(J'aime bien les polonais, une Allemagne affaiblie à sa frontière est un gage de sécurité pour elle, même dans le cadre bucolique de l'union européenne. note de rené)
Brèves de Russie
par Denys Pluvinage.
Forum Armée-2022
Le forum international militaro-technique Armée-2022, organisé par le ministère russe de la Défense s’est terminé en fin de semaine dernière. Dans un entretien donné à la chaîne Rossiya-1 en marge du forum, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou a fait quelques annonces remarquées : « Nous commençons la production en série du missile (hypersonique) Zircon. En fait, nous l’avons déjà mis en service, et il sera en dotation dès cette année ». Il a souligné que la production de systèmes d’armes avancés, y compris les missiles lourds Sarmat, était inclue dans les contrats signés lors du forum Armée-2022. « Quant aux missiles Kinjal, leur production sera bien sûr poursuivie ».
Fournitures de gaz à l’Europe
Déclaration de Dimitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité, à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à la chaîne française LCI : « Nous sommes prêts à fournir du gaz dans les quantités prévues aux différents contrats, même maintenant. Cependant, cela dépendra certainement de la position des pays européens. Si nos mains sont liées, si les paiements sont interdits ou si la livraison de turbines réparées ou le lancement de Nord Stream 2 sont rejetés, alors les fournitures de ce type ne seront probablement pas dans les volumes que les pays occidentaux attendent ».
Les prix du gaz en Europe continuent d’augmenter parce que les acteurs du marché sont sous pression depuis un certain temps en raison des risques de suspension complète de Nord Stream 1, a expliqué Dmitry Alexandrov, chef de la recherche analytique de la société d’investissement « Iva Partners ». L’Europe n’a pas d’alternative au gazoduc russe, a souligné Natalya Milchakova, analyste en chef chez « Freedom Finance Global ». En particulier, l’Allemagne n’a pas réussi à signer un contrat avec le Qatar pour des livraisons de GNL, car l’exigence de Doha d’un accord de 20 ans était inacceptable pour Berlin. Quant aux États-Unis, ils ne sont capables de fournir que de très petites quantités de GNL à l’Europe, principalement à l’Espagne et au Portugal qui ne reçoivent pas de gaz russe par gazoduc, a ajouté l’experte. Selon Natalya Milchakova, la seule option possible pour l’UE est de lancer le gazoduc Nord Stream 2. C’est ce qui fera baisser considérablement les prix du gaz en Europe, a déclaré l’analyste.
Le quotidien russe « Kommersant » cite les estimations des compagnies gazières allemandes selon lesquelles leurs pertes cumulées entre le 1er octobre 2022 et le 1er avril 2024 s’élèveraient à 32 milliards d’euros. Alexey Grivach, directeur général adjoint du « Fonds national de sécurité énergétique », a déclaré au quotidien « Vedomosti » qu’avant la crise énergétique, cette somme pouvait couvrir la totalité de la consommation de gaz de l’Allemagne pendant 18 à 24 mois. Et la perte pour les importateurs de gaz allemands pourrait être plus lourde, a-t-il prévenu, puisque le gaz se vendait entre 1000 et 1500 dollars pour 1000 mètres cubes. « Nous assistons à une hausse des prix spot, il est donc impossible d’évaluer les pertes potentielles », a-t-il souligné. Bien qu’un arrêt de trois jours (pour la maintenance de Portovaya) ne priverait l’UE que de 100 millions de mètres cubes de gaz, ce qui, selon lui, est peu, il s’agit du dernier signal indiquant que la sécurité énergétique de l’ensemble de l’UE pourrait être mise en cause par des décisions politiques, a conclu l’analyste. Pavel Ikkert, associé directeur du cabinet d’avocats « Ikkert & Partners », estime, de son côté, que même si le recours à des sanctions peut entraver la maintenance de la turbine à Portovaya, l’UE ne souhaite pas recourir à des restrictions. Cependant, le retour de la turbine d’Allemagne en Russie est déjà devenu une question plus compliquée et nécessiterait des décisions politiques de la part de l’Union, a déclaré l’avocat.
