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- Afficher une photoLe fonds de pension public de la Norvège se retire de quatre grands groupes asiatiques à cause de leurs activités dans l'huile de palme
Le plus gros fonds souverain au monde a donné lundi un nouveau coup de boutoir à l'industrie de l'huile de palme en annonçant son désengagement de quatre groupes accusés de contribuer à la destruction de la forêt tropicale.
Très écouté en raison de son poids financier --785 milliards d'euros-- et des règles éthiques qui l'encadrent, le fonds de pension public norvégien a indiqué s'être retiré du capital du géant industriel sud-coréen Daewoo International, de sa maison-mère Posco et des groupes malaisiens Genting et IJM.
"Ces entreprises sont exclues sur la base d'une évaluation des risques concernant de graves dégâts environnementaux", a annoncé la banque centrale norvégienne, chargée de la gestion du fonds, dans un communiqué.
La production d'huile de palme, produit aux multiples usages (cosmétiques, alimentaires, bio-carburants), est une industrie controversée, l'extension des palmeraies se faisant parfois aux dépens des forêts primaires qui abritent une faune et une flore riches mais menacées, comme le sont les tigres et les grands singes.
Cela a débouché sur des campagnes de mobilisation, notamment de la part de consommateurs et d'ONG. En juin, la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal avait appelé à cesser de manger du Nutella "parce que c'est de l'huile de palme" avant de présenter ses excuses, le producteur de la pâte à tartiner, l'italien Ferrero, faisant figure d'acteur vertueux dans ce secteur.
Présent au tour de plus de 9.000 entreprises à travers le monde et contrôlant environ 1,3% de la capitalisation mondiale, le fonds norvégien est régi par une série de règles éthiques énoncées par le Parlement norvégien.
Celles-ci lui interdisent notamment d'être investi dans des groupes coupables de violation systématique des droits de l'Homme, fabriquant des armes "particulièrement inhumaines", produisant du tabac ou encore à l'origine de graves dégâts environnementaux.
C'est au nom de ce critère qu'il a annoncé la cession de ses 0,28% dans Daewoo (une part qui valait 9 millions de dollars fin 2014), 0,91% dans Posco (198,1 millions), 0,4% dans Genting (41 millions) et 1,6% dans IJM.
- Standards bafoués -
Indépendamment des recommandations faites par le comité d'éthique qui le conseille dans l'application de ces règles, le fonds a au cours des dernières années mis l'accent de manière de plus en plus prononcée sur l'environnement dans ses choix d'investissement, estimant par exemple que des problèmes tels que la déforestation ou la gestion de l'eau pouvaient affecter la viabilité financière d'une entreprise.
Dès le début 2012, il s'est ainsi retiré --sans les nommer-- du tour de table de 23 producteurs d'huile de palme. L'Indonésie et la Malaisie représentent à elles deux environ 80% de la production mondiale mais l'industrie s'étend aussi de plus en plus en Afrique.
Pour améliorer les pratiques, producteurs, industriels, distributeurs et ONG ont créé en 2004 la Table ronde pour l'huile de palme durable (RSPO), association dont la charte interdit que de nouvelles forêts primaires ou d'autres espaces à haute valeur de conservation ne soient sacrifiés au profit de palmeraies.
Dans le viseur du fonds souverain norvégien lui-même alimenté par les revenus pétroliers de l?État --ce que certains détracteurs ne manquent pas de faire valoir--, ni Daewoo ni Posco ne sont membres de la RPSO.
Détenu à 60% par Posco, Daewoo possède 85% d'une entreprise indonésienne disposant d'une concession sur 32.500 hectares, en grande partie recouverts de forêts tropicales, en Papouasie indonésienne. Mais l'huile de palme ne représente qu'une infime fraction des activités des deux groupes sud-coréens.
"C'est le signe que le fonds de pension prend la thématique très au sérieux", s'est félicité Nils Hermann Ranum, un responsable de la Rainforest Foundation Norvège.
Genting et IJM, pour leur part, sont membres de la RSPO mais accusés de ne pas en respecter les principes ou d'être insuffisamment transparents.
"Cela montre que la RSPO est archaïque pour ce qui est de la certification environnementale", a estimé M. Ranum. "Si elle veut qu'on continue à la prendre au sérieux, il va falloir qu'elle resserre sa réglementation".
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