jeudi 22 mai 2014

Salut aux gouvernement européens. Dommage pour vous, Poutine est admiré dans tous les pays émergents parce qu'il vous "NIQUE !"

Nouvelle d'Israël, mes chers cinq lecteurs où les chercheurs cherchent.

(source : Europe Israël news)

Révolution : l’objet israélien qui va transformer notre rapport au monde


Révolution : l’objet israélien qui va transformer notre rapport au monde

Une start-up israélienne Consumer Physics vient d’annoncer la commercialisation imminente, (décembre 2014) pour 149 dollars, d’un objet totalement révolutionnaire, le premier capteur moléculaire miniature (spectroscope) permettant d’analyser de façon instantanée la composition chimique de tout ce qui se trouve autour de vous, aliments, plantes, médicaments, liquides,…
L’appareil est dénommé SCiO et vient de faire l’objet d’une campagne de financement participatif Kickstarter. La campagne a rencontré un succès fulgurant et atteint son objectif initial en 24 heures, les investisseurs ayant perçu la rupture technologique apportée par le SCiO.
L’utilisation du SCiO donne l’impression de participer à une expérience de Science-Fiction, digne se Star-Trek. Il suffit par exemple de disposer le capteur contre un morceau de fromage pour savoir combien de calories il contient, son poids, sa quantité de graisses, de protéines ou de glucides. Concernant l’alimentation les usages sont illimités et vont de l’analyse de la qualité d’une huile de cuisson à l’analyse du taux d’alcool ou la présence d’une drogue dans un liquide, mais l’éventail des objets analysés va bien au-delà des aliments car il est possible de vérifier la composition d’un médicament ou de contrôler le taux d’humidité d’une plante tout en étant averti quand celle-ci n’est pas suffisamment irriguée. Les résultats de ces analyses sont immédiatement accessibles sur smartphone (IOS et Android) via une application destinée."

Nous allons donc pouvoir aller dans les supermarchés, rois de la malbouffe et analyser les produits avant de les acheter.  Bon, je suppose que comme pour l'eau, il faudra qu'il en fasse un plus costaud et plus cher pour analyser les quantités de pesticides dans les fruits et légumes.
Là, ils exploseront vraiment.
Bon, pour suivre, allons-y pour l'accaparement des terres, notamment dans les pays sous développés qui oblige les populations locales à vivre en esclaves pour les multinationales et sociétés diverses ou à abandonner leurs terres pour les bidonvilles.
Où en est-on ?
De toute façon, dites-vous bien, mes chers lecteurs, qu'avec tout l'argent qu'ils ont plus celles fabriquées électriquement qui ne repose sur rien, ils peuvent acheter la planète. C'est peut--être pour cela que parfois une forte souveraineté avec un sens de la nation peut protéger.

(source ; Bastamag.net)


MULTINATIONALES

Accaparement des terres : demain, à qui appartiendra la planète ?

PAR 

Des millions d’hectares sont achetés chaque année dans le monde par des multinationales ou des investisseurs étrangers. Conséquence : une mainmise sur les terres agricoles de la planète, des processus de forte concentration, et le risque de voir trois milliards de paysans sans emploi d’ici 2050. « L’appropriation des terres agricoles mondiales est une rente économique pour des entreprises », rappellent Michel Merlet et Mathieu Perdriault, responsables de l’Association aGter. Mais la propriété de la terre n’est pas un droit absolu et exclusif : il est aujourd’hui essentiel d’intégrer une garantie d’intérêt général dans l’usage des terres, au niveau mondial, selon ces spécialistes des questions foncières. Entretien.
Basta ! : Quelle est l’ampleur du phénomène d’accaparement des terres dans le monde ?
Michel Merlet [1] : La Banque mondiale fait état de 56,6 millions d’hectares concernés en 2011 (presque la superficie de la France, ndlr), sur la base de données très partielles. L’observatoire Land Matrix [2], qui répertoriait 80 millions d’hectares en 2012, n’annonce plus aujourd’hui que 35,8 millions. Ces chiffres ne prennent pas en compte tous les phénomènes. Ainsi, les terres contrôlées par l’entreprise italienne Benetton en Argentine, acquises dans les années 1990, ne sont pas comptabilisées par la Land Matrix, car celle-ci ne s’intéresse qu’aux dix dernières années. L’Afrique du Sud, où 83 % des terres sont contrôlées par 60 000 exploitants blancs, est devenue un pays sans paysans, où se développe une « grande » production, que l’on dit à tort « efficace ». Sauf que ce développement a eu lieu avec des fusils mitrailleurs, des gardes et des chiens dressés pour empêcher les populations d’entrer dans les fermes. La différence de revenus des agriculteurs, depuis le minifundiste (agriculteur possédant une petite propriété) jusqu’au grand entrepreneur, est de un à 10 000 ! Mais on ne parle pas de cette concentration de richesse et des phénomènes d’exclusion. Ni de la violence de plus en plus forte qui les accompagne.
Mathieu Perdriault  [3] : L’ampleur exacte de ces phénomènes est sans doute impossible à établir. Une grande quantité d’accords sont passés en toute discrétion. Les conclusions de la Land Matrix, qui note un « tassement » et affirme que les projets ne sont finalement pas mis en œuvre sur les surfaces annoncées, sont trompeuses : même si les surfaces ne sont pas intégralement mises en culture, les droits sont bien transférés, aux dépens des personnes souvent très nombreuses qui vivaient de ces terres. Vous pouvez acheter ou louer des milliers d’hectares pour presque rien dans certains pays, alors pourquoi s’en priver ? Même si vous n’avez dans un premier temps les moyens de cultiver « seulement » que quelques centaines d’hectares…
M. M : Ces processus de très forte concentration ne sont pas des évolutions « normales ». Il s’agit d’accaparements : de plus en plus de terres dans les mains de moins en moins de gens ! 50% de la population mondiale vit dans les campagnes et est directement menacée par ces phénomènes. Si on imagine un développement de l’agriculture calqué sur celui des États-Unis ou de l’Europe occidentale, 3,7 milliards de personnes seront sans emploi à l’horizon 2050.
Le terme « accaparement » est contesté par les entreprises concernées…
M. M. : La querelle sur le vocabulaire est tout sauf anodine : l’ampleur du phénomène dépend de ce qu’on définit comme « accaparement ». Pour le Centre d’analyse stratégique du gouvernement, il s’agit de « cessions d’actifs agricoles ». Les ONG parlent souvent d’« accaparement ». Les termes land grabbing et accaparement cherchent à montrer la culpabilité des entreprises. Or, les ventes et les locations ont lieu souvent avec l’assentiment des « cédants » – l’Etat, les chefs locaux, ou même des paysans, pour qui une maigre contrepartie peut apparaître comme une aubaine ! Elles s’opèrent aussi souvent en conformité avec les lois du pays concerné.
Dans nos travaux avec le comité technique « Foncier et Développement » de la Coopération française, nous parlons d’« appropriation » et de « concentration des terres » : ces termes désignent mieux les phénomènes qui posent problème. Ce qu’il faut considérer en premier lieu, c’est la lutte historique pour l’accès à la terre, aux ressources financières et aux marchés, entre petite production agricole et grande exploitation capitaliste avec salariés. Leur coexistence pacifique est un mythe : les grandes entreprises se construisent en détruisant les petites. Les petites unités paysannes ne peuvent se maintenir et se développer que si le développement des très grandes entreprises est stoppé. Il est essentiel de pointer cet aspect, et pas seulement la violation des droits des peuples indigènes et autochtones.
Les entreprises, elles, parlent « d’investissements »...
M. M. : L’usage de ce mot contribue largement à la confusion, en donnant une aura positive aux « investisseurs ». Mais d’où viennent leurs profits ? Essentiellement de quatre mécanismes : 1/ Un accès à la terre quasiment gratuit – les loyers ou les prix d’achat sont très bas – qui entraine une appropriation de richesses, et une rente foncière. 2/ La possibilité de produire en utilisant des machines puissantes et donc peu d’ouvriers, dont les salaires sont par ailleurs très bas. 3/ Des avantages accordés aux investisseurs afin de les attirer, essentiellement des exemptions d’impôts. 4/ Un accès privilégié aux marchés solvables, parfois subventionnés comme c’est le cas pour les agrocarburants, aux infrastructures de transport et de transformation, et aux crédits des banques. Des rentes que s’approprient les « investisseurs ».
Les profits ne reflètent pas l’efficacité du processus de production, mais bien la capture de « rentes ». Cela se voit dans la répartition de la richesse créée [4]. Dans les agroholdings (de très grandes entreprises agricoles) d’Ukraine, entre 80 et 90% de la richesse créée sert à rémunérer les propriétaires du capital. Les profits peuvent être très importants, même si l’efficacité de la production est toute relative, avec des rendements très inférieurs à ceux du bassin parisien. Ces investisseurs sont présentés comme seuls susceptibles de nourrir le monde. Or toutes les études montrent que les petits producteurs produisent proportionnellement beaucoup plus d’aliments et de richesses par hectare que la grande production ! Nous avons pu le vérifier encore au Pérou, en comparant les petits producteurs de bananes équitables ou de citrons avec les entreprises de production de canne à sucre (transformée en éthanol) les plus modernes du monde. Les petits producteurs produisent deux à trois fois plus de valeur ajoutée nette par hectare que ces grandes entreprises ! Et ils offrent de 60 à 100 fois plus de travail par hectare que les grandes entreprises !
Ces phénomènes « d’investissement » sont amplifiés par les quantités considérables d’argent disponible pour ce type de « placement ». Les grandes entreprises peuvent bénéficier, pour ces opérations, de prêts de la part de banques, de fonds d’investissement, ou d’organismes financiers nationaux ou internationaux (comme la Société financière internationale du groupe Banque mondiale).
Comment s’effectuent les prises de contrôle des terres et quels sont les systèmes politiques et juridiques qui les rendent possibles ?
M. P. : Au regard de la loi dans beaucoup de pays d’Afrique, les paysans, installés sur les terres bien avant la création des États, n’en sont que des utilisateurs de fait. Des squatteurs, en quelque sorte. Leurs droits ne sont pas reconnus. Ou seulement à condition de passer par les procédures d’immatriculation des terrains. Des processus complexes et coûteux, hors de portée des habitants, et qui ne correspondent pas aux usages coutumiers. Et les États font des ponts d’or aux investisseurs – notamment pour pouvoir bénéficier des aides publiques au développement. Ils mettent à leur disposition des terres sensées être disponibles et leur offrent des facilités pour créer des entreprises. L’État éthiopien a attribué 7 millions d’hectares en quelques années, et a l’intention d’en livrer encore 4 millions, puisés dans les meilleures terres du pays.
M. M. : Au moment des indépendances, les nouveaux États ont récupéré la « propriété » sur la terre des mains des États coloniaux. Les États de Zambie ou de Madagascar, par exemple, se considèrent propriétaires de toute terre qui n’a pas été immatriculée. L’immatriculation suit des modalités administratives directement héritées de celles qu’employait l’État colonial pour attribuer les terres aux colons. Dans les pays colonisés par des États où prévalait la Common Law [5], ce sont les chefs coutumiers qui sont considérés comme étant les détenteurs de droits sur les terres. Mais au Ghana par exemple, de grands chefs coutumiers signent parfois des contrats avec les investisseurs, ne respectant aucunement les droits de leurs propres peuples.
Dans ces différentes situations, on considère à tort que la propriété de la terre est un droit universel, absolu et exclusif. De nombreux gouvernements africains ont une idée erronée de l’histoire de la propriété des pays développés. Les terres n’ont jamais été immatriculées en France, au sens où elles le sont dans les pays anciennement colonisés. Les droits se sont consolidés et formalisés au cours du temps, et n’ont pas été décrétés par le haut. Le système de reconnaissance des droits sur la terre s’est construit de façon très différente dans les pays colonisés et dans les pays colonisateurs.
M. P. : La conception de la propriété n’a donc pas été « exportée » à l’identique par les pays colonisateurs. La puissance coloniale a décrété être la propriétaire des terres de ses colonies, et elle les a distribuées à ses ressortissants métropolitains pour les « mettre en valeur ». Au moment des indépendances, les nouveaux États ont prorogé cette conception. Ils s’arrogent tous les droits sur l’espace et peuvent dès lors les transférer d’un bloc à des entreprises. C’est ainsi qu’on trouve des contrats fonciers qui prévoient la possibilité pour l’entreprise attributaire d’exercer jusqu’à un pouvoir de police dans les périmètres attribués et de les exploiter sans la moindre contribution fiscale.
D’où vient cette notion de droit de propriété absolu ?
M. M. : Cette notion est une invention récente, datant de la Révolution française. Elle avait une fonction politique et idéologique bien particulière. Elle n’existe en fait jamais dans la réalité, et certainement pas dans les pays développés. Personne n’est propriétaire de tous les droits sur un territoire donné. Plus les sociétés se développent et moins les droits sont exclusifs. Avec les droits dits coutumiers, en Afrique, de multiples types de droits portent sur les différentes ressources d’un même espace, avec de nombreux ayant-droits, individuels et collectifs. Les lunettes qui nous font voir la propriété comme forcément absolue nous empêchent de comprendre la réalité. Pour les gens qui s’approprient les ressources, c’est par contre très pratique d’avoir tous les droits réunis dans une seule main !
M.P. : L’usage que l’on fait des ressources a aussi des répercussions à l’échelle globale. Couper la forêt au Brésil aura des répercussions climatiques sur les habitants du monde entier. Cela devrait nous amener à concevoir partout une propriété qui ne soit pas individuelle et absolue sur les ressources. Et à penser les répercussions au niveau du droit international.
Ces logiques d’accaparement concernent-elles seulement les anciens pays colonisés ?
M.M. : Ils ne sont pas les seuls terrains favorables aux accaparements. Dans les pays d’Europe de l’Est, la collectivisation forcée a détruit, laminé, marginalisé la paysannerie. Il n’existe pas d’organisations paysannes susceptibles de défendre les petits producteurs. Le rapport de force reste extrêmement difficile à inverser, même après les réformes foncières liées à la décollectivisation.
En Ukraine, 4 millions d’hectares de terres étaient déjà aux mains de quelques très grandes entreprises (agroholdings) il y a quelques années, selon la Banque mondiale. Quand on ne prend en compte que les investissements étrangers qui ont directement spolié les gens, on oublie la transformation des grandes fermes d’État et kolkhozes en entreprises privées. Les excellentes terres agricoles ukrainiennes disponibles après la décollectivisation ont pratiquement toutes été acquises par de grands groupes dès 2010 !
