(Voter avec la Russie et la Corée du nord, original pour les USA. Mais qu'est-ce que cela veut dire, qu'on va vers une ère de paix et de prospérité, sérieux ? Je suis tellement méfiant que je vais attendre que J.D vance soit président pour y croire. note de rené)
À l'ONU, les États-Unis votent avec la Russie, refusant de soutenir l'Ukraine
Lors de sa visite à la Maison-Blanche lundi, le président français Emmanuel Macron a annoncé l’envoi de troupes de maintien de paix en Ukraine.
AFP/OLJ / le 25 février 2025 à 09h56 , mis à jour à 13:56
L'ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea, lors d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU sur la guerre en Ukraine, le 24 février 2025 à New York. Michael M. Santiago/Getty Images/AFP
C’est un scrutin inédit. Et qui marque la volte-face de la politique américaine par rapport à la guerre en Ukraine suite à l’élection de Donald Trump. Lors d’un vote à l’Assemblée générale de l’ONU lundi concernant une résolution proposée par Kiev sur le conflit, Washington s’est retrouvé en opposition au texte, aux côtés de la Russie, la Biélorussie, le Mali, la Hongrie, ou encore la Corée du Nord. De quoi contredire les déclarations du président français Emmanuel Macron, qui se trouvait à la Maison-Blanche pour convaincre son homologue américain de ne pas lâcher l’Ukraine et les Européens au troisième anniversaire de l’invasion russe ? « Les Etats-Unis et la France ont toujours été du même côté ; je dirais du bon côté de l’Histoire », avait déclaré le chef de l’Etat français. Le fossé semble néanmoins se creuser entre la première puissance mondiale et le Vieux continent, soucieux de ne pas laisser la Russie sortir complètement victorieuse de son invasion de l’Ukraine il y a trois ans.
« Les Etats-Unis prennent une position beaucoup plus équilibrée, qui aide véritablement les efforts visant à résoudre le conflit en Ukraine », s’est félicité le porte-parole du Kremlin, Dimitry Peskov, alors que Washington a proposé une résolution alternative poussant pour une paix rapide mais qui refusait de blâmer Moscou pour la guerre et omettait de mentionner la défense des frontières de l’Ukraine. Ces derniers jours, Donald Trump a multiplié les invectives contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, traité de « dictateur » et qu’il a accusé d’être responsable de la guerre. Les deux dirigeants sont en outre en discussion pour conclure un accord sur l’exploitation des minerais ukrainiennes, dont les Etats-Unis réclamaient 50% des revenus sans garanties sécuritaires, ouvrant la voie à des négociations ardues. Alors que Washington exclut pour le moment l’Ukraine de la table des négociations pour traiter directement avec la Russie, le texte très court présenté à l’ONU demandait « instamment qu'il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable ».
Rejetée par une majorité de pays membres en l’état, la résolution américaine a finalement été adoptée avec des amendements mis sur la table par des pays européens, se rapprochant du texte proposé par l’Ukraine et voté juste avant à 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur 193 Etats membres. Largement modifiée par plusieurs amendements, la résolution proposée par les Etats-Unis - qui se sont finalement abstenus de voter - a fini par clairement pointer du doigt la Russie pour ce conflit, affirmant son attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclamant une « paix juste ». Le texte modifié a été adopté par 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions. Depuis l’invasion russe de son voisin, l’Assemblée générale de l’ONU a toujours voté à majorité en faveur de l’Ukraine, bien que de nombreux pays se soient abstenus pour éviter de froisser leurs partenaires. Les représentants d'une trentaine d'alliés de l'Ukraine ont salué « le message fort » de l'Assemblée. « Toute paix qui risque de récompenser l'agression augmente le risque que n'importe quel pays dans le monde subisse une agression similaire », ont-ils insisté, évoquant la menace d'un « précédent ».
