jeudi 5 octobre 2017

Des nuées de moustiques lâchés dans la nature volontairement

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 4 Octobre 2017, 16:11pm
Catégories : #Environnement
La société de biotechnologie Oxitec va construire une immense installation au Royaume-Uni. Son but : produire chaque semaine un milliard de moustiques « sans danger » pour lutter contre le moustique Aedes aegypi, vecteur principal du virus Zika, du chikungunya, de la dengue et de la fièvre jaune.
Chaque année, dans le monde, environ un million de personnes décèdent, après avoir été piquées par un moustique. Les moustiques Anophèle, vecteurs du paludisme, sont les plus redoutés. Mais les moustiques appartenant au genre Aedes ne sont pas en reste : ils sont le principal vecteur de la fièvre jaune, de la dengue, du virus Zika et du chikungunya…
Seules les femelles piquent. On estime les Aedes responsables de 52 000 morts chaque année. Si le moustique tigre (Aedes albopictus) est devenu célèbre en raison de l’épidémie de chikungunya, l’espèce Aedes aegypi est particulièrement étudiée par les scientifiques. Car les chiffres pourraient devenir exponentiels, tant cette espèce est invasive : ses œufs peuvent éclore en 24 heures et les individus atteignent la taille adulte en 7 à 12 jours.

Infecter les mâles avec une bactérie

Les insecticides, premier recours utilisé pour lutter contre cet insecte, ont rapidement montré et prouvé leurs limites : les moustiques ne sont pas tous tués et leur prolifération se poursuit. Mais surtout, l’impact sur l’environnement n’est pas négligeable.
L’espèce Aedes Aegypi (ci-dessus) se différencie du moustique tigre (Aedes Albopictus) par un dessin en forme de lyre sur le thorax au lieu d’une ligne blanche. (Photo : AFP)
La deuxième solution, qui consiste à infecter les mâles avec la bactérie Wolbachia permet de lutter contre la prolifération des Aedes aegypi. Mais elle pourrait ne pas être si neutre que ça sur l’environnement et ne pas complètement éradiquer l’espèce qui pourrait, à terme, développer des résistances.
Cet été, Verily Life Sciences, société sœur de Google, a libéré 20 millions de moustiques infectés au cœur de la Californie. L’idée ? Avec cette bactérie, les moustiques mâles deviennent stériles. Ils n’ont plus, alors, qu’à aller s’accoupler avec des femelles qui donneront naissance à des œufs « vides ». Et le tour est joué.

Un moustique « amical »

Mais lorsque le patron de la société britannique Intrexon dévoile la création d’une énorme installation qui sera dirigée par sa filiale de biotechnologie Oxitec au Royaume-Uni, tous les regards se tournent vers lui. Cette « nurserie » prévoit d’engendrer un milliard de moustiques « sans danger » chaque semaine.
Là encore, c’est un Aedes mâle qui vient à la rescousse. Baptisé Aedes aegypi amical par Oxitec, il ne pique pas et ne transmet donc pas de maladie. Surtout, il transmet à ses descendants un gène autolimitant, c’est-à-dire qu’ils n’atteindront jamais la taille adulte.
Avec la nouvelle installation d’un coût de 8,2 millions d’euros, Oxitec prévoit de produire vingt fois plus de moustiques « sans danger » pour répondre à une demande croissante. Contrairement aux deux autres méthodes, Oxitec estime qu’il n’y a pas d’impact de « son » moustique modifié puisqu’il meurt en même temps que sa progéniture, sans laisser de trace sur l’environnement.

Aucun commentaire: