Les requins sont fonctionnellement éteints dans 20 % des récifs coralliens
Julie Kern source : Futura Planète
Publié le 24/07/2020
Les requins font partie des espèces qui souffrent le plus de la surpêche, à tel point qu'ils ne seraient plus assez nombreux pour assurer leur rôle biologique dans les zones les plus soumises.
Parmi toutes les espèces de poisson qui vivent dans les récifs coralliens, les requins de récif se font de plus en rares. Deux biologistes marins de l'université de Floride ont lancé une initiative mondiale (Global FinPrint Project) pour partir à leur recherche, il y a déjà cinq ans. Depuis, plus de 120 scientifiques ont documenté à l'aide de vidéos la présence ou l'absence d'espèce récifales, comme le requin-tigre ou le requin marteau. Les chercheurs se sont intéressés aux requins de récif car ils sont plus faciles à observer que les requins de haute mer comme les requins blancs ou les requins baleines.
Après trois ans de travail, les biologistes marins de Floride ont visionné les images vidéos prises dans 371 récifs coralliens tropicaux. Parus dans Nature, les résultats de cette étude de grande ampleur sont à double tranchant : les requins de récif sont considérés comme fonctionnellement éteint dans 19 % des récifs étudiés alors que dans certains autres, ils prospèrent.
Des récifs dépeuplés et d’autres, en bonne santé
Les requins sont particulièrement sensibles à la surpêche. Leur croissance est lente et leur descendance ne parvient pas à compenser la demande, toujours plus forte, en aileron de requin des pays asiatiques.
Cela se traduit par la diminution drastique des requins de récif dans les eaux où les activités humaines sont intenses. En effet, les biologistes marins n'ont que très peu d'individus sur les vidéos prises, malgré la présence d'un appât à proximité de la caméra, dans 69 récifs coralliens, soit 19 % des récifs surveillés.
Par exemple, les récifs de l'île de Guam, des Philippines ou de Cuba sont les plus pauvres en requin de récif. Les scientifiques craignent que leur nombre ne soit plus suffisant pour que leur population puisse assurer leur rôle dans cet écosystème fragile. On parle alors d'extinction fonctionnelle.
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. D'autres récifs, notamment en Polynésie française ou aux Bahamas, sont de véritables oasis de paix pour les requins de récif. Les auteurs de l'étude expliquent cela par les mesures de conservation et de sauvegarde des requins prises dans ces régions. Cela fait 30 ans que la pêche aux requins est interdite aux Bahamas et en Polynésie française, la création d’un sanctuaire en 2006 a sûrement eu un impact positif pour les requins.
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