Le président polonais Andrzej Duda a, de nouveau, demandé récemment que le gazoduc Nord Stream 2 soit mis hors service. En Allemagne, le parti social-démocrate au pouvoir a déclaré au quotidien « Izvestia » qu’il n’y a actuellement aucune discussion sérieuse en Allemagne sur la possibilité de démanteler Nord Stream 2. L’Allemagne, au contraire, affirme de temps à autre la nécessité de poursuivre le projet pendant un certain temps pour surmonter la crise énergétique. Les experts interrogés par « Izvestia » pensent que Berlin n’ira pas de toute façon vers la déconstruction du gazoduc en raison de difficultés techniques et juridiques. Timon Gremmels, coordinateur pour la politique énergétique de la faction du parti social-démocrate au Bundestag, a déclaré de son côté à « Izvestia » que le gouvernement fédéral ne discutait pas sérieusement de l’arrêt du projet. Toutefois, il a déclaré qu’en raison de la situation actuelle, le projet ne serait pas mis en service avant une période indéfinie. Igor Yushkov, analyste principal au « Fonds national de sécurité énergétique », a déclaré à « Izvestia » que l’Allemagne n’accepterait pas d’annuler le projet en raison de problèmes techniques et juridiques. « Les Européens ont longtemps critiqué Nord Stream 2, en en faisant un enjeu politique. La Pologne poursuit cette rhétorique, mais il n’y a rien derrière les propos de Duda ». Selon lui, si le projet était abandonné, « l’Allemagne serait obligée de payer des compensations et d’entamer des procédures judiciaires pour les tubes appartenant à la Russie. Cela pourrait coûter non pas des dizaines, mais des centaines de millions de dollars ». Dans le même temps, il a souligné qu’en cas de démontage, l’Allemagne ne dédommagerait pas les entreprises participantes (Wintershall Dea, Engie, OMV, Shell et Uniper).
OPEC +
Les responsables saoudiens ont annoncé leur intention de maintenir, voire de renforcer, les restrictions sur la production et l’offre totale de pétrole sur le marché mondial. Pour ce faire, Riyad va prolonger l’accord OPEP+ qui limite la production des États membres. Selon Stanislav Mitrakhovich, expert principal du « National Energy Security Fund », « Dans la situation actuelle, la position saoudienne convient parfaitement à la Russie – l’accord OPEP+ sera prolongé, peut-être sous un nouveau nom, mais son essence restera. À savoir que les Saoudiens et leurs alliés en matière de politique pétrolière s’abstiendront d’augmenter rapidement la production malgré les pressions des Américains et des Européens. Un accord avec la Russie est beaucoup plus bénéfique pour les Saoudiens qu’une hypothétique opportunité d’augmenter leur part du marché mondial en évinçant la Russie ». Selon lui, les Saoudiens comprennent que pousser la Russie hors des marchés asiatiques peut ne pas se faire étant donné les positions de l’Inde et de la Chine. Du côté de « Total Research », Nikolay Vavilov, spécialiste du département de recherche stratégique pense que « Les Saoudiens sont avant tout préoccupés par le bien-être de leur pays et affirment leur position en conséquence. Pour les producteurs de pétrole, les prix actuels sont convenables, les grandes compagnies ont multiplié leurs bénéfices trimestriels et si le marché le permet, ils vont essayer de les maintenir élevés ». Selon lui, il est peu probable que les prix mondiaux du pétrole baissent en raison de l’augmentation de la production en Iran, d’autant plus que le pétrole iranien est déjà présent sur les marchés mondiaux dans des mélanges fréquemment transportés par les pétroliers d’autres pays.
Amélioration du transit de marchandises entre l’Iran et la Russie
La Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan ont signé un mémorandum sur la simplification des livraisons en transit sur le « corridor de transport international Nord-Sud » qui est l’une des rares voies permettant de transporter des marchandises de l’Asie vers la Russie et inversement. Cet itinéraire très prometteur permet de réduire considérablement le temps de transport. Les trois pays travaillent actuellement sur l’harmonisation des systèmes d’information et des systèmes de contrôle, travail qui sera facilité par le nouveau mémorandum. Les hauts responsables des douanes russes et iraniennes, Vladimir Bulavin et Alireza Moghadasi, ont également déclaré qu’ils étaient prêts à signer dans un avenir proche un accord sur la reconnaissance du statut d’opérateur économique agréé (OEA), qui simplifiera le commerce mutuel. Les agences des deux pays échangeront des informations sur la valeur douanière des marchandises et coopéreront dans le domaine de l’éducation et de la formation du personnel.
Prochain sommet de l’OCS à Samarcande
Les préparatifs du sommet de l’OCS qui doit avoir lieu mi-septembre en Ouzbékistan se poursuivent. Le président Valdimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping pourraient se rencontrer lors de ce sommet. Pékin serait en train de prendre des dispositions pour le premier voyage à l’étranger de Xi Jinping depuis le début de la pandémie. Les deux dirigeants pourraient y discuter de la situation en Ukraine et autour de Taïwan. Samarcande pourrait également voir des rencontres entre des dirigeants d’Asie centrale et du Moyen-Orient. Selon le quotidien indien « l’Express », le Premier ministre indien Narendra Modi, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif et même le président turc Erdogan pourraient participer à ce sommet. Selon le quotidien russe « Nezavisimaya Gazeta », il serait logique que les dirigeants de l’Inde et du Pakistan participent à l’événement puisque les deux pays sont membres de l’OCS. De plus, les experts indiens supposent que la venue d’un si grand nombre de dirigeants pourrait contribuer à des contacts bilatéraux essentiels : Narendra Modi et Xi Jinping, par exemple, pourraient discuter des moyens de régler leur différend frontalier.