M. P. : Avec la décollectivisation, les ouvriers agricoles et coopérateurs ukrainiens se sont vus attribuer chacun une parcelle de quelques hectares, au milieu de champs de plusieurs centaines d’hectares. Sans outils ni tracteurs pour les cultiver, sans pouvoir même y accéder, leur seule option a été de louer ces terres quand se sont présentés de gros investisseurs. C’est ainsi que l’entreprise française AgroGénération, par exemple, a pu s’installer en Ukraine. Elle a été revendue par la suite à un groupe texan.
Les institutions internationales se sont-elles saisies de ces questions d’accaparement et de concentration des terres ?
M. P. : Le Comité de la Sécurité Alimentaire (plateforme intergouvernementale et multipartite) qui réunit quelques 170 États et plusieurs organisations internationales s’est emparé du sujet. Il a établi une série de directives pour avancer sur la « gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts, dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale ». Mais ce sont des directives « volontaires »... Les mouvements paysans et ONG doivent continuer à batailler pour obtenir des évolutions concrètes de la part des dirigeants. Rien n’a changé dans l’ordre international. C’est toujours « deux poids, deux mesures », entre la protection des intérêts des entreprises et acteurs transnationaux et la protection des intérêts collectifs.
Au niveau international, aucune institution ne peut être saisie pour constater les violations des droits de l’Homme par une entreprise ou un État et lui imposer des réparations et des sanctions. En revanche, pour défendre les intérêts des investisseurs, il y a des « juges » supranationaux, comme le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements, affilié à la Banque mondiale. Ils ont un pouvoir de coercition sur les États. Les États passent entre eux des accords (dits de promotion et de protection des investissements) et se sont dotés d’instances judiciaires internationales pour les faire respecter. Dans une large mesure, ce sont des acteurs privés qui orientent les décisions nationales et internationales en matière de politique agricole et de développement. Il faudrait intégrer une garantie de l’intérêt général global dans les usages qui sont fait du sol.
Un collectif citoyen contre l’accaparement des terres s’est constitué en 2010 en France…
M.P. : Une vingtaine d’organisations françaises [6] se réunit régulièrement pour échanger sur ce sujet. Nous mutualisons les informations de nos interlocuteurs dans les pays du sud. Ce collectif a établi un positionnement commun. Nous demandons notamment la reconnaissance juridique des formes d’organisations traditionnelles des rapports au foncier. Et l’inversion de la hiérarchie des normes : faire en sorte que les droits humains fondamentaux s’imposent par rapport aux droits des investisseurs. Avec des institutions juridiques supranationales dotées du même pouvoir que les institutions qui garantissent les intérêts des multinationales. Mais pour cela, il convient de renforcer les mouvements qui résistent et veulent inventer autre chose. Notre démarche consiste à faire du lien entre les mouvements locaux qui luttent sur le terrain face aux accapareurs.
Ces problèmes sont peu évoqués dans les médias. La question est politique : pourquoi les règles sont-elles fixées par des acteurs privés ? Cette question est valable aussi au niveau international : des États ont le pouvoir d’influer sur les modes de développement agricole d’autres pays, en forçant à l’ouverture aux investissements fonciers étrangers notamment. Dans un monde globalisé où rien ne régule les rapports de force entre États, ce sont les plus puissants, où se trouvent les capitaux, qui ont le plus à gagner à ces phénomènes d’accaparement, et qui décident comment les autres exploitent leurs ressources. Il manque une volonté politique commune pour changer les règles internationales qui aujourd’hui ne garantissent qu’une chose : la liberté des plus puissants de s’assurer les meilleurs retours sur investissement. Il faut que les citoyens aujourd’hui se saisissent de ces questions.
Propos recueillis par Nadia Djabali
- Le site de l’association aGter
Photo de Une : Bertrand Monney, Champs de courges, CC.
Et, pour finir, mes chers lecteurs parce que ces articles sont un peu long : CE MONDE QU'ILS NOUS PREPARENT !

