par Charles André Legrand
Un article paru le 15 novembre dans un quotidien régional rémois expose la formation de soldats ukrainiens en France. Extraits :
Les faits :
2000 soldats tout juste mobilisés sont en formation depuis septembre 2024 dans les camps de Champagne, encadrés par 1700 militaires français, la «Task Force Champagne». (nota : Il s’agit des champs de manœuvres militaires situés dans les terres calcaires arides de la Marne, la Champagne Pouilleuse).
En se rendant dans la Marne le 9 octobre dernier, Emmanuel Macron avait levé un pan du voile qui recouvrait cette formation inédite.
Hier, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, accompagné de son homologue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sont venus assister à des exercices marquant la fin des 9 semaines de formation des militaires ukrainiens.
Cela a permis de rappeler l’engagement constant de la France auprès de l’Ukraine, qui va se poursuivre, alors que l’élection de Donald Trump rend bien incertaine la politique américaine en la matière.
Dans quelques semaines, ces hommes seront sur la ligne de front en Ukraine…
«L’engagement au combat» comme le nomment les officiers français, c’est demain ou presque pour 2000 Ukrainiens dont 1800 n’en connaissent pas même les rudiments…
Après 1 mois de formation initiale dans leur pays… cette brigade interarmées «155 Anne de Kyiv» (nom russe), réalise actuellement son exercice final.
«C’est 14-18 avec des drones»
À tour de rôle, les 3 bataillons (qui regroupent des hommes du génie, de l’infanterie, comme de l’artillerie), doivent, pendant 36 heures, repousser les assauts d’un ennemi. Soit la situation en Ukraine où la ligne de front bouge peu… «C’est 14-18 avec des drones», résument les officiers formateurs français en désignant les 1400 mètres de tranchées creusées dans le camp, la boue, les fumigènes, la fatigue, le stress, le bruit et les coups de feu.
Pour 90% des membres de cette brigade, la moyenne d’âge frôle les 40 ans… Le sourire, il faut le chercher chez les «vétérans», ceux qui «ont fait 2014» … dans le sud-est de l’Ukraine.
Devant un des fameux canons Caesar, qui fait la fierté de l’industrie de l’armement tricolore, Nazari, qui commande la partie artillerie, estime que ses hommes «sont prêts à partir au front pour exécuter les ordres». Petrov, lui, rigole en comparant le Caesar avec les pièces d’artillerie de l’époque soviétique dont son pays était doté jusque-là. «Nous sommes passés de la hache au scalpel».
En plus de former de manière simultanée une brigade avec différents métiers d’arme (infanterie, génie, artillerie, reconnaissance, état-major, maintenance et logistique) au combat, le matériel sur lequel ces 2000 Ukrainiens sont formés, ils le retrouveront au front. Un train déjà chargé de 128 VAB (Véhicule de l’Avant Blindé) doit partir dans les prochains jours du camp, direction l’Ukraine.
Suivront, toujours gratuitement fournis par la France, 18 canons Caesar, des chars AMX 10 RCR, des engins de défense aérienne Mistral, des Milan lance-missile anti-char, des véhicules de logistique, des radars, des fusils de précision FRF2… «De quoi équiper une unité opérationnelle pouvant tenir le choc violent avec un ennemi», décrit un officier français. Accompagnés de 300 «mentors», des officiers ukrainiens chevronnés, les 2000 hommes formés «adaptent et utilisent différemment les VAB et les AMX car leurs besoins sont différents des nôtres mais la mayonnaise prend», commente un général français dont les hommes ne sont plus habitués à ces combats très statiques.
«Quand nous allons engager les combats, nous allons leur montrer notre niveau. Cela va nous emmener à la victoire !» clame, bravache, le colonel Dmytrio qui, à 38 ans, va diriger cette brigade montée en un temps record. «Nos amis français nous ont transmis leur énergie. Notre motivation se résume par le slogan de Verdun en 14-18 : ils ne passeront pas !» assure l’officier Ukrainien. En meneur d’homme, Dmytrio peaufine devant les journalistes français le discours qu’il va tenir à sa brigade : «C’est une guerre de survivance ! Si nous perdons, nous ne serons plus rien. Nos soldats vont se battre pour le pays et leur famille. Nous gagnerons !»
