mardi 6 septembre 2022

 

Le premier ministre ukrainien exige de l’Allemagne des armes et de l’argent

La visite du premier ministre ukrainien Denys Chmyhal à Berlin, première depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, s’expliquait par la volonté d’obtenir de l’Allemagne les armes les plus modernes, notamment des chars Leopard 2.

Cette visite, bien qu’elle ait commencé encore samedi, n’a pas été médiatisée dans la presse allemande. Le chef du gouvernement ukrainien a d’abord été reçu par le président fédéral Frank-Walter Steinmeier dans sa résidence de Bellevue. Les deux interlocuteurs ont parlé de la situation des réfugiés ukrainiens en Allemagne, du programme de relance économique de l’Ukraine et du déroulement des activités militaires. Il est également possible que Denys Chmyhal ait évoqué le renforcement de la pression de sanctions contre la Russie.

Quoi qu’il en soit, dans une interview à la veille de sa visite à l’agence allemande DPA, il a qualifié ce thème de l’un des principaux, ainsi que l’augmentation de l’aide financière et des fournitures d’armes lourdes modernes à l’Ukraine. À cet égard, il conviendrait de rappeler que c’est Kiev qui était l’un des instigateurs de la cessation totale de la délivrance de visas Schengen aux Russes.

Le premier ministre ukrainien a été reçu dimanche par Olaf Scholz avec des honneurs militaires. Pendant leur entretien, selon l’émission Tagesschau de la première chaîne nationale allemande ARD, il était également question du déroulement des hostilités en Ukraine et du rétablissement de l’économie ukrainienne. C’est probablement ce sujet qui a trouvé un écho auprès des interlocuteurs, car après cela le premier ministre ukrainien s’est rendu au ministère du Développement économique, responsable de l’attribution d’aide économique à d’autres pays. Il y a rencontré la ministre Svenja Schulze. 200 millions d’euros d’aide aux réfugiés ukrainien en Allemagne du budget de ce ministère ont été annoncés à l’issue des pourparlers.

Il est possible que Denys Chmyhal ait évoqué la livraison d’électricité ukrainienne à l’Allemagne. Kiev en parle volontiers dernièrement comme d’une sorte d’aide à l’Allemagne pour survivre à un hiver difficile. Mais l’Ukraine associe généralement ce thème à la démilitarisation de la centrale nucléaire de Zaporijia, qui est contrôlée par l’armée russe. Cette plus grande centrale nucléaire en Europe assure 20% de la production d’électricité en Ukraine. C’est pourquoi l’économie ukrainienne pourrait être sérieusement touchée si la centrale cessait d’approvisionner le réseau ukrainien.

La conférence de presse conjointe des hommes politiques ukrainiens et allemands a été annulée sous prétexte de manque de temps à cause des changements dans le calendrier de la visite. Cette annulation est assez révélatrice et pourrait témoigner de la confidentialité des pourparlers mais aussi de sérieux différends entre Berlin et Kiev.

Le chancelier allemand Olaf Scholz adopte pour l’instant une attitude négative quant aux fournitures directes à l’Ukraine d’armes offensives lourdes, dont font partie les chars Leopard 2 à disposition de la Bundeswehr. D’après l’agence allemande N-tv, pour le moment, Kiev a reçu de l’Allemagne 10 obusiers automoteurs 2000, 15 canons antiaériens automoteurs Gepard, 3 lance-roquettes multiples et 3 chars de montagne. L’agence rapporte qu’Olaf Scholz a promis à Denys Chmyhal de livrer également des systèmes antiaériens Iris-T qui tire des missiles à guidage infrarouge. Mais le chancelier parlait de 4 unités, alors que le premier ministre ukrainien en demandait 12.

Cependant, il n’est pas exclu que les manifestations qui ont commencé en Allemagne contre les livraisons en Ukraine affectent le comportement des politiciens allemands. Un rassemblement sous le slogan « Désarmer Rheinmetall » s’est déroulé la semaine dernière devant le groupe allemand Rheinmetall à Cassel.

Alexandre Lemoine


Aucun commentaire: