“Seize ans plus tard, l’aventure de la C Series [devenu l’A220] est officiellement terminée pour Bombardier”annonce le quotidien montréalais La Presse. La multinationale québécoise a officiellement cédé sa participation restante à ce programme aéronautique, à la fois à Airbus et au gouvernement du Québec ce jeudi 13 février. La décision “finalise notre retrait stratégique du secteur aéronautique commercial”, a déclaré dans un communiqué le président de Bombardier, Alain Bellemare.
La réaction du Syndicat des machinistes est positive. “Nous connaissons déjà les intentions d’Airbus, qui compte augmenter son empreinte au Québec, a confié le coordonnateur québécois du syndicat, David Chartrand. C’est donc le meilleur des scénarios [au vu] des circonstances.”
En vertu de l’entente conclue, Airbus va verser environ 552 millions d’euros pour augmenter sa participation à 75 % dans le projet de l’A220, soit Airbus Canada, alors que Bombardier se libère de nouveaux engagements en capital dans le programme d’une valeur de 644 millions d’euros.
Mais pour Bombardier, ces montants apparaissent nettement insuffisants pour éponger sa lourde dette. D’autant que la compagnie vient d’annoncer une perte de 1,6 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros) au dernier trimestre de 2019.

Alstom en voie d’acquérir Bombardier Transport

La division ferroviaire serait donc, elle aussi, en voie d’être cédée au plus offrant. Selon le quotidien allemand Handelsblatt, la société française Alstom serait prête à débourser jusqu’à 7 milliards d’euros pour acquérir Bombardier Transport, dont le siège social est à Berlin. L’agence américaine Bloomberg spécifie, sur la foi de sources familières du dossier, que les pourparlers sont à un stade avancé.
Le Globe and Mail attribue cette débâcle du géant canadien à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la famille Bombardier-Beaudoin, qui contrôle l’entreprise, “responsable d’un des plus grands exemples de création puis de destruction de richesse dans l’histoire des entreprises canadiennes, aurait dû partir depuis longtemps”. D’autre part, comme l’avait pressenti un ancien PDG de Bombardier, Paul Tellier, l’entreprise aurait dû comprendre, avec son programme C Series, qu’“Airbus et Boeing ne toléreraient tout simplement pas la concurrence dans le marché des plus petits modèles d’avions de ligne”.
Le réputé quotidien torontois conclut que si la division ferroviaire et la division d’avions d’affaires de Bombardier sont vendues, il ne restera “pratiquement rien” de ce que Le Journal de Montréal qualifie d’“un des fleurons québécois les plus connus dans le monde”.
Martin Gauthier