Les Etats-Unis « fiers »
Reste que le texte américain a été adopté plus tard dans la journée de lundi au Conseil de sécurité de l’ONU après le rejet de tous les amendements proposés par la France, la Slovénie, la Grèce, le Danemark et le Royaume-Uni pour introduire une référence à l'agression russe et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, avec 10 votes pour et 5 abstentions (de ces mêmes pays européens), Paris et Londres n’ayant pas utilisé leur droit de veto. Une première depuis le début de la guerre, alors que la Russie y a un droit de véto. « Nous sommes fiers que le Conseil de sécurité » ait adopté « un accord historique, un jalon, le premier en trois ans », a salué l'ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea. « Cette résolution représente un chemin vers la paix », « ce n'est pas un accord de paix qui coûte quoi que ce soit », a-t-elle également justifié.
« Cette guerre est illégale, une violation claire de la Charte de l'ONU et une menace pour les principes fondateurs de l'ONU. Personne ne veut la paix plus que l'Ukraine, mais les termes de cette paix ont leur importance », a pour sa part commenté l'ambassadrice britannique Barbara Woodward. « L'UE a quand même enregistré une victoire morale à l'Assemblée », a noté Richard Gowan, de l'International Crisis Group. Mais les diplomates européens vont sûrement s'inquiéter que la Russie et les Etats-Unis dirigent d'autres résolutions sur l'Ukraine vers le Conseil de sécurité, y compris pour soutenir un éventuel accord concocté par Trump et Poutine.
Les Européens courtisent Trump
La visite d’Emmanuel Macron à la Maison-Blanche semblait pourtant bien partie pour trouver un terrain d’entente sur le dossier ukrainien. Le président français a échangé une longue poignée de main avec Donald Trump à son arrivée, tandis que les deux ont été filmés en train de se faire un « fist bump » dans le Bureau ovale tout en rigolant aux larmes avant que le président français pose dans l’action sa main sur le genou de son hôte. « Le président Macron est une personne très spéciale pour moi », a déclaré le locataire de la Maison-Blanche, avant que son invité ne confirme : « Nous sommes des amis ». Mais le fond du dossier a laissé voir des divergences profondes entre les deux hommes et leurs politiques. Au moment où plusieurs dirigeants européens se dirigeaient vers Kiev pour afficher leur soutien à l’Ukraine au troisième anniversaire de l’invasion russe, le chef de l’Etat américain réitérait sa volonté de conclure des « deals », y compris avec Moscou.
Sur la question des compensations possibles pour les Etats-Unis suite aux milliards d’aide alloués à l’Ukraine, Donald Trump a lancé une pique à son homologue français, insinuant que l’argent dépensé par les Européens l’avait été sous forme de prêt, et qu’il leur serait rendu. Une déclaration qu’Emmanuel Macron a tenu à corriger. « En réalité, pour être franc, nous avons payé. Nous avons payé 60% de l’effort total », a-t-il commencé alors que son hôte agitait la main face aux journalistes en signe de désaccord, et rétorquait : « Si vous croyez cela, c’est ok de mon côté. Mais ils vont récupérer leur argent, nous pas. »
Conscient que les Etats-Unis entendent suspendre leur effort de guerre par rapport à Kiev, Paris a affirmé que l’Europe était prête à « renforcer » ses capacités de défense, tout en remettant sur le tapis une proposition d’envoyer des troupes de maintien de la paix en Ukraine une fois un accord de cessez-le-feu signé. Une idée qui serait acceptée par le président russe Vladimir Poutine, selon la Maison-Blanche. Ce dernier aurait en outre déclaré lundi que les Européens étaient attendus à la table des négociations, mais dans un second temps, une fois que le niveau de confiance entre les Etats-Unis et la Russie se sera amélioré. Jeudi, c’est le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui sera reçu à la Maison-Blanche, sans beaucoup plus d’espoir qu’il pourra convaincre Donald Trump du bien-fondé du soutien américain à l’Ukraine.
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