(source : idem)

ALIMENTATION

Ces animaux mutants que la cuisine génétique vous prépare

PAR 
Des super lapins produisant des médicaments, des cochons « Enviropig » génétiquement modifiés pour moins polluer, des saumons « Frankenfish » qui grandissent deux fois plus vite, des vaches hypermusclées, ou des chèvres dont le lait fabrique de la soie... Des États-Unis à la Chine, les chercheurs s’en donnent à cœur joie pour greffer des gènes et croiser des espèces. Et attendent avec impatience les autorisations de mise sur le marché. Basta ! a enquêté.
Un croisement génétique entre cochon et souris, avec un gène supplémentaire de la bactérie E.coli. Cela vous ouvre l’appétit ? Ce porc transgénique a été créé par des chercheurs de l’université de Guelph au Canada. Baptisé « Enviropig », il rejette 30 à 70 % moins de phosphore dans ses excréments : la modification génétique lui permet de mieux digérer le phosphore du maïs ou du soja dont il se nourrit. Cette modification chromosomique se transmet de manière stable sur huit générations de porcs, affirment les chercheurs. L’élevage à des fins de recherche a déjà été approuvé. Le ministère de la Santé canadien évalue en ce moment l’innocuité d’Enviropig pour autoriser sa vente dans les rayons des supermarchés. Ce porc génétiquement modifié et présenté comme « écolo » pourrait donc arriver un jour dans nos assiettes.
Ce projet a été développé grâce à des fonds gouvernementaux et à un investissement de l’association des producteurs de porcs, Ontario Pork, propriétaire de la marque commerciale Enviropig™. Problème : le ministère de la Santé « n’effectue pas lui-même des tests d’innocuité sur les aliments transgéniques [et] se fie aux données soumises par le promoteur », proteste le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB). Considérés comme « renseignements commerciaux confidentiels », les données ne sont pas diffusées aux chercheurs indépendants. Difficile donc d’évaluer les réels risques sanitaires ou environnementaux. Quant à la possibilité de dissémination incontrôlée, le risque zéro n’existe pas. Pour preuve, en 2002, 11 porcelets génétiquement modifiés de l’université ont été accidentellement transformés en nourriture pour volaille, contaminant 675 tonnes d’aliments, dénonce le RCAB.
Le saumon qui grossit deux fois plus vite
La production d’animaux génétiquement modifiés n’est pas récente. Elle date du début des années 1980, avant même les plantes OGM. Mais aujourd’hui, pour la première fois, des animaux porteurs de gènes étrangers à leur espèce pourraient être destinés à l’alimentation humaine. En cas d’autorisation, Enviropig ouvrira la porte à de nombreux autres spécimens d’animaux. Autre projet en attente d’autorisation : AquAdvantage, le saumon transgénique américain. Créé par AquaBounty Technologies, une entreprise de biotechnologies installée au Massachusetts (États-Unis), ce poisson génétiquement modifié est obtenu par l’addition d’un gène d’un autre saumon [1], et d’un gène d’anguille, agissant sur la croissance. Baptisé par ses détracteurs le « Frankenfish », il a la particularité de grossir deux fois plus vite que son homologue non modifié.
Objectif affiché : réduire la pression sur les écosystèmes marins. AquAdvantage est une « alternative soutenable au saumon d’élevage », affirme l’entreprise. La Food and Drug Administration (FDA) (l’agence de l’alimentation états-unienne) demande que ces saumons soient élevés dans des bassins sur terre, et non dans des cages en mer, pour réduire les risques de dissémination et de croisement avec des espèces sauvages. Et donc à proximité des consommateurs, « ce qui réduit l’impact environnemental associé au fret », plaide AquaBounty. Pourtant les œufs du saumon sont actuellement produits à l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada, et seraient expédiés au Panama pour l’élevage en cas de production de masse… AquaBounty ne produit que des saumons femelles, stérilisées. Mais la stérilisation n’est efficace qu’à 99,8 %, admet l’entreprise.
Un poisson « sans danger », selon les autorités sanitaires
