CHOISIR UNE BANQUE ÉTHIQUE / ALTERNATIVE
Pourquoi une banque éthique ?… Vous avez sans doute pris conscience – suite à la crise de 2008, notamment – des graves problèmes causés par la finance et le système bancaire traditionnel.
En réaction, des alternatives ont émergé :
- Banques éthiques ou solidaires,
- Organismes de placement éthique,
- Compte courant hors banque…
Vous avez donc la possibilité, si vous le souhaitez, de choisir une alternative aux banques les plus nuisibles. En fait, c’est même assez simple – pas plus compliqué que de migrer vos comptes d’une banque à une autre.
Mais concrètement, quels sont les choix qui s’offrent à vous ?
Dans cet article, nous allons les passer en revue et les analyser.
(Je précise que cette publication ne fait PAS l’objet d’un partenariat et qu’aucun des liens ci-dessous n’est affilié ou sponsorisé. Mon but ici est simplement de vous informer, en restant aussi objectif que possible.)
Banque éthique et banque classique : les différences
Tout d’abord, sur quoi se base-t-on pour qualifier un établissement de « banque éthique » ?
Celui-ci doit être :
1 – Une banque coopérative
On peut séparer les banques en deux catégories, selon la manière dont les grandes décisions sont votées au sein de l’établissement :
- Les banques en Société anonyme : une action égale une voix.
- Les banques coopératives (ou mutualistes) : une personne égale une voix.
Vous comprenez bien qu’une société anonyme va automatiquement favoriser les gros actionnaires et écarter (ou quasiment réduire au silence) les clients « lambda »…
Tandis qu’au sein d’une banque coopérative le système de décision est beaucoup plus égalitaire et « démocratique ».
On pourrait donc penser qu’une banque mutualiste est automatiquement plus juste et plus éthique qu’une société anonyme. Eh bien, comment dire…
En fait, non.
En France, près de la moitié des banques ont le statut de banque coopérative ! Parmi elles, on trouve :
- le Crédit agricole
- le groupe BPCE (Banque Populaire – Caisse d’Épargne)
- Le Crédit mutuel, etc.
Pas besoin de vous faire un dessin, tous ces établissements ne sont pas des modèles de vertu…
Le statut de banque coopérative est donc important, mais pas suffisant !
2 – Un établissement transparent
Autre point important : la transparence.
Une banque éthique doit être exemplaire sur ce point. Les méthodes employées et les investissements réalisés sont facilement accessibles.
En effet, on connaît bien le genre d’écarts liés à l’opacité bancaire. Quand le nom d’une affaire se termine par « leaks » ou par « papers », il y a de bonnes chances pour que ça ait un rapport – proche ou lointain…
Alors on va s’en passer, merci !
3 – Une banque solidaire
Pour répondre à tous nos critères, l’établissement devra être également solidaire, c’est à dire que :
- Le profit ne doit pas être sa priorité
- Les fonds récoltés qu’elle récolte doivent servir à financer des projets éthiques, dans les domaines sociaux, environnementaux ou culturels
Un organisme européen, la FEBEA (Fédération européenne de finances et banques éthiques et alternatives), s’assure que ces critères sont correctement remplis.
Quels choix pour la France ?
En France, nous avons accès à deux banques éthiques répondant à l’ensemble des conditions ci-dessus :
- Le Crédit coopératif : conçu au départ comme le service bancaire des SCOP et entreprises sociales et solidaires, il s’est depuis ouvert aux particuliers. Vous pourrez y faire des placements éthiques et y trouverez tous les services bancaires classiques.
- La Nef : banque spécialisée dans le placement éthique. Elle est ouverte aux particuliers, mais ne propose pour l’instant que des livrets et produits d’épargne éthique et solidaire. L’ouverture d’un compte courant sera possible prochainement.
Et c’est confirmé par une étude comparative de l’ONG Les amis de la terre (qui sera évoquée dans le témoignage qui suit) :
Il faut cependant noter deux choses :
- La Nef est partenaire du Crédit coopératif. Ce partenariat lui permet d’assurer certaines de ses missions bancaires.
- Et le groupe BPCE (Banque populaire / Caisse d’épargne) est l’organe central du Crédit coopératif, c’est-à-dire qu’il le représente auprès des pouvoirs publics et garantit sa solvabilité.
Bien que les accords qui relient tout ce petit monde soient assortis de garanties d’autonomie, il n’en demeure pas moins que BPCE exerce un contrôle sur le Crédit coopératif et, indirectement, une influence sur la Nef.
Vous voilà prévenus : les banques éthiques « officielles » sont en partie dépendantes des grosses banques classiques… Vous ne vous affranchirez pas vraiment du système en y transférant votre argent.
En revanche, vous pourrez encourager avec votre épargne des projets plus éthiques, écologiques et solidaires.
Concrètement, ça donne quoi ? Témoignage d’un client de la Nef
Qu’est-ce qui motive les clients des banques éthiques ? Que trouvent-ils dans ces établissements ? En sont-ils satisfaits ?…
Pour en savoir plus, j’ai échangé avec Jean D., 24 ans, client à la NEF. Voici son retour d’expérience :
Comment as-tu découvert la Nef ?
