vendredi 26 juin 2020

(Ce qui me fascine avec le changement climatique est que tout le monde s'en fout, mais, comme cela fait plaisir aux citoyens, on les laisse faire mumuse. Pendant ce temps, les grandes personnes peuvent continuer à traiter leurs affaires. note de rené)


Sourde à l'urgence climatique, la Chine mise sur le charbon pour relancer son économie


Alors que l'économie chinoise a connu sa première contraction en 40 ans au premier trimestre, en raison de la crise du coronavirus, les autorités délivrent, à un rythme effréné, des autorisations pour de nouvelles centrales. La Chine est déjà le principal producteur et consommateur mondial de charbon.

Publié le 25 juin 2020 à 10h27
Des mesures budgétaires et monétaires ciblées à destination des entreprises, pas de changement du principal taux directeur et… un « tsunami » de charbon. Face au choc économique engendré par le coronavirus, la Chine semble miser, plus que jamais, sur cette énergie fossile au coeur du processus du réchauffement climatique.
Depuis quelques mois, les demandes pour de nouvelles centrales prolifèrent à un rythme alarmant, montrent les données du Global Energy Monitor et du Centre for Research on Energy and Clean Air. Ces nouvelles infrastructures, qui ne sont encore qu'à l'état de projet (elles sont notamment soumises à l'aval des autorités) représenteraient une capacité de production de quelque 40 gigawatts (GW), un volume équivalent à la production totale de l'Afrique du Sud.
L'industrie est demandeuse, les autorités suivent. Depuis le 1er janvier, les projets de nouvelles centrales ayant obtenu une autorisation représentent une capacité de production de 17 GW. Soit plus que celles de 2018 et 2019 réunies (12 GW). La Chine, premier producteur et consommateur mondial de charbon, détient déjà près de la moitié de la capacité mondiale des centrales avec 1.000 GW, loin devant les Etats-Unis (259 GW) et l'Inde (221 GW).

Loin de Pékin

La demande chinoise pour le charbon n'a pourtant pas augmenté dans de telles proportions. « La résurgence de projets de centrales à charbon est le fruit d'une relance malavisée, pas d'un besoin accru d'énergie dérivée du charbon », notent les chercheurs du Global Energy Report.
Pour les autorités, ces projets sont autant de moyens de relancer une économie atone, qui a connu au premier trimestre sa première contraction depuis 40 ans (-6,8 % sur un an). Alors que le gouvernement central se refuse à prendre des mesures « bazooka » pour relancer la consommation et la production, la dynamique semble d'ailleurs se jouer au niveau des provinces, loin de Pékin.
« En juin, six ministres […] ont déclaré que les centrales ne devraient être construites qu'en fonction des besoins, avec la priorité donnée aux énergies propres. Ces prises de position montrent que le gouvernement central a pris note du boom récent et veut le freiner », note le Global Energy Report.

Contraste

La résurgence des projets de centrales intervient alors que la Chine enregistre des « progrès impressionnants » des niveaux de certains polluants dans l'atmosphère, notait il y a quelques mois une étude du Centre for Research on Energy and Clean Air. Pékin est engagé depuis 2013 dans une guerre contre la pollution mais entretient un rapport ambivalent à cette énergie fossile, entre nécessite de fournir de l'électricité à sa population et enjeux environnementaux.
Le pays est ainsi à rebours des autres signataires de l'accord de Paris de décembre 2015, et augmente chaque année sa capacité de production tout en modernisant son parc de centrales et en investissant massivement dans les énergies propres. La crise n'a fait qu'intensifier le contraste : en Europe et aux Etats-Unis, le coronavirus a au contraire favorisé le déclin du charbon.
Basile Dekonink

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