mardi 3 octobre 2017

Plus de 45 milliards d’€ de corruption annuelle : Rajoy est à la tête du parti politique le plus corrompu d’Europe (Espagne)

source : La Semaine du Roussillon
L’information traitée par les médias espagnols en juillet dernier est passée aujourd’hui à l’arrière plan compte tenu de l’actualité en Catalogne. Mais c’est aussi l’une des raisons du souhait d’indépendance des Catalans. L’Espagne est actuellement dirigée par le parti le plus corrompu d’Europe. Cette information est relatée par plusieurs médias espagnols. Parmi ceux-ci El Diario qui n’hésitait pas à titrer en mars dernier : « La corrupción endémica del Partido Popular ». Une assertion largement étayée : « Depuis 1978 jusqu’à nos jours, plus de 175 réseaux de corruption ont été découverts, tous associés aux partis au pouvoir et selon la Commission nationale des marchés des valeurs, (CNMV), cette corruption ne coûte pas moins de 45 milliards d’euros annuels à l’Espagne. La plus grande part est prise par le Partido popular (PP), qui est le parti qui gouverne et qui prévoit de continuer à gouverner les prochaines années ». Un parti que Mariano Rajoy a intégré dans les années 1980 – le PP s’appelait alors Alianza Popular et était conduit par Manuel Fraga, un ministre de Franco – et dans lequel il a gravi tous les échelons avant de prendre les fonctions directives en 1989, de devenir ministre sous le gouvernement Aznar , puis de diriger le parti en 2004. Un parti qui gouverne, avec Rajoy à sa tête, l’Espagne depuis 2011. Un parti qui est surtout poursuivi pour…. 900 plaintes pour corruption.
Les affaires pleuvent. « Durant une période, il en sortait pratiquement une par semaine, parfois chaque jour » indique El Diario. « Marchés publics truqués », « Pots-de-vins », « fausses factures », « comptes en Suisse »…. L’affaire de la « comptabilité occulte » du PP a précédé le dossier Correa de Valence du nom d’un entrepreneur véreux, l’affaire « Punica » qui impliquait les dirigeants du PP de Madrid et des entreprises du BTP, l’affaire Cristina Cifuentes, la présidente de la Région de Madrid, inculpée pour des marchés truqués au profit de l’entrepreneur Arturo Fernandez, l’opération Lézo dans laquelle étaient mouillées pas moins de 60 personnes….
Lors de procès récents, la Guardia civil elle-même a mis en cause le ministre de la Justice Rafael Catalá, le procureur général de l’État espagnol, José Manuel Maza, et le Chef du parquet anti-corruption, Manuel Moixy, tous trois accusés d’avoir pris des initiatives pour freiner les enquêtes anti-corruption. Le dernier cité, l’homme anti-corruption de l’Espagne, Moixy, est poursuivi pour blanchiment d’argent dans des sociétés panaméennes.
L’affaire Palma Arena mouille les dirigeants PP des Baléares, et s’ajoute aux quelques autres citées.
Francisco Correa impliqué dans les affaires du PP à Valence aimait se faire appeler« don Vito », nom d’un maffieux dans le film le Parrain. Il a expliqué s’être fait attribuer pendant des années, entre 1999 et 2005 au moins, des marchés publics dont il rétrocédait 2 à 3 % des montants au trésorier du Partido Popular, Luis Barcenas, « après avoir pris sa part ». Un financement qui a permis de verser aux cadres du Parti Popular des « compléments de salaires ». Selon l’enquête, Rajoy aurait ainsi reçu,  entre autres, près de 25 200 €  annuels pendant onze ans.
Entendu dans le cadre d’un procès de corruption en juillet dernier, le Premier ministre espagnol, qui a passé près de 40 ans dans les instances dirigeantes du parti, a pu déclarer sans rire, qu’il n’était au courant de rien. Cette corruption mouille évidemment tout le secteur économique espagnol, dont les entreprises. Selon El Diario, 34 des 35 sociétés espagnoles de l’IBex, l’équivalent du Cac 40 français, comptent près de 900 filiales dans les paradis fiscaux.
Ce fonctionnement particulier explique des investissements comme la construction de l’aéroport de Ciudad Real, un investissement de plus d’un milliard d’euros pour l’État. L’aéroport, doté de la plus longue piste d’Europe et inauguré en 2009 n’a jamais accueilli d’avion de ligne et a fermé en 2011. Même aventure pour l’aéroport de Castellon (Castelló de la plana). S’ajoutent à cela le stade olympique de Séville, 120 M€, qui n’a pratiquement jamais servi, la Cité de la culture de Galice, 400 M€ envolés. Sans parler des lignes TGV surdimensionnées.
Toutes les affaires judiciaires sont évidemment torpillées par le Partido popular au pouvoir.
La Commission nationale des marchés de la compétence (CNMC), chiffre à 90 milliards par an le montant des délits de corruption en Espagne, dont 47,5 milliards liés à des surcoûts dans les marchés publics. Un chiffre que confirme à un chouïa près la Commission nationale des marchés des valeurs, (CNMV) avec son estimation à 45 milliards. Ce qui représente plus de 7,5 % de la dépense publique espagnole.
45 milliards, c’est de quoi faire pratiquement 3 750 collèges ou lycées en France par an.
Il est impossible en France de comprendre le phénomène de montée de l’indépendance de la Catalogne si on n’intègre pas le problème profond de corruption qui touche l’Espagne. Rappelons que le budget annuel de la Catalogne est de 29,7 milliards d’euros, pratiquement la moitié du volume global de la corruption liée au pouvoir de Madrid.
Ce niveau record de corruption, alors que les infrastructures manquent en Catalogne, est l’un des motifs du mouvement indépendantiste. Les Catalans pensent qu’ils peuvent s’administrer mieux que ne le fait le gouvernement central.
Ces problèmes de corruption peuvent aussi expliquer les actions actuelles de Madrid contre la Catalogne :  lorsqu’on parle de la Catalogne, on ne parle plus de la corruption à Madrid. Un joli contre-feu en quelque sorte.
Les problèmes de corruption frappent d’ailleurs moins le Pays basque et la Catalogne. Les deux affaires ayant fait le plus de bruit de l’autre côté de la frontière concernent une dissimulation fiscale de 7 M€ de la part de l’ancien président Jordi Pujol, et une affaire de marché truqué de la part du CDC, son parti politique, pour 6,6 M€, deux affaires faisant l’objet de poursuites.
Ce n’est toutefois pas le niveau des volumes de « la corruption endémique du Partido popular » dont parlent les journaux espagnols.
Voir aussi  : http://www.eldiario.es/zonacritica/corrupcion-endemica-Partido-Popular-desalojen_6_634896541.html
et : http://www.huffingtonpost.es/2016/12/09/coste-corrupcion-espana_n_13532158.html

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