lundi 2 octobre 2017

Le Kurdistan irakien isolé du monde


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le 01.10.17 | 12h00 Réagissez source : EL Watan

Le Kurdistan irakien traverse l’une de ses plus difficiles périodes depuis 1991, date à laquelle il avait acquis son autonomie politique et administrative.

Malgré un vote à plus de 90% en faveur de l’indépendance, la transformation à la réalité de ce rêve porté depuis des décennies par tout un peuple se révèle plus difficile que prévu. Presque une semaine après le vote, le Kurdistan irakien se trouve complètement isolé du reste du monde.
La fermeture des frontières terrestres et aériennes par les pays voisins, comme l’Iran et la Turquie, et l’interdiction émise par Baghdad à toutes les compagnies aériennes de ne plus desservir Erbil et Souleimania ont placé le gouvernement kurde devant un vrai dilemme : continuer dans la voie de l’indépendance en dépit des conséquences économiques et géo-militaires que cela peut engendrer, ou alors accepter la demande de Baghdad de renoncer à l’indépendance en remisant dans un tiroir les résultats du vote du lundi 25 septembre 2017.
A Erbil, c’est l’expectative. Le Parlement, qui n’a pas siégé depuis deux ans, devait se réunir hier pour étudier les demandes de Baghdad et proposer des réponses. Le gouvernement irakien demande simplement l’annulation des résultats du vote avant d’entamer des négociations plus poussées avec la partie kurde.
Cette dernière, bien qu’elle considère le «oui à l’indépendance» irrévocable, se dit prête aussi à discuter. L’ONU voudrait offrir ses services pour trouver une issue acceptable pour tous. Allons-nous donc assister à un déblocage de la situation dans la semaine qui vient ou la crise va-t-elle s’envenimer davantage ? En faisant pression sur Baghdad, les Kurdes espèrent en fait régler deux problèmes.
Le premier, c’est le statut définitif de certaines villes dite «disputées», notamment Kirkouk. Le second est la redistribution des revenus issus de la vente du pétrole. Le président Barzani veut s’offrir plus de territoire, notamment la ville de Kirkouk que les Peshmergas ont libérée. Il veut s’assurer le rattachement, au Kurdistan, de cette ville considérée comme étant la plus riche au monde en pétrole. M. Barzani cherche aussi à recevoir plus d’argent provenant de la vente du pétrole de la part de Baghdad.
Chemin faisant, il veut s’imposer comme le leader incontesté et incontestable dans un nouveau Kurdistan, avec à la clé un nouveau mandat présidentiel de 5 ans. Sur le terrain, les pays frontaliers ont fermé leurs frontières, notamment la Turquie d’où arrive l’essentiel des produits alimentaires. Ankara se dit même prête pour une intervention militaire, car elle ne veut en aucun cas voir la naissance d’un Etat kurde indépendant à ses frontières. Idem pour l’Iran qui a renforcé le contrôle sur sa population kurde. La semaine qui s’ouvre sera décisive.
(Le beurre, l'argent du beurre et la crémière, tel est le pari de barzani. En tout cas, en la jouant finement, il peut gagner. note de rené)

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