Au Canada, l’étiquetage des OGM n’est pas obligatoire. « Il sera impossible pour les consommateurs de savoir si leur saumon est OGM ou pas. Tout le secteur des producteurs de saumons risquent de souffrir des craintes des consommateurs et du manque de transparence », met en garde Éric Darier, directeur de Greenpeace Québec. AquaBounty a déposé une demande d’autorisation auprès de la FDA pour commercialiser son produit. En septembre 2010, celle-ci a estimé que ce saumon était « sans danger » pour l’homme et pour l’environnement. Mais elle a également demandé des données complémentaires : les études fournies par l’entreprise concernaient un saumon élevé au Canada, et non au Panama.
En 2011, des parlementaires se sont démenés pour bloquer toute approbation [2]. En juin, la Chambre des représentants a interdit à la FDA de dépenser des fonds en 2012 pour l’approbation de ce saumon. Mais en septembre, le Département de l’agriculture des États-Unis a accordé une aide de 494 000 dollars à AquaBounty pour poursuivre ses recherches. Objectif : rendre son saumon transgénique complètement stérile, pour contrer les arguments sur les risques de dissémination. La bataille est loin d’être terminée.
Un poulet génétiquement résistant à la grippe aviaire
Et en France ? « Tout a été arrêté. On peut faire des "modèles animaux" pour la recherche fondamentale ou pour des applications médicales, ce n’est pas contesté. Mais pour les usages alimentaires, il n’y pas plus de projets de transgenèse, affirme Louis-Marie Houdebine, ex-directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Les techniques se sont pourtant améliorées, ce serait aujourd’hui beaucoup plus simple à mettre en œuvre. » Les plantes génétiquement modifiées « ne sont que la partie émergée de l’iceberg »écrivait-il pourtant en 2007. « Il existe en effet au moins autant d’animaux que de plantes qui sont génétiquement modifiés. »Mais les contraintes sont importantes : « Il y a une surenchère dans l’autocensure au sein de l’Inra, notamment du fait de la pression des arracheurs d’OGM », déplore ce fervent partisan des organismes génétiquement modifiés.
Le chercheur vante pourtant les miracles de la « transgenèse animale ». Aux éleveurs bretons, il annonce dans une conférence fin 2011 la production prochaine en France du porc transgénique. Terminé les algues vertes ! Demain, il ne sera plus nécessaire de réduire le nombre de porcheries industrielles, le porc génétiquement écolo résoudra les problèmes de pollution ! « Les Britanniques ont créé des poulets transgéniques résistants à la grippe aviaire, et à toutes les bactéries de H5N1 », s’enthousiasme-t-il.
Cette volaille est produite par des chercheurs des universités de Cambridge et d’Edimbourg, qui espèrent élargir prochainement leurs résultats à la production de poulets transgéniques résistants à de nombreuses maladies. Manger ces poulets présentera-t-il un risque ? « Il n’y a aucune raison de penser que ces poules pourraient être dangereuses d’une quelconque façon. La nature de la modification génétique est telle qu’il est extrêmement improbable que cela puisse avoir des effets négatifs sur les personnes consommant les poulets ou les œufs », affirme le site de l’université. En attendant la (prochaine ?) confirmation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).
« Quand les gens sont malades, ils sont presque prêts à accepter n’importe quoi »
Le seul risque sanitaire des animaux transgéniques serait la diffusion d’allergènes, expliquent les chercheurs. « Mais j’imagine qu’on a dû donner à manger ces animaux ou des souris transgéniques à des rats, pendant trois mois », explique Louis-Marie Houdebine, qui est également membre du comité d’experts sur les biotechnologies, au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui évalue les aliments contenant des OGM. « C’est un excellent moyen d’alerte pour percevoir d’éventuels problèmes, estime le chercheur, identique à ceux mis en place pour l’évaluation des médicaments. » Quant à la dissémination incontrôlée, elle n’est à craindre que pour les animaux « qui nagent ou volent : un porc qui s’échappe, cela n’arrive pas tous les jours ! Il suffit d’ajouter un grillage autour des porcheries. » Certes...
