Agriculture : les Chinois lorgnent nos campagnes
Un groupe chinois a acheté 1 700 ha de terres agricoles dans l'Indre, sans que les autorités soient en mesure d'exercer un droit de contrôle.
Florian Maussion | | MAJ :
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Au début du mois d'avril, la Fédération nationale des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) a reconnu amèrement son impuissance face au rachat par un groupe chinois de 1 700 ha de terres agricoles dans l'Indre.
En un an, le hongkongais Hongyang, spécialisé dans la pétrochimie, a en effet acquis trois exploitations sur les communes de Clion, Châtillon et Vendœuvres. Le groupe approche les agriculteurs en difficulté, les encourage à transformer leur exploitation en société anonyme avant d'en racheter 98 ou 99 % des parts, au nez et à la barbe de la Safer locale. Or cette dernière ne peut exercer son droit de préemption que si l'intégralité de l'exploitation est vendue : une faille juridique dans laquelle Hongyang s'est engouffré.
Et le groupe est loin d'avoir fini son marché. « Ils s'apprêtent à signer pour 150 ha supplémentaires et ils sont en discussion pour 400 ha à Anjouin, dans le nord du département, alerte Hervé Coupeau, président de la FDSEA dans l'Indre. Ils ont annoncé vouloir acheter 10 000 ha, et vu le prix auquel ils rachètent les terrains... » Car c'est l'autre aspect de la tactique chinoise : racheter les terres bien au-dessus des prix du marché, dans une région où l'hectare vaut environ 4 000 €. « Les vendeurs nous parlent d'un prix d'achat entre 8 000 et 12 000 € l'hectare », s'indigne Hervé Coupeau. « Un tel prix déstabilise le système de valeurs qui permet aux agriculteurs de devenir propriétaires, et c'est malheureusement légal aujourd'hui », regrette pour sa part Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des Safer.
La méthode a surpris tout le monde. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a d'abord déclaré vouloir « comprendre », avant d'annoncer la mise en place d'une mission « pour qu'on sache comment faire pour que les Safer puissent empêcher que cela se reproduise ailleurs ».
Car l'urgence est bien là. « Les multinationales de l'agroalimentaire et la grande distribution sont à l'affût. Nous avons déjà répondu négativement à des groupes français intéressés par le foncier agricole, souligne Emmanuel Hyest. Le visage de l'agriculture française pourrait changer en profondeur, et c'est un vrai danger pour notre autonomie alimentaire. » Contrer cette offensive est désormais une priorité. « Il faut élargir les pouvoirs des Safer en matière de préemption, ou revoir la loi. Nous nous dirigeons vers cette deuxième option », conclut Emmanuel Hyest. De quoi délier les mains des pouvoirs publics français pour le contrôle de leur propre territoire.
VIDEO. L'étrange appétit d'un investisseur chinois pour des terres dans le Berry
Et le groupe est loin d'avoir fini son marché. « Ils s'apprêtent à signer pour 150 ha supplémentaires et ils sont en discussion pour 400 ha à Anjouin, dans le nord du département, alerte Hervé Coupeau, président de la FDSEA dans l'Indre. Ils ont annoncé vouloir acheter 10 000 ha, et vu le prix auquel ils rachètent les terrains... » Car c'est l'autre aspect de la tactique chinoise : racheter les terres bien au-dessus des prix du marché, dans une région où l'hectare vaut environ 4 000 €. « Les vendeurs nous parlent d'un prix d'achat entre 8 000 et 12 000 € l'hectare », s'indigne Hervé Coupeau. « Un tel prix déstabilise le système de valeurs qui permet aux agriculteurs de devenir propriétaires, et c'est malheureusement légal aujourd'hui », regrette pour sa part Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des Safer.
La méthode a surpris tout le monde. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a d'abord déclaré vouloir « comprendre », avant d'annoncer la mise en place d'une mission « pour qu'on sache comment faire pour que les Safer puissent empêcher que cela se reproduise ailleurs ».
