Cette pratique de géo-ingénierie menace les sols tropicaux
Selon une étude dirigée par l’Université de Brême (Allemagne), les pratiques qui visent à augmenter l’altération des sols tropicaux pour retirer du dioxyde de carbone de l’atmosphère engendreraient leur déstabilisation et conduiraient au bout du compte à en augmenter les rejets.
Ces effets contre-productifs ont été détaillés dans la revue Communications Earth & Environment ce 17 septembre.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, outre la diminution des émissions de gaz à effet de serre, certains étudient des techniques permettant de retirer à grande vitesse le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. Il s’agit par conséquent d’accélérer la vidange naturelle de la baignoire atmosphérique. À cet égard, l’altération améliorée des tourbes tropicales, dont la moitié se situe en Asie du Sud-Est, a récemment fait figure de technique prometteuse.
Augmenter la capture de carbone par les processus naturels
Le principe est simple : intensifier la réaction chimique qui se produit de façon tout à fait naturelle lorsque l’eau, chargée en CO2 et légèrement acidifiée lors de son passage dans l’atmosphère, réagit avec le substrat. Pour ce faire, les scientifiques ont envisagé de broyer les roches en question dans le but d’en faire une fine poudre qui sera ensuite pulvérisée sur de vastes étendues de tourbières tropicales, un environnement chaud et humide propice à une altération massive.
« Cela augmente la surface sur laquelle se produit la réaction chimique, ce qui accélère le processus d’altération », relate Alexandra Klemme, auteure principale de l’étude. « L’épandage de roches réduites en poudre sur les sols, par exemple sur des terres agricoles, est en train d’être discuté comme d’une méthode possible pour diminuer le CO2 atmosphérique. »
De probables effets collatéraux
Cependant, l’idée est moins engageante qu’il n’y paraît de prime abord puisque les chercheurs ont montré que le procédé provoque une déstabilisation des sols tropicaux. En effet, en abaissant le pH de ces derniers, il conduit à augmenter les rejets naturels de CO2 au bout de quelques années, que ce soit par les tourbières, les rivières ou encore les zones côtières. Au bilan, ces conséquences compensent, voire surpassent, le gain d’absorption initialement acquis.
Ces résultats, fruit de plusieurs années de mesures in situ entre l’Indonésie et la Malaisie, sonnent vraisemblablement le glas de cette technique de capture du carbone. Et pour cause, même si l’acidification des sols pourrait initialement être favorable à l’industrie agricole en augmentant sa productivité, les risques encourus sont bien trop élevés. « Par conséquent, cette méthode peut être exclue », rapporte à ce titre la chercheuse.
Source : Sciencepost
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