Soutien américain à l’Ukraine
Le président américain Joe Biden a annoncé récemment une aide militaire de 2,98 milliards de dollars pour Kiev. Cette annonce a été programmée pour coïncider avec le jour de l’indépendance de l’Ukraine, mercredi dernier. Selon des experts interrogés par le quotidien « Nezavisimaya Gazeta », la Maison Blanche souhaite prolonger le combat. Mais trois points sont à noter dans l’allocution du président américain. Joe Biden a invoqué à plusieurs reprises la nature durable de la relation entre les États-Unis et le peuple ukrainien. Mais dans toute sa déclaration, il n’a pas mentionné une seule fois le gouvernement ukrainien ou la direction du président Volodymyr Zelensky. Une omission involontaire ? Deuxièmement, il a ignoré l’intense partenariat entre les États-Unis et l’Ukraine au niveau de l’État. Le régime de Kiev est entièrement dépendant d’un solide soutien américain. Troisièmement, et c’est le plus important, Joe Biden est resté silencieux sur la guerre en tant que telle, qui se trouve actuellement à un stade décisif. Au contraire, il a exprimé « l’espoir que les systèmes d’armes (qui seront ainsi livrés) puissent garantir que l’Ukraine puisse continuer à se défendre sur le long terme ». Enfin, les fonds annoncés ne serviront pas, comme jusqu’à présent à livrer des matériels en stock dans les différents pays de l’OTAN. Ils serviront à passer des commandes à des fournisseur américains qui devront produire ces matériels. Livraison dans six mois ? un an ? plus ? Le complexe militaro-industriel américain a plus de raisons de se réjouir que les dirigeants ukrainiens.
Selon certains experts, dont Alexey Fenenko, professeur associé à la faculté de politique mondiale de l’université d’État de Moscou, interrogés par « Nezavisimaya Gazeta », Washington estime (espère ?) que la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine amènera la Russie à remettre de plus en plus en question l’efficacité de ses forces militaires, et que cela pourrait être utilisé pour construire une nouvelle opposition russe capable de paralyser le pays. Une chose est certaine, les États-Unis n’ont toujours pas abandonné l’espoir d’affaiblir définitivement la Russie grâce à ce conflit. Il leur faut donc le faire durer le plus longtemps possible. Curieusement, cet objectif semble convenir, pour le moment, à la Russie. En effet, les sanctions décidées par l’Union européenne ont pour conséquence principale d’affaiblir les économies des pays de l’Europe. En « prenant son temps » sur le terrain, l’armée russe réduit les pertes civiles ukrainiennes, ce qui est son objectif depuis le départ, elle réduit ses pertes en hommes et regarde son adversaire européen s’affaiblir lui-même de jour en jour. Du côté de Washington, si l’objectif premier (affaiblir durablement la Russie) n’est pas atteint, son objectif numéro deux (affaiblir l’Europe) le sera.
Le prestigieux groupe de réflexion allemand, « Institut Kiel pour l’économie mondiale » a rapporté la semaine dernière que « Le flux des nouvelles aides internationales à l’Ukraine s’est tari en juillet. Aucun grand pays de l’UE, comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, n’a fait de nouvelles promesses significatives. » Ursula Von Der Leyen continue à faire pression sur les pays membres pour qu’ils consentent des aides plus importantes et plus régulières, mais toujours selon les chercheurs allemands, « les grands pays de l’UE comme la France, l’Espagne ou l’Italie ont, jusqu’à présent, fourni très peu de soutien ou restent très opaques quant à leur aide. »
Selon le magazine allemand « Der Spiegel », le chancelier Olaf Scholz est confronté à des dissensions dans les rangs de son propre parti, de la part de ceux qui veulent que Berlin cesse de fournir des armes à Kiev et souhaitent au contraire que le chancelier engage un dialogue avec la Russie. Lors d’un discours à Magdebourg, le chancelier allemand a déclaré que Berlin ne fournirait pas à Kiev des armes qui pourraient être utilisées pour attaquer la Russie.
Festival de musique « Spasskaya Tower »
Le festival international de musique militaire « Spasskaya Tower » célèbre cette année son quinzième anniversaire. Il aura lieu du 26 août au 4 septembre, à Moscou, sur la Place Rouge. Jusqu’à cette année, les participants étrangers venaient principalement d’Europe et des États-Unis. Pour des raisons évidentes, cette année, ils ont été remplacés par des formations venues d’Asie et d’Afrique. L’invité principal sera le grand orchestre des forces armées vénézuéliennes, réuni spécialement sur ordre du ministre de la défense Vladimir Padrino Lopez. Cet orchestre compte plus de 90 membres, dont les meilleurs musiciens militaires de toutes les branches des forces armées, ainsi que des diplômés des principales institutions musicales du pays. On notera, parmi les autres formations « l’Egyptian Symphonic Military Band », le « Boonwattana School Marching Band » (Thaïlande) et le « Panghat Performing Arts Group » (Inde).
source : Association Franco-russe
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