Depuis 1970, l’Europe a perdu 93 % de sa population de poissons migrateurs d’eau douce
Les populations d’espèces de poissons migrateurs d’eau douce ont considérablement diminué, de 76 % en moyenne depuis 1970, selon un nouveau rapport. La plupart de ces pertes sont liées à une origine humaine telles que l’hydroélectricité, la surpêche et la pollution.
L’Europe a été la région la plus touchée, avec une chute de 93 %.
Publié par la World Fish Migration Foundation et la société zoologique de Londres, l’indice planète vivante (Living Planet Index) est le premier grand rapport à se pencher sur la situation des poissons migrateurs d’eau douce à l’échelle mondiale. Les chercheurs ont examiné les données de 1 406 populations de 247 espèces, soit le plus grand ensemble de données à ce jour, mais avec encore des vides importants (notamment pour les régions hors Europe et Amérique du Nord).
Les résultats sont préoccupants.
Pour Arjan Berkhuysen, directeur général de la Fondation mondiale pour la migration des poissons :
Les pertes catastrophiques des populations de poissons migrateurs montrent que nous ne pouvons pas continuer à détruire nos rivières. Cela aura d’immenses conséquences pour l’homme et la nature dans le monde entier. Nous pouvons et devons agir maintenant avant que ces espèces clés ne disparaissent pour de bon.
L’Amérique latine a enregistré une baisse moyenne de 84 %, suivie d’une chute de 59 % en Asie-Océanie, indique le rapport. Les données étaient trop limitées en Afrique pour établir une tendance fiable. En revanche, l’Amérique du Nord a enregistré une baisse moins spectaculaire de 28 %. La raison pour laquelle les choses ne vont pas aussi mal en Amérique du Nord est en grande partie la suppression des barrages, la plupart des dégâts y ayant été faits avant les années 1970, notent les chercheurs.
En plus de jouer un rôle environnemental important, des espèces telles que le saumon, la truite et le poisson-chat d’Amazonie sont vitales pour les besoins de la sécurité alimentaire mondiale. Elles assurent la subsistance de millions de personnes dans le monde, expliquent les chercheurs, tout en s’efforçant de maintenir les rivières, les lacs et les zones humides en bonne santé en soutenant un réseau alimentaire complexe dont dépendent des millions de personnes.
La dégradation, la modification et la perte de l’habitat représentent environ la moitié des menaces qui pèsent sur les poissons migrateurs, selon le rapport. Les zones humides sont des habitats essentiels pour les espèces de poissons migrateurs, mais à l’échelle mondiale, ces zones disparaissent trois fois plus vite que les forêts, tandis que les barrages et autres barrières fluviales empêchent les poissons d’atteindre leurs zones de reproduction ou d’alimentation et perturbent leur cycle de vie.
La surexploitation, telle que la pêche non durable et les prises accidentelles, représente environ un tiers des menaces qui pèsent sur ces populations. Celles-ci sont également menacées par les effets de la crise climatique, car les changements de température peuvent déclencher la migration et la reproduction, ce qui fait que ces événements se produisent au mauvais moment et désorganisent donc la reproduction.
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