L'Agence russe de soutien au développement conseillera trois pays africains, ce qui ne risque pas de plaire à tout le monde
(Agence Ecofin) - International Sovereign Development Agency (ISDA), l'agence russe créée cette année 2019 et qui se focalise sur le soutien au développement des Etats, a signé un accord avec trois pays africains que sont la République démocratique du Congo, la Guinée et le Niger, en marge du premier sommet économique Afrique-Russie qui s'est déroulé les 23 et 24 octobre 2019.
Le Niger cherche des fonds pour financer la construction d'un oléoduc de 1 300 kilomètres qui lui permettrait d’écouler sa production pétrolière, tandis que la Guinée et la RDC veulent renforcer les infrastructures de transport, notamment les chemins de fer. Ces accords constituent un « premier pas vers la souveraineté économique et l'indépendance financière de nos pays partenaires », a fait savoir Konstantin Malofeev (photo), le directeur général de cette agence et proche du président russe, Vladimir Poutine.
L'ISDA entrera ainsi dans la compétition avec les organismes américains, européens, japonais et chinois d'accompagnement du développement en Afrique. Mais l'institution se veut plus ambitieuse. Sur une plateforme russe à laquelle M. Malofeev a accordé récemment une interview, il a marqué les points de la rupture de l'approche russe, qui consistera à permettre un développement de l'Afrique avec un coût d'endettement nettement plus réduit.
« L'Afrique peut se vanter de posséder d'énormes richesses minérales naturelles, avec des estimations officielles avoisinant les 3 000 milliards de dollars, sans compter l'Algérie et la Libye. Et il reste encore beaucoup à explorer. Néanmoins, où sont les plus grandes compagnies minières africaines ? Elles devraient figurer parmi les cinq premières au monde. Au lieu de cela, nous voyons les principaux rangs occupés par les entreprises internationales : Rio Tinto, Glencore, BHP Billiton et Anglo American, entre autres », faisait-il remarquer.
Cette offensive russe n'est pas pour plaire notamment aux Européens ou encore aux Américains. Ils ont tôt fait de rappeler que Konstantin Malofeev qui dirige l'agence russe est frappé de sanctions dans plusieurs pays, pour des pratiques peu orthodoxes, notamment le soutien des groupes armés en Ukraine, pro-Russie. Ils avertissent aussi de ce que celui-ci pourrait mener des actions de soft power pour mieux dominer le continent noir.
Les officiels russes se défendent de tels arguments en indiquant que leur priorité est d'apporter un vrai soutien à leurs partenaires, et booster les échanges commerciaux avec le continent noir. « Je ne fais pas le lien entre mes activités politiques en Russie et mes activités liées à la consultation économique en Afrique », a déclaré Konstantin Malofeev. Les Russes souhaitent porter le volume des échanges avec l'Afrique de 20 milliards à 40 milliards $. En 2018, la Russie a été le partenaire commercial de l'Afrique qui a dégagé le plus gros excédent (14 milliards $).
Idriss Linge
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