jeudi 6 décembre 2018


En Allemagne, la fin du charbon n’est pas pour demain
Par : Florence Schulz | EURACTIV.de | translated by Méline Gadji
 5 déc. 2018 (mis à jour:  14:26)                                                                                        
Des milliers d’Allemands ont manifesté pour une sortie accélérée du charbon d’ici 2020. Un objectif sur lequel le gouvernement peine à avancer.
Alors que la conférence de l’ONU sur le climat s’est ouverte à Katowice, les citoyens sont descendus dans la rue pour encourager les politiques à aller de l’avant. En Allemagne, ils étaient 36 000 dans les rues de Berlin et Cologne, selon les organisateurs. La police, elle, a compté 15 000 personnes.
Les citoyens réclament que d’ici 2020, l’Allemagne diminue de moitié son industrie du charbon. À Bruxelles, une marche géante pour le climat a attiré 75 000 personnes selon les organisateurs, 65 000 selon la police.

L’Espagne souhaite fermer ses centrales à charbon et ses centrales nucléaires au plus vite.
L’Allemagne peine à verdir son parc énergétique
Le pays de Goethe, mondialement reconnu pour son engagement dans la transition énergétique, n’honore toutefois pas ses promesses en matière de lutte contre le réchauffement climatique. L’Allemagne risque de rater de 8 points l’objectif qu’elle s’était fixée de réduire ses émissions de CO2d’au moins 40 % d’ici 2020 par rapport à 1990.
« L’Allemagne est le 4e plus gros émetteur mondial », dénonce le président de l’Association allemande de l’énergie éolienne, Hermann Albers. « Peu de pays ont une aussi grande responsabilité dans les émissions, et autant intérêt à réduire leurs émissions au plus vite. De surcroît, nous sommes le seul pays disposant d’un tel capital, des connaissances et de l’expertise en énergie solaire et en bioénergie. Nous avons tout ce qu’il faut pour développer une industrie entièrement débarrassée du carbone. »
Le président de l’association souligne que le développement des énergies renouvelables à l’échelle européenne serait une aubaine pour l’économie allemande. L’engagement de l’UE d’utiliser au moins 32 % d’énergie renouvelable d’ici 2030, qui a été adopté en juin, constitue donc une étape importante. « L’Europe est lente, mais l’Europe apprend », conclut-il.
Si les électeurs européens ne font plus confiance aux politiques, c’est notamment à cause d’ambitions « irréalisables » sur les renouvelables, estime le ministre allemand à l’Énergie, opposé à un objectif de 33 ou 35 % de renouvelables d’ici 2030.
Pour le ministre fédéral de l’Économie, Peter Altmaier (CDU), le développement des énergies renouvelables est une « priorité absolue ». Il prévoit d’ailleurs d’accélérer l’expansion du réseau par voie législative.
En outre, le Bundestag (parlement allemand) a adopté vendredi dernier une nouvelle loi sur la collecte d’énergie, qui a fait l’objet d’un long débat, et entend doubler le volume d’appels d’offres pour les parcs éoliens. « C’est le signe que le gouvernement allemand a compris qu’il fallait se débarrasser au plus vite du charbon, source de CO2 », se rassure Hermann Albers.
Une commission au charbon pas très efficace
Selon les prévisions des experts, la commission allemande au charbon proposera 2037 comme date d’élimination progressive du charbon. « Pour nous, la sortie doit commencer rapidement. Nous voulons que l’Allemagne soit débarrassée de la majorité de ses centrales à charbon au début des années 2020 », explique le président de l’Association de l’énergie éolienne.
Le gouvernement espagnol vient de publier un nouveau plan pour le climat qui voit loin. Il cible l’objectif de 100 % de renouvelables d’ici 2050.
Hélas, la commission au charbon a reporté les négociations de sortie de l’Allemagne du charbon au mois de février. Pour Hermann Albers, un consensus aurait largement pu être trouvé avant cette date tardive.
La coalition au pouvoir (CDU-CSU/SPD) a probablement forcé le report des négociations en raison des pressions exercées par les Länder producteurs de charbon et de l’élection à venir de la présidence de la CDU. Cela a suscité de vives critiques, car l’Allemagne va maintenant participer à la COP24 sans plan de sortie du charbon.
Des régions traditionnellement charbonnières
« Le débat allemand sur le charbon fait écho au dialogue polonais sur l’avenir du mix énergétique. La Pologne et l’Allemagne sont deux pays miniers et charbonniers, et donc des pays clés pour la décarbonisation de l’UE », explique Joanna Maćkowiak-Pandera, présidente du groupe de réflexion polonais Forum Energii.
La Pologne, qui tire encore son énergie à 80 % du charbon, a récemment présenté son plan d’engagement pour l’accord de Paris, à commencer par la construction de centrales nucléaires, car elle n’en possède aucune.
À Berlin, les manifestants ont défilé sous la devise « Stop charbon – protégeons le climat maintenant ». Devant la Chancellerie, ils ont lancé un appel au gouvernement fédéral pour qu’il se dépêche de faire sa transition énergétique.
Le sommet de l’ONU sur le changement climatique a commencé le 3 décembre par un avertissement : cette génération est la dernière à pouvoir empêcher un réchauffement climatique catastrophique, et la première à en subir les conséquences. Un article de notre partenaire, The Guardian.
(Bof, la Pologne fait la même et en plus, elle parie sur le pétrole et gaz de schiste américain, un pari qui risque de leur coûter cher en étant un fiasco financier et industriel. Mais, l'amitié américaine se paie même au détriment des citoyens. note de rené)

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