Je suis depuis quelques années en questionnement sur ma consommation, sur la façon dont je contribue à tout ce système, et c’était assez naturel de me poser la question d’où allaient mes sous…
J’ai entendu parler de la NEF grâce à ce comparatif de l’empreinte carbone des banques réalisé par les Amis de la Terre.
J’y suis donc passé pour mon épargne. Je migrerai mon compte courant chez eux dès qu’ils en offriront la possibilité.
Quels avantages trouves-tu à la Nef par rapport ton ancienne banque ?
En dehors de l’aspect éthique ?…
Aucun !
Je peux donner mes intérêts à une asso au choix. Ça c’est sympa.
Je sais aussi que mon argent ne financera pas d’extraction de ressources fossiles, ou de projets nocifs pour l’environnement ou pour des populations locales.
Mais cette certitude seule vaut largement le changement.
Vois-tu des aspects négatifs à la Nef ou des défauts dans leur offre ?
Ils n’ont pas encore de compte courant, ce qui est dommage (mais c’est prévu pour bientôt je crois !)
Et si on cherche à gagner de l’argent via les intérêts, c’est pas le meilleur placement. Mais j’imagine que s’enrichir avec les intérêts et épargner durable n’est de toute façon pas compatible…
Par ailleurs, ils n’ont pas d’agence physique à laquelle je peux aller en cas de souci.
Sinon leur service est relativement réactif.
Cela dit, il faut compter facile 72 – 96 h pour que les virements soient pris en compte. Mais ce n’est que ma propre expérience, peut-être que ce n’est pas lié à la nef en particulier.
Un compte courant alternatif : Nickel
Autre possibilité, assez peu évoquée quand on parle de banques éthiques : sortir du circuit classique des banques de dépôt.
En effet, la plupart des banques de dépôt – pour ne pas dire toutes – ont aussi des activités financières. Et, à tout le moins, elles vont accorder des prêts à des entreprises ou des particuliers.
Donc, si vous voulez sortir du système bancaire, créateur massif de dette avec intérêt, et que votre argent en dépôt ne serve pas aux banques pour spéculer, vous pouvez employer un système de gestion de compte courant alternatif : le compte Nickel.
Nickel ne place pas votre argent (il le laisse dormir sur votre compte). Il n’en fait rien à part vous le rendre disponible.
Comme il ne délivre aucun prêt, il interdit aussi tout découvert :
Quand vous n’avez plus d’argent sur votre compte, ben… Vous n’en avez plus, quoi ! Ce qui a quand même le mérite d’éviter les spirales d’agios infernales.
Vous gérez votre compte en ligne, mais vous pouvez également effectuer des opérations de dépôt ou de retrait d’espèces chez les buralistes.
Oui, vous avez bien lu : les bureaux de tabac sont partenaires de l’organisme (c’est chez l’un d’eux qu’il faut aller pour ouvrir un compte)… Du coup, le maillage sur le territoire se pose là : 4000 agences !
L’entreprise Nickel se paie exclusivement grâce aux frais de gestion versés par ses clients (vous pouvez les consulter ici).
Si vous fonctionnez principalement avec des virements et prélèvements en ligne, les frais de gestion sont dérisoires.
Par contre, ça peut s’emballer si vous fonctionnez avec pas mal de cash ou que vous avez des soucis avec la gestion de votre argent (saisies administratives, refus de prélèvement, etc.)
Enfin, Nickel ne propose pas de chéquier et ne permet pas d’encaisser les paiements par chèque. Cela peut être bloquant pour certaines personnes.
A étudier donc, selon votre tempérament et vos habitudes…
NB : il faut noter cependant que depuis 2017, BNP Paribas a racheté 95% des actions de Nickel. Mais en l’état, la filiale ne peut, légalement et de par son statut de simple établissement de paiement, se mettre à faire du crédit ou de l’épargne.
Organismes de placement éthiques
Il existe aussi des organismes non bancaires spécialisés dans les investissements éthiques.
Ces établissements ont pour vocation d’aider certains secteurs de l’économie sociale et solidaire, en particulier dans les domaines de l’énergie et de l’agriculture bio :
- Terre de Liens : association spécialisée dans la préservation des terres agricoles et dans l’aide aux agriculteurs bios. Pour faire simple, l’argent investi sert à acheter du foncier (ferme, terrain), qui est ensuite loué à des fermiers bios qui cherchent à s’installer.
- Blue Bees : plateforme de financement participatif (crowdfunding) destinée aux projets orientés agriculture et alimentation durables.
- Énergie partagée : cet organisme collecte votre épargne pour l’investir dans des projets d’énergie renouvelableet d’économie d’énergie, à visée locale et citoyenne.
Sources
Pour creuser un peu le sujet, je vous recommande la lecture des pages Wikipedia suivantes :
- Banque coopérative
- Placement éthique
- Responsabilité sociétale des entreprises
- Établissement de paiement
Le guide Ooreka « Choisir sa banque », très complet, détaille à peu près tous les types de banques dans un langage simple.
Un très bon guide, évoqué par Jean D. dans son témoignage : le guide Climat: comment choisir ma banque ? des Amis de la terre.
Liens vers les banques et organismes cités dans l’article (je rappelle qu’aucun de ces liens n’est sponsorisé) :
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