Les projets en cours ? Des vaches transgéniques au développement musculaire augmenté, des porcs GM dont le lait est enrichi en protéines nutritives pour élever un plus grand nombre de porcelets. Une chèvre avec un gène d’araignée produisant uneprotéine de soie ultra-solide dans son lait, qui sert à la fabrication de gilets pare-balles. Ou, un peu moins encombrant, le ver au gène d’araignée... La transgenèse animale est aussi utilisée par l’industrie pharmaceutique. « Dans le domaine médical, l’opposition à la transgenèse animale sera nulle. Quand les gens sont malades, ils sont presque prêts à accepter n’importe quoi », affirme Louis-Marie Houdebine.
Un super lapin qui produit vos médicaments
Le chercheur a cofondé une start-up, Bioprotein Technologies Inc., spécialisée dans la production de protéines et de vaccins, grâce au lait de lapines génétiquement modifiées : « À partir d’un gène identifié par ses clients, BioProtein Technologies conçoit des lignées de lapines transgéniques secrétant la protéine d’intérêt dans leur lait. » Dans des quantités allant du gramme à la dizaine de kilogrammes. BioProtein Technologies propose aux sociétés pharmaceutiques de nombreux services, de la« production rapide de quelques dizaines de grammes de protéines pour des travaux de recherche », à « l’élaboration de modèles animaux pour l’étude fonctionnelle de maladies humaines ». Remplacera-t-on bientôt les usines pharmaceutiques par des élevages de lapins ?
En France, l’animal transgénique, c’est aussi de l’art ! Le projet « GFP Bunny » est né à Jouy-en-Josas, sous l’impulsion de Louis-Marie Houdebine. En 2000, l’Inra crée le premier lapin fluorescent (sous une lumière ultraviolette), grâce à un gène de méduse. Le lapin est exposé lors d’événements culturels. Une affaire qui a fait polémique au sein même de l’Inra. Au début des années 2000, l’animal transgénique de compagnie a aussi eu son heure de gloire en Asie. Le TK1, poisson-zèbre fluorescent – lui aussi grâce à un gène de méduse – quitte les laboratoires. 100 000 poissons mutants de compagnie sont produits en moins d’un mois, Taïwan autorise la vente, et le trafic s’organise vers les pays voisins. Aucune dissémination ? Taikong Corp. assure en 2003 que les prochaines générations de poissons seront rendues stériles… Sachant que le poisson-zèbre peut produire jusqu’à 200 œufs par ponte, il est temps de s’en préoccuper une fois l’animal lâché dans les aquariums du monde entier.
La Chine, paradis des animaux transgéniques
Le risque de voir ces créatures transgéniques mélanger leurs chromosomes avec des espèces animales non modifiées existe bel et bien. Un processus incontrôlable aux conséquences imprévisibles. Aux États-Unis, cela ne semble pas être un frein au développement en masse des « animaux GE » Genetically Engineered, pour l’alimentation. « Le lobby des biotechnologies est très puissant en Amérique du Nord. La demande d’autorisation du saumon OGM pour la consommation humaine est bien avancée aux États-Unis. Un peu moins au Canada, mais le gouvernement a récemment suggéré que si les États-Unis l’autorisent, le Canada pourrait l’autoriser automatiquement ! », prévient Éric Darier, directeur de Greenpeace Québec.
En Europe, où les OGM ont moins bonne presse, les institutions travaillent sur l’acceptabilité sociale, au travers notamment du projet Pegasus, auquel collabore Louis-Marie Houdebine. « La Commission européenne est paniquée de voir la situation des OGM en Europe et à quel point on passe à côté de marchés », assure le chercheur. D’où ce projet européen qui cherche à analyser les « préoccupations du public » concernant le développement des animaux génétiquement modifiés, notamment « les produits alimentaires et pharmaceutiques dérivés ».
Objectif : ne pas reproduire les « erreurs » de la diffusion des plantes OGM, qui ont entraîné le rejet des consommateurs. Un rapport publié en octobre 2011 fait le constat que de nombreuses entreprises états-uniennes du secteur émigrent vers la Chine, eldorado de la transgenèse animale. Le rapport souligne les avantages de la recherche chinoise, menée « sans restrictions ». Et pointe le succès de la « complexe stratégie de communication » du gouvernement chinois, qui permet aujourd’hui une acceptation incomparable des animaux transgéniques par la population. Vous avez aimé les X-Men au cinéma, aimerez-vous les X-animals dans vos assiettes ?
Agnès Rousseaux
Photos : © Eric Garault


Bien le bonjour chez vous.
René.

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