Jorge Alfredo Zelaya, un Montréalais de 76 ans qui avait agressé sexuellement une fillette de 9 ans en plein jour dans une ruelle du quartier Saint-Michel, a reçu vendredi une peine « clémente » de 90 jours de prison à purger la fin de semaine en raison de son âge avancé et de ses importants problèmes de santé.
       
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Louis-Samuel PerronLOUIS-SAMUEL PERRON
LA PRESSE
Le juge Alexandre Dalmau s’est montré « surpris » par la suggestion de peine commune des parties, puisque l’accusé a continué de nier avoir commis les agressions pendant ses récentes évaluations psychologiques et sexuelles, même après avoir reconnu ses gestes en salle d’audience. « Il nie les faits et nie toutes problématiques de nature sexuelle », a déploré le juge.
Le magistrat a entériné jeudi la peine suggérée par les avocats, mais a répété à plusieurs reprises qu’elle était « clémente » étant donné l’« attitude » de l’accusé. Le juge Dalmau a rappelé qu’il était lié par une décision de la Cour suprême. L’arrêt Cook limite depuis 2016 le pouvoir des juges d’écarter une recommandation conjointe des avocats, à moins qu’elle soit contraire à l’intérêt public. Un critère « très élevé », résume le juge.
Le septuagénaire a plaidé coupable, plus tôt cette année, à deux chefs d’accusation d’avoir touché à des fins sexuelles un enfant de moins de 16 ans et d’avoir incité un enfant à le toucher. Comme les chefs ont été déposés par procédure sommaire, la peine maximale était seulement de deux ans moins un jour.

La scène

Jorge Alfredo Zelaya s’en est pris à la victime sur l’heure du midi, le 3 juillet 2018.
La fillette de 9 ans jouait dans la cour arrière de sa gardienne, boulevard Saint-Michel, alors que l’accusé habitait derrière, de l’autre côté de la ruelle. Pour inciter l’enfant à venir le voir, le pédophile s’est collé à la clôture et a passé ses bras à travers.
L’enfant a refusé, puis a fait des allers-retours entre la maison de sa gardienne et l’accusé. Mais le pédophile a fini par l’attirer dans son piège. Il lui a touché la poitrine, les fesses et les organes génitaux. Il a baissé son pantalon et s’est masturbé devant l’enfant. Celle-ci a touché son pénis au moins une fois.
Pendant ce temps, deux témoins ont filmé la scène et ont interpellé les autorités. Une preuve accablante. « L’homme touchait la fillette sur son corps, l’embrassait sur la bouche, touchait ses seins et ses fesses. La fillette faisait des gestes pour le repousser », a raconté un témoin aux policiers, selon le résumé des faits présenté à la cour le 27 mai dernier. La relative passivité des témoins n’a pas été abordée pendant les audiences.
« M. Zelaya est un homme malade », a martelé jeudi son avocate, Me Gracinda Morais Fernandes. Problèmes cardiaques et de prostate, diabète, douleurs abdominales : l’homme de 76 ans doit se rendre à de nombreux rendez-vous médicaux. Il se déplaçait d’ailleurs péniblement au tribunal. C’est pourquoi la défense a demandé au juge de purger la peine la fin de semaine, alors que la Couronne réclamait une peine continue. Sa peine est assortie d’une probation de trois ans. Il est également inscrit au Registre des délinquants sexuels.