Pourquoi la France apporte son soutien à l’Ukraine
1700 militaires français mobilisés depuis septembre, de nombreux matériels donnés : l’opération de formation des 2000 Ukrainiens de la Brigade155, Anne de Kviv, constitue un gros effort de la France. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, en visite dans la Marne ce jeudi, ont expliqué les raisons de cet engagement.
Disponibles pour répondre aux besoins de l’Ukraine
«Cette mission permet de marquer l’endurance du soutien de la France envers l’Ukraine», a souligné Sébastien Lecornu. «Le matériel et les sommes en milliards d’euros n’ont aucun effet tactique ou stratégique sur le front. À l’inverse, des unités de combat constituées, avec une doctrine d’armée, c’est tactique et stratégique. Comme l’Ukraine a besoin de régénérer ses forces après 1000 jours de combat de légitime défense mais également demain de réassurance et de protection de la souveraineté de l’Ukraine, le besoin, selon eux, est d’une quinzaine de brigades. C’est donc considérable. Quoiqu’il arrive, l’armée ukrainienne va avoir d’importants besoins en hommes formés dans les années qui arrivent. Nous pouvons le faire car la loi de programmation militaire (413 milliards d’euros pour la période 2024-2030, NDLR) nous permet d’acheter beaucoup de matériels neufs, donc de rénover les anciens pour les fournir à l’Ukraine, en plus de pouvoir consacrer 1700 de nos militaires pendant 3 mois à cette tâche».
Rayonnement de la France
«À travers cette opération inédite, notre souhait est d’emmener d’autres partenaires européens dans ce type de formation. L’Union européenne participe d’ailleurs à son financement». Sébastien Lecornu a aussi admis que cet engagement permet «à la France de se positionner après avoir délaissé un peu l’Ukraine dans les années 2000. Là, on a créé une intimité par le terrain avec des équipements français et cela défend notre rayonnement international».
Géopolitique
Jean-Noël Barrot a d’abord torpillé Vladimir Poutine. «C’est son échec, les offensives russes se brisent sur la résistance ukrainienne qui plie mais ne rompt pas. La Russie est aujourd’hui obligée de s’agenouiller devant la Corée du Nord pour avoir des troupes qu’elle n’arrive plus à mobiliser chez elle !» Le ministre des Affaires étrangères a aussi rappelé que le président russe est sous le coup d’un mandat d’arrêt du tribunal pénal international pour crimes de guerre.
«1000 jours après le début de cette guerre, la France et l’Europe soutiennent l’Ukraine comme depuis le premier jour avec constance, détermination et endurance», a estimé Jean-Noël Barrot, rappelant les sommes consacrées et les 60 000 soldats formés en Europe (dont 15 000 par la France). «La responsabilité de la France, de l’Europe et des alliés de l’Ukraine, c’est de leur permettre, au moment et dans les conditions qu’ils jugeront pertinentes, d’entrer dans les négociations de paix en position de force».
Et puis, le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis en janvier prochain pousse le ministre français à prévenir : «Les Ukrainiens se battent pour leur liberté et l’intégrité de leur pays, mais aussi pour assurer la sécurité du continent. Abandonner aujourd’hui les Ukrainiens consacrerait la loi du plus fort, précipiterait le droit international dans le chaos, avec des conséquences très lourdes en France et pour le reste du monde».
D’autres formations à venir ?
«Je me tiens prêt à pouvoir le faire si le président de la République le décide». Le doigt sur la couture, Sébastien Lecornu envisage de monter une nouvelle opération formation de ce type pour les soldats ukrainiens. «J’organise les choses afin que nous ayons de l’endurance dans notre soutien à l’Ukraine. C’est même l’intérêt de la France que de pouvoir proposer une nouvelle formation. Oui, nous allons le faire. Après, l’Ukraine a-t-elle la capacité d’envoyer à nouveau en France 2000 hommes en une seule fois sur une période donnée pour constituer une seule unité ?»
