LEVÉE DE BOUCLIERS CONTRE LE DÉPLOIEMENT DE LA 5G EN FRANCE
source : Novethic, Publié le 28 janvier 2020
ONG, citoyens, députés et syndicats se mobilisent contre la 5G. Une première journée de protestation mondiale a été organisée le week-end dernier et un recours déposé devant le Conseil d’État en France pour annuler l’appel d’offres pour l'attribution des fréquences actuellement en cours. En cause, le manque de données sur les impacts environnementaux, sociétaux, sanitaires et sociaux de cette nouvelle technologie.
Peut-on encore faire marche arrière ? C’est en tout cas ce qu’espère une partie de la société civile. Deux ONG – Agir pour l’environnement et Priartem électrosensibles de France – ont annoncé la semaine dernière le lancement d’un recours en justice mi-février devant le Conseil d’État pour faire annuler l’appel à candidatures pour l’attribution des fréquences 5G en cours. En parallèle, elles ont mis en ligne une pétition contre le déploiement de cette technologie controversée. Celle-ci a déjà été signée par plus de 40 000 personnes en seulement quelques jours.
"Mélangeant vitesse et précipitation, le gouvernement a publié fin décembre, en catimini, l’arrêté fixant les conditions de mise aux enchères des fréquences de la 5G en France. Malgré les demandes répétées des associations, cet arrêté n’a été précédé ni d’un débat public ni d’une évaluation environnementale et sanitaire", expliquent les ONG. "On inverse les choses : on prend la décision et on réfléchit après", dénonce Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement. Au-delà de ça, les deux associations mettent en avant d’autres impacts sociétaux comme l’hyperconnectivité de tous.
2 % de la consommation électrique du pays
Samedi 25 janvier était également organisée la première journée de mobilisation mondiale contre le déploiement de la 5G. Plusieurs rassemblements ont eu lieu un peu partout en France et dans 270 villes à travers le globe. Cela a été le cas par exemple à Nantes (Loire-Atlantique), à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ou encore à Pont-l’Abbé (Finistère).
Selon de premières estimations réalisées par le Shift Project, rien que le déploiement de la 5G représenterait une augmentation équivalente à 2 % de la consommation d’électricité du pays, sans compter la consommation d’énergie liée aux usages, qui devraient exploser, ni celle nécessaire à la fabrication des éléments réseau, des terminaux, ou encore des millions d’objets connectés.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a, quant à elle, publié un rapport préliminaire sur les effets liés à "l'exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie et aux éventuels effets sanitaires associés" (1). L’organisme déplore le manque de données pour les fréquences autour de 3,5 GHz, la bande clé de la 5G, encore peu utilisées. Les résultats finaux seront disponibles au premier trimestre 2021.
Des craintes liées à l’emploi
Alors que la 5G a déjà été déployée en Chine ou encore en Corée du Sud, et qu’elle débarque aux États-Unis et en Europe, le Parlement Européen va mener sa propre évaluation des risques sanitaires et environnementaux avec une première rencontre prévue le 28 avril prochain. En France, le patron de l’Arcep, Sébastien Soriano, interrogé dans Le Monde, promet l’organisation d’une conférence en juin pour débattre des enjeux sociétaux posés par la 5G.
De son côté, le syndicat CFE-CGC Orange a également demandé l’annulation de la procédure d'attribution des fréquences pour la 5G en raison de l’absence de référence à l’emploi dans les appels d'offres. Le secteur des télécommunications a perdu plus de 47 000 emplois depuis 1998, et d’après l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), depuis l'introduction de la 4G en 2012, les emplois directs ont baissé de 14 % en France. "Ces chiffres démontrent que l'absence de prise en compte de l'emploi dans les conditions d'attribution des autorisations relatives à la 4G ont conduit à une baisse extrêmement conséquente de l'emploi dans les télécommunications en France", explique le syndicat.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le rapport préliminaire de l'Anses
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