Car l'urgence est bien là. « Les multinationales de l'agroalimentaire et la grande distribution sont à l'affût. Nous avons déjà répondu négativement à des groupes français intéressés par le foncier agricole, souligne Emmanuel Hyest. Le visage de l'agriculture française pourrait changer en profondeur, et c'est un vrai danger pour notre autonomie alimentaire. » Contrer cette offensive est désormais une priorité. « Il faut élargir les pouvoirs des Safer en matière de préemption, ou revoir la loi. Nous nous dirigeons vers cette deuxième option », conclut Emmanuel Hyest. De quoi délier les mains des pouvoirs publics français pour le contrôle de leur propre territoire.
VIDEO. L'étrange appétit d'un investisseur chinois pour des terres dans le Berry
« Le bœuf et le lait leur font défaut »
Thierry Pouch, de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture à Paris (Apca).
Cet expert en géopolitique agricole, chef du service des études économiques de l'Apca, analyse l'arrivée d'investisseurs chinois dans les campagnes françaises.
Pourquoi les Chinois achètent-ils des terres agricoles à l'étranger ?
La Chine a de plus en plus de mal à satisfaire les besoins de sa population. Elle importe massivement des produits agricoles mais cela la rend dépendante des marchés étrangers. Elle investit donc dans le foncier agricole partout dans le monde, d'abord en Afrique et en Amérique latine, et désormais en Australie et en France.
Que peuvent leur apporter les terres françaises ?
Les Chinois s'intéressent aux produits qui leur font défaut, comme le bœuf et le lait. Pour y avoir accès, ils investissent dans le foncier des pays développés. En France, l'achat de terres est la continuité des investissements dans les usines de lait en poudre en Bretagne par exemple. Après la production, ils se tournent vers le foncier pour maîtriser toute la chaîne et sécuriser leurs approvisionnements.
Mais pourquoi payer si cher ?
Le foncier agricole devient un objet de convoitise à l'échelle mondiale. Comme pour le pétrole hier, les grandes puissances sont aujourd'hui engagées dans un conflit latent pour la maîtrise des ressources naturelles et des terres cultivables. En matière d'achat de foncier à l'étranger, la Chine n'est que la quatrième nation la plus active, derrière la Malaisie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Nous ne savons pas quelles seront les conséquences d'un passage de notre foncier agricole entre des mains étrangères.
Thierry Pouch, de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture à Paris (Apca).
Cet expert en géopolitique agricole, chef du service des études économiques de l'Apca, analyse l'arrivée d'investisseurs chinois dans les campagnes françaises.
Pourquoi les Chinois achètent-ils des terres agricoles à l'étranger ?
La Chine a de plus en plus de mal à satisfaire les besoins de sa population. Elle importe massivement des produits agricoles mais cela la rend dépendante des marchés étrangers. Elle investit donc dans le foncier agricole partout dans le monde, d'abord en Afrique et en Amérique latine, et désormais en Australie et en France.
Que peuvent leur apporter les terres françaises ?
Les Chinois s'intéressent aux produits qui leur font défaut, comme le bœuf et le lait. Pour y avoir accès, ils investissent dans le foncier des pays développés. En France, l'achat de terres est la continuité des investissements dans les usines de lait en poudre en Bretagne par exemple. Après la production, ils se tournent vers le foncier pour maîtriser toute la chaîne et sécuriser leurs approvisionnements.
Mais pourquoi payer si cher ?
Le foncier agricole devient un objet de convoitise à l'échelle mondiale. Comme pour le pétrole hier, les grandes puissances sont aujourd'hui engagées dans un conflit latent pour la maîtrise des ressources naturelles et des terres cultivables. En matière d'achat de foncier à l'étranger, la Chine n'est que la quatrième nation la plus active, derrière la Malaisie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Nous ne savons pas quelles seront les conséquences d'un passage de notre foncier agricole entre des mains étrangères.
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(Normal, ils achètent des centaines de milliers d'hectares en Ethiopie et PAF, c'est la sécheresse, faut mieux aller dans le Berry en France, il pleut tellement que les légumes des maraîchers pourrissent sur pieds ! note de rené)
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