Marika Sherwood, survivante du ghetto de Varsovie: « On fait aux Palestiniens ce que les nazis m’ont fait »
L’ambassade d’Israël en Grande-Bretagne est intervenue auprès de l’université de Manchester pour faire retirer le titre qu’avait choisi, pour sa conférence, une survivante du ghetto de Varsovie : « On fait aux Palestiniens ce que les nazis m’ont fait« , rapporte le Guardian.
Le quotidien britannique the Guardian vient de se faire l’écho d’une intervention de l’ambassade d’Israël qui fait actuellement polémique en Grande-Bretagne.
Un large public s’est en effet indigné d’apprendre que le recteur de l’université de Manchester avait cédé au chantage à l’antisémitisme de diplomates israéliens, face à une rescapée de l’Holocauste qui souhaitait décrire son vécu, et faire pour cela une comparaison avec les crimes commis par Israël depuis si longtemps contre le peuple palestinien.
Ceci s’est passé lors de la semaine contre l’apartheid, en mars dernier, à l’université de Manchester mais vient d’être révélé suite à l’obligation qui a été faite au recteur de dévoiler ses échanges avec l’ambassade d’Israël avant la tenue de la conférence.
Marika Sherwood, survivante du ghetto de Varsovie, devait s’adresser aux étudiants sur le traitement infligé aux Palestiniens par Israël.
Or, en amont de la conférence, l’ambassadeur israélien au Royaume-Uni, Mark Regev, et son attaché Michael Freeman se sont rendus à l’université de Manchester pour s’en prendre à ce qu’ils ont présenté comme « un discours de haine antisémite ».
A la suite de cette visite, les responsables de l’établissement d’enseignement supérieur ont interdit le titre de la conférence et ont limité son accès.
Le bureau du commissaire à l’information a dû insister pour que « toute la correspondance entre l’université de Manchester et le lobby israélien » entre le 1er février et le 3 mars soit dévoilée.
Celle-ci révèle que l’ambassade d’Israël a avancé l’argument selon lequel les allocutions programmées « pourraient causer un malaise chez les étudiants juifs sur les campus et les faire se sentir ciblés et harcelés pour leur identité en tant que peuple et pour leur lien avec l’état juif d’Israël », et demandé que des » mesures appropriées » soient prises.
Vingt-quatre heures après ce courriel, selon l’article, une organisatrice de la semaine contre l’apartheid israélien, Houda Ammori, avait reçu un message électronique provenant d’un responsable de l’université disant que le titre choisi par Marika Sherwood pour la conférence « n’est pas permis en raison de sa nature indûment provocatrice ».
« Au sein des institutions d’éducation, il ne devrait pas y avoir de lobbying de la part des gouvernements étrangers. On ne peut pas imaginer [les responsables universitaires] s’asseoir aux côtés de l’ambassade saoudienne pour un événement qui serait consacré à ce qu’il se passe au Yémen », a fait remarquer au Guardian l’étudiante palestinienne Houda Ammori.
Quant à la conférencière, Marika Sherwood, elle a indiqué au journal qu’elle rejetait l’idée que son titre soit l’expression d’un discours de haine. « Je parlais juste de mon expérience de ce que m’ont fait subir les nazis en tant qu’enfant juive », a-t-elle dit. « J’ai dû quitter le lieu où j’habitais parce que les Juifs ne pouvaient pas y vivre. Je ne peux pas dire que je suis Palestinienne mais mon expérience en tant que petite fille n’est pas vraiment différente de ce que vivent aujourd’hui les enfants palestiniens ».
Ne craignant pas le ridicule, un porte-parole de l’ambassade israélienne interrogé par le Guardian a nié que la rencontre entre les responsables de l’ambassade et de l’université se soit apparentée à du lobbying.
En tout cas, la direction de l’université a reçu un volumineux courrier de protestations face à cette ingérence d’un pays étranger dans les affaires étudiantes.
Et les étudiants BDS de l’université de Manchester se préparent à demander au conseil d’administration de leur université, qui se réunit ce mercredi 4 octobre, de se démarquer des crimes commis par Israël, de la colonisation, des démolitions de maisons palestiniennes, des déportations, comme du camp de concentration de Gaza. Ils réclament le boycott de l’Etat d’apartheid et la fin des investissements par leur université dans des firmes qui se rendent complices de ces violations des droits de l’Homme.
4 octobre 2017
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