de maintenir leur communauté en vie en temps de guerre. Un homme de 32  ans, également originaire de Kharkov, est poursuivi parce qu’il aurait volontairement accepté de garder une pharmacie et un dépôt de fournitures humanitaires pendant l’occupation de la ville. Le chef du minuscule village de Valenkove est poursuivi parce qu’elle «agit sur les instructions de représentants de la Fédération de Russie. Cette femme a recueilli des données et des demandes de la part des habitants locaux pour régler des problèmes organisationnels et humanitaires».

On prononce également des inculpations passibles de 15  ans de prison ou plus pour les actes suivants: rejoindre des forces partisanes anti-ukrainiennes; indiquer à l’armée russe l’emplacement des forces ukrainiennes; faire des reportages sur les Ukrainiens «patriotes» et fournir des ressources économiques et autres au camp russe. Un détenu, accusé d’avoir été «employé» par une «milice populaire de l’occupant» est mort pour avoir cherché à fuir ; il aurait marché sur une mine russe qui aurait explosé.
 

Les régions d’Ukraine à forte population russe sont particulièrement visées par cette chasse aux collaborateurs. Selon Pressorg.25, la plupart des «bureaux d’enquête récemment créés ont ouvert dans les régions de Louhansk, Zaporozhye, Donetsk, Kharkov et Kherson». En août, le New York Times avait écrit sur le travail des milices pro-ukrainiennes opérant derrière les lignes ennemies, que l’une de leurs missions était, en plus de tuer les collaborateurs présumés, de surveiller les enseignants censés promouvoir une ligne pro-russe. «Les partisans» n’attaquaient cependant « pas les enseignants», ils cherchaient « plutôt à les humilier par des tracts affichés souvent sur les poteaux électriques avec de sinistres avertissements pour les collaborateurs, dans le cadre de leurs opérations psychologiques».

Les lois ukrainiennes sur la collaboration récemment adoptées sont extrêmement étendues. Elles incluent des choses comme «le déni public de réalisation d’une agression armée contre l’Ukraine»; «l’établissement et l’approbation d’occuper temporairement une partie du territoire ukrainien»; «les appels publics à soutenir les décisions et/ou les actions de l’État agresseur»;  « l’application de la propagande de l'État agresseur dans les établissements d'enseignement » ; «l’occupation volontaire d’une position non dirigeante (non liée à l’exécution de fonctions d’organisation, d’administration ou d’économie) dans des autorités illégales installées dans le territoire temporairement occupé»; et «la participation à» ou «l’organisation et la conduite d’événements de nature politique»; «la mise en œuvre d’activités d’information en coopération avec l’État agresseur et/ou son administration d’occupation, visant à soutenir l’État agresseur et/ou à le faire échapper à sa responsabilité dans l’agression armée contre l’Ukraine».

En particulier, pour ceux qui se trouvent dans des zones qui ont été occupées, il est facile de tomber sous le coup de lois qui interdisent essentiellement tout type de rapport avec les autorités militaires ou politiques russes, et encore moins l'expression d'une pensée politique contredisant la ligne officielle du gouvernement de Kiev.

Les sanctions comprennent la privation du droit d’occuper divers postes ou fonctions pendant une période pouvant aller jusqu’à 15  ans, voire la confiscation des biens ; l’arrestation pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois ; l’emprisonnement pouvant aller de trois à 15  ans voire à perpétuité, et la condamnation à deux ans de travaux forcés.

Les accusations, les procès et les sanctions se succèdent à un rythme soutenu. Les Groupes Telegram du Procureur général de l’Ukraine et d’autres services publics sont remplies de photos quasi quotidiennes des nouveaux accusés. Dans des conditions de loi martiale, de destruction des infrastructures et d’exode pour plus de sept millions de personnes – y compris, sans aucun doute, de nombreux avocats – il est impossible que quiconque pris dans ce maelström bénéficie d’un procès équitable. Les verdicts de culpabilité et les condamnations suivent rapidement les accusations. Les images en ligne montrent que parmi les accusés il y a des personnes âgées et des femmes, dont beaucoup sont visiblement pauvres.

Les photos des accusés diffusées par l’État sont floues mais souvent encore identifiables. L’armée ukrainienne utilise actuellement la technologie de reconnaissance faciale fournie par les États-Unis pour surveiller sa propre population et pour tourmenter les familles des soldats russes morts. Elle trouve les comptes de réseaux sociaux de ces derniers, contacte leurs proches et leur envoie des images de leurs cadavres. En publiant les photos des personnes accusées de collaboration sur les réseaux sociaux, les responsables de l’État créent des conditions où amis et famille des accusés peuvent être trouvées et soumises à une punition collective.

En même temps, on déploie des efforts pour priver de leurs sièges les représentants parlementaires des partis politiques d’opposition, qui furent interdits en mai par le président Zelensky, au motif qu’ils étaient favorables à la Russie et étaient, de ce fait, des collaborateurs.

(Article paru d’abord en anglais le 10 novembre 2022)

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