(En occident, la police est là pour réprimer, d'où la peur de la population, une philosophie différente de son rôle. note de rené)
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par Reese Erlich.
Un groupe de policiers à la carrure imposante, portant des armes semi-automatiques et des matraques, se fraie lentement un chemin dans la foule à la fin d’un concert de salsa en plein air. Mes amis et moi avons une bouteille de rhum, et je me dis que les policiers la confisqueront, et peut-être même nous arrêteront.
Au lieu de cela, les policiers nous demandent de la boire, et nous nous exécutons rapidement. Ils confisquent la bouteille en verre pour qu’elle ne puisse pas être brisée et utilisée comme arme.
Cet incident s’est produit à La Havane il y a quelques années, et il en dit long sur ce qui constitue un bon maintien de l’ordre. Les policiers voulaient prévenir la criminalité, et non l’aggraver.
Contrairement à l’image traditionnelle d’un régime communiste brutal et répressif, la police cubaine offre un exemple instructif aux militants américains [et français]. Les policiers vivent dans les villes qu’ils patrouillent. Ils traitent généralement les citoyens avec respect. Comme je l’ai documenté dans mon livre Dateline Havana, les passages à tabac de criminels par la police sont rares et les meurtres par la police sont inexistants. Cuba a l’un des taux de criminalité les plus bas d’Amérique latine.
Les protestations en cours en défense des vies des Noirs aux États-Unis ont forcé un débat national sans précédent sur le rôle de la police. Faut-il dé-financer les services de police et détourner cet argent pour aider les communautés pauvres ? Faut-il abolir complètement la police ?
Cuba est aux prises avec des problèmes de police depuis la Révolution de 1959. Le gouvernement, tout en ayant certainement sa part d’échecs, a créé un système d’interaction entre la police et la communauté qui réduit la criminalité sans recourir à la force brute.
La lutte contre la criminalité à Cuba commence par un filet de sécurité sociale, qui offre à chaque Cubain une éducation gratuite, des soins de santé gratuits et des événements culturels subventionnés. Cuba ne souffre pas du fléau des sans-abri et de la toxicomanie causée par les cartels de drogue, malgré les tentatives régulières des trafiquants de faire entrer des drogues à Cuba depuis la Floride.
L’économie socialiste signifie que Cuba n’a pas de richesse ni de pauvreté extrêmes. J’ai visité les domiciles de hauts fonctionnaires qui vivent dans des quartiers à revenu intermédiaire. J’ai rencontré des policiers qui vivaient dans un modeste complexe d’appartements dans le quartier même où ils patrouillaient.
Cuba utilise la pression communautaire pour décourager la criminalité. Les Comités pour la Défense de la Révolution (CDR) ont été initialement créés au début des années 1960 pour faire face aux contre-révolutionnaires soutenus par les États-Unis. De nos jours, les CDR font la promotion de la santé publique et agissent comme des groupes de surveillance de quartier.
Humberto Carillo Ramirez, un leader national du CDR, m’a dit dans un documentaire radiophonique que les résidents locaux savent souvent qui sont les criminels.
« Si une famille n’envoie pas ses enfants à l’école ou si un jeune ne travaille pas et commence à avoir des ennuis… nous les rencontrons », dit-il. « Nous vivons dans [leur] quartier… Nous leur expliquons pourquoi c’est mauvais pour le pays et nous leur expliquons également les graves conséquences judiciaires que cela peut avoir pour eux. »
Lorsque des résidents sont reconnus coupables de crimes, les membres du CDR leur rendent visite en prison. « Nous voulons… les réintégrer dans la société après leur sortie », dit Carillo.
Au début des années 1990, Cuba a fait face à une crise économique massive provoquée par l’effondrement de l’Union soviétique et intensifiée par les efforts américains pour renverser le gouvernement. Les Cubains ont été confrontés à de graves pénuries d’essence, de nourriture et d’électricité. À partir de 1996, le pays a connu une forte augmentation des cambriolages de domiciles et de voies de fait ; il y a même eu une tentative de vol de voiture blindée.