Mon commentaire
J’ai laissé de côté les tirades romantiques (les visages aux yeux bleus, etc.).
La France s’implique pour une guerre longue en Ukraine. Je relève les points qui dénotent une inversion de la réalité :
Trump a été clair : il veut la paix en Ukraine. Il convient de ne pas traiter Poutine en agresseur, c’est oublier les 14 000 morts dans le Donbass avant le 22 février 2024.
Un train chargé de matériels est en partance. Il va certainement être accueilli à ailes ouvertes par l’artillerie et l’aviation russes. Il n’ira probablement pas plus loin que la Pologne.
L’officier ukrainien : «C’est une guerre de survivance». L’avancée de l’OTAN est une menace existentielle pour la Russie, Poutine l’a dit et répété dès avant le 22 février 2024. La question existentielle s’est retournée contre les agresseurs, de la même façon que les «sanctions» économiques contre la Russie n’ont fait de tort qu’à nous-mêmes.
Les militaires jugeront de la pertinence de l’utilisation de la loi de programmation militaire 2024-2030.
«Le rayonnement international de la France» ! Sans commentaire…
«L’Ukraine a besoin de régénérer ses forces après 1000 jours de combat de légitime défense … et de protection de la souveraineté de l’Ukraine». Depuis 2014, elle a abandonné sa souveraineté aux USA. Besoin d’une quinzaine de brigades : cela fait 30 000 hommes. Ils en ont consommés 20 000 dans l’attaque suicidaire de Koursk. Après les hommes, jeunes et vieux, ils recrutent les femmes et bientôt les ados. Ceux qui le peuvent émigrent. D’autres se rendent, d’autres désertent (et sont liquidés).
Trump abandonne l’Ukraine à son sort de perdante. Les territoires perdus ont voté leur indépendance et leur rattachement à la Fédération de Russie par référendums (3 en Crimée depuis 1991), ils ne retourneront jamais plus à l’Ukraine, ne serait-ce qu’en raison des exactions commises depuis 2014 par les néo-nazis dans le Donbass.
«Torpillage» de Vladimir Poutine : La Russie n’a pas besoin de la Corée du Nord pour vaincre l’Ukraine : la guerre était perdue depuis le printemps 2022. C’est l’entêtement de l’Occident dans le déni et le mensonge qui a fait durer cette guerre complètement insensée. L’accusation de Poutine de crimes de guerre, en d’autres temps serait risible. Aujourd’hui, elle fait partie de la montagne d’ignominies qui caractérisent l’occident anglo-saxon et maintenant, européen. Par quel miracle l’Ukraine pourrait-elle entrer en négociation avec la Russie en position de force ? Zelensky a fait passer une loi qui interdit à l’Ukraine de négocier avec Poutine ! Zelensky est devenu hors-jeu.
Dernier paragraphe de la partie «géopolitique» : L’Ukraine est une dictature sous Zelensky qui n’est plus rien : son mandat électoral est échu. Selon Macron : «la dictature, c’est quand il n’y a pas d’élections» : nous y sommes. C’est l’occident qui bafoue le droit international. L’avancée dans le monde multipolaire avec l’organisation des BRICS est la noble entreprise destinée à le restaurer. C’est sûr que la défaite de l’Ukraine et de l’Occident qui s’en sert ne sera pas sans conséquences pour la France et le reste du monde (comprendre le monde occidental). Malheureusement, les conséquences de cette gabegie sont déjà vivement ressenties par les peuples qui sont toujours les victimes.
Dernier point : bien que j’aie sympathisé avec des journalistes de ce quotidien régional, je n’ai pas obtenu de place pour un article au sujet de la parution de mon livre :
«La guerre en Ukraine – Un dôme de mensonges au-dessus d’un gouffre d’horreurs», chez «Les Trois Colonnes»
Le contraire eut été surprenant. La ligne éditoriale est franchement atlantiste.
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