Et au final, les Kurdes paient l’addition...
Kurdes syriens
La décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines du Kurdistan syrien est riche en enseignements.
Tout d’abord, la Coalition, dont les Américains étaient le moteur, ont utilisé les combattants Kurdes, seule force sur le terrain, pour vaincre l’État islamique.
Dès que l’État islamique fut considéré comme étant hors d’état de nuire (du moins pour le moment) les anciens alliés sont devenus inutiles. Les Kurdes ne sont plus qu’une monnaie d’échange dans le grand marchandage des grandes puissances mondiales et/ou régionales.
La Turquie, naguère blâmée et pointée du doigt car responsable en grande partie du développement de l’État islamique, de son enrichissement en hommes et en armes ainsi que de son enrichissement tout court par la vente du pétrole des puits que les islamistes contrôlaient en Irak et en Syrie par son intermédiaire, est devenue de nouveau fréquentable. Son importance stratégique et surtout son fricotage avec l’ennemi juré – la Russie – ont fait que les Américains ont cédé au chantage turc et lâché les Kurdes.
Un simple exemple de ce jeu nauséabond ? Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en homme avisé, a passé un deal avec les Russes pour l’achat du système de missiles S400 (plus quelques contrats dans le nucléaire et le gaz naturel). L’oncle Sam, mécontent de ce fricotage, a menacé et élevé la voix ; finalement, il a obtenu gain de cause : la Turquie d’Erdogan, jouant sur tous les tableaux, a fini par commander également des missiles américains Patriot, mais en monnayant chèrement cela. Ouf ! L’Alliance Atlantique est sauvée et la face de Trump aussi.
La realpolitik a fait son chemin.
Le deal est évident : Trump remplit une de ses promesses électorales, c’est-à-dire le rapatriement des troupes américaines, vend des armes à un allié qu’il maintient encore dans le giron américain. De l’autre côté, Erdogan, dont la plus grande crainte est de voir naitre un embryon d’État kurde à ses frontières, avec quelques milliards (qu’il n’a pas, soit dit en passant) a obtenu le feu vert pour massacrer de nouveau les Kurdes syriens, comme il l’a déjà fait sous couvert de lutte contre l’EI et avec l’invasion de Djarabulus et d’Afrine.
Quand on vous dit qu’à la fin les Kurdes paient l’addition…
(Le PKK kurde turc qui contrôle le mouvement syrien n'a pas de stratèges dignes de ce nom, ils ne réfléchissent qu'à court terme et n'ont pas de vision d'une union du peuple kurde à part sa propre domination. Résultat, retour en arrière avec perte de territoire. note de rené)
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