Comparée à la situation aux États-Unis, la criminalité à Cuba restait légère, mais c’était plus que ce que les Cubains étaient prêts à accepter. En 1999, le gouvernement a adopté une loi qui a doublé certaines peines de prison. Les juges ont également autorisé moins de prisonniers à bénéficier de la libération conditionnelle. Des policiers étaient stationnés à chaque coin des zones touristiques. La répression a entraîné une baisse de 20% de la criminalité, m’a alors expliqué le juge de la Cour suprême, Jorge Bodes Torres.
Il attribue le succès aux mesures de « maintien de l’ordre » et à l’organisation communautaire. « La majorité des gens participent à la lutte contre la criminalité », a-t-il dit. « C’est le facteur le plus important. »
Les (pseudo) dissidents politiques cubains récusent ce propos. Ils affirment que la police tabasse et emprisonnerégulièrement des opposants au gouvernement. Cependant, comme je l’ai documenté, bon nombre de ces dissidents sont financés par Washington et diffusent régulièrement de fausses informations, de sorte que leurs allégations de violences systématiques manquent de crédibilité.
Certains Cubains ont des plaintes légitimes. J’ai interviewé des dizaines de jeunes hommes Afro-Cubains qui auraient été arrêtés et interrogés par la police parce qu’ils sont Noirs.
Pablo Michel, un jeune Afro-Cubain, me raconte qu’il a été détenu plusieurs fois par la police dans les zones touristiques de La Havane. À une occasion, il a conduit deux femmes, des touristes blanches, à l’aéroport de La Havane. La police l’a arrêté et l’a interrogé, le soupçonnant de diriger un service de taxi illégal. Il déclare que les Cubains Blancs qui emmènent des étrangers à l’aéroport « n’ont pas les mêmes problèmes ».
Pablo Michel et les autres personnes que j’ai interviewées affirment cependant que la police n’effectue pas de fouilles violentes et qu’elle ne passe pas à tabac les suspects, pas plus qu’elle ne leur tire dessus. Néanmoins, trop de policiers entretiennent des stéréotypes sur les Cubains à la peau sombre, les considérant volontiers comme des voleurs et des magouilleurs, souligne-t-il.
À la fin de l’année dernière, le gouvernement cubain a annoncé une importante campagne contre le racisme. Les responsables prévoient d’identifier des domaines spécifiques de discrimination, d’ouvrir un débat public et de sensibiliser la population.
« C’est un vrai pas en avant, après avoir combattu pendant tant d’années », a déclaré à Reuters en novembre dernier Deyni Terri, fondatrice de l’Alliance pour l’Unité des Races à La Havane. « C’est un bon début. »
De toute évidence, les institutions développées à Cuba ne peuvent pas simplement être transférées telles quelles aux États-Unis. Mais nous pouvons apprendre du concept de participation communautaire, explique Max Rameau, un organisateur du groupe populaire Action Communautaire Pan-Africaine basé à Washington, D.C.
« Nous avons besoin de différentes entités communautaires pour différentes tâches qui sont responsables de la sécurité et du bien-être du quartier », me déclare-t-il lors d’un entretien téléphonique. Par exemple, les groupes communautaires américains peuvent résoudre les problèmes de santé mentale et les conflits familiaux sans impliquer la police.
Mais Rameau ne soutient pas l’idée d’éliminer complètement la police.
Si un suprémaciste blanc attaquait une église noire, comme cela s’est produit en Caroline du Sud en 2015, dit-il, « Nous voulons nous assurer que notre équipe de sécurité communautaire peut répondre. Dans toute société avec différentes classes sociales, vous aurez des policiers. Mais nous devons avoir le contrôle sur eux. »
Le débat américain sur le maintien de l’ordre s’est nettement déplacé vers la gauche. Après le meurtre de Michael Brown par la police en 2014 à Ferguson, dans le Missouri, les politiciens ont demandé à la police de porter des caméras-piétons. Aujourd’hui, après le meurtre de George Floyd, le conseil municipal de Minneapolis a voté pour le démantèlement des forces de police, bien que les détails soient encore en cours de discussion.
Des groupes de lutte contre les violences policières ont élaboré divers plans pour décentraliser les services de police et les transformer en forces communautaires, régies par des commissions civiles.
Pour la première fois dans l’histoire récente, des personnes de tous horizons aux États-Unis discutent sérieusement de la manière de changer fondamentalement les forces de police. L’expérience de Cuba devrait faire partie de cette discussion.
source : https://progressive.org
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