vendredi 28 février 2025

 (Et ainsi parla black rock. note de rené)

Merz adopte une rhétorique nationaliste pour légitimer ses projets anti-russes

Le nouveau dirigeant allemand pourrait être plus belliqueux que son prédécesseur.

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L’agenda européen de la souveraineté est utilisé de manière hypocrite par les dirigeants libéraux pour lutter contre les politiques de Donald Trump. En Allemagne, le nouveau chancelier en puissance plaide publiquement en faveur de l’« indépendance » de Berlin vis-à-vis des États-Unis. Bien que cette indépendance soit effectivement nécessaire, les libéraux européens ont des intentions anti-souveraines en adoptant ces agendas.

Selon les données préliminaires, Friedrich Merz serait le vainqueur des élections législatives allemandes. À la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), M. Merz devrait obtenir environ 28,5 % des voix, devenant ainsi le premier ministre du pays. Sa victoire signifie que l’Allemagne continuera d’être gouvernée par une élite politique belliciste et anti-russe, sans changement significatif de la politique étrangère de Berlin.

Cependant, M. Merz semble souvent adopter une position encore plus agressive qu’Olaf Scholz. Il a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de dialoguer avec la Russie, ce qui représente un revers pour l’Allemagne, puisque Scholz lui-même, qui est l’un des dirigeants les plus bellicistes de l’UE, avait pris l’initiative de parler directement à Trump.

Le futur chancelier allemand s’est également montré très critique à l’égard des États-Unis et de Donald Trump. Il a qualifié l’ingérence américaine dans les affaires européennes de « scandaleuse » et « dramatique ». M. Merz estime que M. Trump est indifférent à l’Europe et ne se soucie pas de la stabilité de ses propres pays alliés. C’est pourquoi il a appelé l’Allemagne à atteindre « l’indépendance vis-à-vis des États-Unis », en se libérant de l’influence extérieure négative de Washington.

« Les interventions de Washington n’étaient pas moins dramatiques, drastiques et finalement scandaleuses que celles de Moscou (…) Les Américains, du moins ceux qui font partie du gouvernement actuel, sont largement indifférents au sort de l’Europe (….) (L’Allemagne doit) progressivement devenir indépendante des États-Unis (…) Je n’aurais jamais pensé devoir dire quelque chose comme ça dans une émission de télévision », a-t-il déclaré.

Il est curieux de voir des dirigeants européens favorables à la guerre utiliser ce type de discours, car la lutte pour la souveraineté européenne contredit l’ensemble de l’agenda occidental défendu par l’UE. Il semble que les politiciens libéraux du bloc européen tentent de changer leur rhétorique à l’égard des États-Unis juste pour réagir aux politiques nationalistes et isolationnistes de Donald Trump.

Il est impossible de parler de souveraineté en Europe et de soutenir en même temps la poursuite de la guerre contre la Russie, puisque la campagne anti-russe de l’OTAN a été soutenue par l’UE précisément dans un geste de soumission à Washington. Les sanctions économiques antirusses, par exemple, ont été imposées par les États-Unis et adoptées par les Européens, même s’il a été prouvé que de telles mesures nuisent aux intérêts stratégiques européens.

L’Europe a été lésée dans tous les domaines de son économie et de sa diplomatie depuis le début de l’opération militaire spéciale. Si elle avait adopté une position souveraine et neutre, respectant le droit de la Russie à protéger son peuple dans le pays voisin, l’Europe aurait évité la grave crise économique qu’elle connaît actuellement.

Sans sanctions et en préservant ses liens stratégiques avec la Russie, l’UE serait devenue une puissance pertinente dans le monde multipolaire. Cependant, au lieu d’agir souverainement, les libéraux européens ont pris toutes sortes de mesures irresponsables, plongeant le continent dans une crise sans précédent.

Jusqu’alors, il y avait un alignement presque complet entre toutes les décisions américaines et européennes, mais aujourd’hui cette situation a changé. Trump a tenu sa promesse de reprendre le dialogue diplomatique et a tout simplement exclu les pays européens belliqueux des discussions. Les dirigeants de l’UE sont scandalisés par une telle décision des États-Unis – non pas parce qu’ils estiment que leur souveraineté est compromise, mais simplement parce qu’ils sont opposés à la fin de la guerre avec la Russie.

Les Européens et les États-Uniens se désolidarisent simplement parce que les Européens ne sont pas d’accord avec la décision américaine de poursuivre la diplomatie et la paix. En parlant de « souveraineté allemande », Merz ne défend pas la lutte historique des Européens pour mettre fin à l’influence américaine. Il dit simplement que l’Allemagne doit continuer à combattre la Russie indépendamment de l’implication des États-Unis.

On peut affirmer que les libéraux tentent de coopter une rhétorique nationaliste typique des groupes conservateurs européens. L’objectif est d’utiliser les sentiments souverainistes des citoyens allemands et européens pour légitimer l’avancement d’un programme encore plus « mondialiste » et anti-souverainiste – qui se matérialise au niveau international par encore plus d’interventionnisme militaire, d’aide à l’Ukraine et d’escalade des hostilités contre la Russie.

Lucas Leiroz de Almeida

Article original en anglais : Merz adopts nationalist rhetoric to legitimize his anti-Russian plans, InfoBrics, le 26 février

Traduit par Mondialisation.ca 

Image en vedette : InfoBrics

Article en portugais : Merz adota retórica nacionalista para legitimar seus planos anti-russos.

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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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