(Du fric qui va finir au profit des marchés financiers et des actionnaires. Noël, Noël ! A la commission européenne, ils font tous comme macron, "il faut tout liquider" au profit de la finance, même la banque centrale européenne. note de rené)
Triste record : la Banque centrale européenne va prêter 1 300 milliards d’euros aux banques à des taux négatifs
Rien que sur la première année de « remboursement », les 1 300 milliards des ces emprunts rapporteront le modique bénéfice d’environ 6,5 milliards d’euros aux banques, comme le souligne un analyste pour le journal Les Échos. Et ce n’est pas fini.
La crise du nouveau coronavirus n’en finit plus d’exploser les records. Jeudi 18 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle allait procéder à la plus grosse opération de refinancement de son histoire : 1 300 milliards d’euros seront prêtés aux plus grandes banques de notre continent, qui se verront obtenir des taux d’intérêt négatifs. Du jamais vu dans cette institution aux décisions représentative de la doxa économique.
On les appelle des TLTRO, pour « Targeted Longer-Term Refinancing Operations ». Dans le jargon financier, cet acronyme mystérieux désigne des prêts de grande envergure, que la BCE accorde aux banques privées afin de refinancer l’économie européenne. Ces opérations sont dites « ciblées », car le taux d’intérêt qui sera appliqué aux transactions dépendra d’un certain cahier des charges. Plus les banques financeront l’économie grâce à cet argent, moins elles paieront d’intérêts : pour remplir les exigences, il leur faudra donc, à leur tour, faire massivement crédit aux entreprises. Autrement dit, la BCE déverse des sommes colossales d’argent dans les banques en espérant que celui-ci serve à renflouer les entreprises et stimule la croissance.
Avec la crise sanitaire et le confinement, tous les indicateurs sont dans le rouge. Les institutions financières européennes prévoient une chute du PIB de la zone euro de plus de 13 % au deuxième trimestre, suffisante pour que nos dirigeants soient pris de panique et craignent une crise sans précédent. À situation exceptionnelle, mesures d’exception : jeudi 18 juin, la BCE a annoncé qu’elle allait réaliser la plus grande opération de refinancement de l’économie de son histoire.
742 banques privées de notre continent ont ainsi demandé 1 300 milliards d’euros de TLTRO ; c’est deux fois et demie plus qu’en mars 2012, lors de la dernière opération de ce type. L’Union européenne est prête à tout pour maintenir l’économie à flot, voilà le signal qu’elle vient d’envoyer.
Le chiffre défie l’imagination. Et pourtant, il est bien réel : tout cet argent ira droit dans les caisses des banques privés. Mais ce n’est pas tout. Si les établissements bancaires respectent certaines conditions, parmi lesquelles réinjecter l’argent dans l’économie, dans les grandes et petites entreprises ou les particuliers en difficulté à cause de la crise, par exemple, la BCE leur accordera des taux d’emprunts négatifs pouvant aller jusqu’à -1 %, un second chiffre inédit dans l’histoire de l’institution de Francfort. Cela veut dire que la BCE s’apprête à donner de l’argent aux banques pour qu’elles mettent plus facilement en œuvre des crédits, c’est-à-dire le mode de financement de l’économie le plus classique en Europe (à 75 %).
Rien que sur la première année de « remboursement », les 1 300 milliards des ces emprunts rapporteront le modique bénéfice d’environ 6,5 milliards d’euros aux banques, comme le souligne un analyste pour le journal Les Échos. Et ce n’est pas fini.
La banque centrale européenne
À l’inverse des années précédentes, le cahier des charges, pour obtenir des prêts, est considérablement assoupli. Au lieu d’être dans l’obligation d’augmenter leur portefeuille de prêts aux entreprises et aux ménages, en échange de taux très bas, les banques pourront se contenter de maintenir le même nombre de crédits qu’elles accordaient avant que la pandémie ne bouleverse leurs activités. Tout ce déversement d’argent n’a donc qu’un seul objectif : faire en sorte que l’économie récupère la courbe qu’elle suivait juste avant la crise et que les banques accusent le choc comme si de rien n’était, comme si aucune épidémie, aucun confinement n’avait existé.
Le spectre de la dernière grande crise s’agite derrière cette manœuvre spectaculaire. En 2008, les difficultés des marchés financiers, précipitées par la faillite des entreprises qui accordaient des prêts hypothécaires à risque (les subprimes), avaient provoqué un « credit crunch », un brutal rationnement des crédits bancaires aux entreprises et aux ménages. Au départ financière, la crise était alors devenue économique. Cette année, tandis que l’ébranlement pourrait être pire qu’en 2008, la BCE veut à tout prix éviter que le flot des emprunts se tarisse et cause un emballement. Quitte à donner des milliards aux banques. Quitte à maintenir les marchés sous une perfusion contre-nature dont on n’a jamais pu évaluer les effets dans une telle ampleur.
Les entreprises et les particuliers, quant à eux, ne recevront rien directement. Si les banques assouplissent leurs conditions d’emprunt qui s’étaient auparavant durcies, ils auront tout bonnement le droit d’emprunter de nouveau, d’obtenir des crédits avec des taux d’intérêt tout à fait normaux ; en somme, de contracter des dettes qu’ils mettront des années à rembourser et qui permettront aux banques d’engranger des bénéfices toujours aussi grands, dans un ciel toujours aussi serein. Si l’opération de la BCE réussit, le secteur financier n’aura ressenti presque aucun choc, juste les quelques secousses de cette brève tachycardie du début du mois de mars.
Que feront les banques de tout cet argent ? Personne n’en est vraiment certain. Mais on peut s’attendre légitimement à ce qu’elles saisissent les failles du système ou les moindres opportunités pour qu’une bonne partie de ces milliards tombe dans leur poche, plutôt que dans l’économie réelle. « Plusieurs établissements pourraient choisir d’investir en partie ces fonds à -1 % dans des obligations d’État qui offrent un rendement positif, et gagner ainsi sur les deux tableaux. Le taux des obligations italiennes à deux ans a d’ailleurs brièvement atteint son plus bas niveau depuis mars en anticipation de ces nouvelles demandes », indique par exemple Les Échos.
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