Les pays côtiers s’engagent à sauver les stocks de poissons de la Méditerranée
JEAN-JACQUES RÉGIBIER
VENDREDI, 31 MARS, 2017
HUMANITE.FR
Sous l’égide de la Commission européenne, les pays méditerranéens viennent de décider d’une série de mesures pour reconstituer et sauvegarder les ressources halieutiques de la Méditerranée au cours des dix prochaines années. Parmi celles-ci, le renforcement des plans de pêche et la lutte contre le braconnage.
Si l’on en croit le Commissaire européen chargé de la pêche, Karmenu Vella, cet accord marque un tournant dans la protection des poissons de la plus grande mer intérieure de la planète. « Aujourd’hui est un jour historique », n’a pas hésité à affirmer le socialiste maltais. Pratiquement tous les pays riverains de la Méditerranée ont signé cet accord ( sauf la Libye, Israël, la Syrie et l’Albanie ), mais aussi l’Union européenne en tant que telle, qui apporte sa tutelle et ses moyens pour tenter d’enrayer la chute vertigineuse des stocks de poissons méditerranéens. On estime que la plupart d’entre eux sont au bord de l’épuisement. Un constat qui résulte à la fois des études scientifiques et des signalements des pêcheurs qui capturent de moins en moins de poissons. 93% des stocks halieutiques observés sont surexploités. En tout, la Méditerranée abrite entre 10 000 et 12 000 espèces marines, mais cette riche biodiversité est menacée aussi bien par la pollution, que par le changement climatique et la surpêche. Si rien n’est fait, l’effondrement des stocks de poissons pourrait être irréversible, et la Méditerranée deviendrait une mer morte.
Depuis des années, des ONG, mais aussi de nombreux rapports internationaux, dénoncent ce risque. Greenpeace, par exemple, insiste pour que la protection des espèces ne soit pas uniquement envisagée en termes de sauvegarde des stocks de poissons, mais qu’on agisse pour la restauration globale des écosystèmes marins, car on ne peut pas isoler les poissons du milieu dans lequel ils vivent. Concernant cet aspect essentiel de la lutte pour la sauvegarde des espèces marines, on constate que rien n’est effectivement prévu dans l’accord signé jeudi à Malte, notamment sur le volet lutte contre la pollution.
Néanmoins, les pays riverains promettent de s’engager sur plusieurs axes :
- la collecte, d’ici à 2020, de données scientifiques permettant d’évaluer et de mieux comprendre les principales espèces de poissons méditerranéennes. Les petits pêcheurs seront associés à cette démarche.
- l’établissement de plans de gestion pluriannuels de toutes les pêcheries importantes, un mode de gestion des stocks contesté par Greenpeace, précisément parce qu’il ne prend pas en compte tous les aspects de l’écosystème.
- la lutte contre la pêche illégale, en veillant à ce que tous les états riverains disposent des moyens techniques et humains pour assurer leurs missions de contrôle, le but étant d’éradiquer la pêche illégale d’ici 2020.
- la priorité donnée à la petite pêche et aux communautés locales, en associant les pêcheurs à la protection de l’environnement.
Le secteur de la pêche emploie 300 000 personnes sur le pourtour méditerranéen, beaucoup plus si l’on compte les emplois indirects. 80% de la flotte de pêche est constituée de petits navires ( moins de 10 mètres ) pratiquant une pêche à petite échelle, qui assure un quart des captures totales ( ce qui veut dire que le secteur de la pêche industrielle en capture les ¾ .) Concilier la rentabilité des entreprises de pêche et la protection durable des espèces est un serpent de mer qui en Méditerranée s’est avéré jusqu’à maintenant intenable si l’on en juge par l’effondrement alarmant des stocks de poissons.
Privilégier la pêche artisanale et lutter efficacement contre la pêche illégale, constituent de bonnes pistes à condition que ces mesures s’accompagnent d’autres initiatives en matière de protection de l’environnement marin. La Méditerranée est la mer la plus polluée du monde. Pour ne prendre que l’exemple de la pollution par les hydrocarbures, due à la navigation, Greenpeace a établi que 100 000 à 150 000 tonnes de pétrole brut y sont déversé chaque année, ce qui représente 17% des rejets d’hydrocarbures déversés dans les océans du globe alors que la Méditerranée ne représente que 0,7% de la surface des mers. Même si la qualité des eaux s’est améliorée dans certains secteurs côtiers en raison des mesures prises par les grandes villes, le niveau global de la pollution - notamment par les PCB et les résidus de plastique - reste également très élevée.
(Il faut interdire la pêche industrielle en Méditerranée et avant tout la préserver de la pollution avant qu'elle ne se transforme définitivement en poubelle nauséabonde.. note de rené)
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