Salut aux compagnons du coquelicot. Courage et continuez à militer en faveur de la disparition de l'espèce humaine. Les autres espèces le valent bien !
Et, quand, on continue à parler de la crise alimentaire qui s'annonce.
(source : Irin News)
D’éminents scientifiques internationaux spécialisés dans le blé se sont rassemblés à Pékin, en Chine, pour un colloque mondial sur cette maladie en rapide mutation, organisé par la Borlaug Global Rust Initiative (BGRI). La découverte de cette nouvelle variante porte le nombre total de nouvelles souches d’Ug99 présentes en Afrique du Sud à quatre, ont dit à IRIN des scientifiques participant au colloque.
« [L’apparition] des variantes d’Ug99 en Afrique du Sud peut s’expliquer de deux façons », a dit Zacharias Pretorius, professeur en pathologie végétale à l’université de l’État libre, en Afrique du Sud. « Premièrement, les spores fongiques ont pu être transportées par le vent depuis des pays au nord du nôtre, où nous avons détecté des [mutations] similaires. Deuxièmement, je crois qu’au moins une de ces quatre variantes s’est développée localement par mutation. »
Heureusement, a dit M. Pretorius, l’espèce de blé qui semble la plus vulnérable à la nouvelle variante d’Ug99 n’est pas très populaire parmi les consommateurs. L’apparition de cette nouvelle souche de rouille indique cependant à quel point ce champignon est virulent.
Le champignon menace également les champs de blé d’Australie, l’un des plus grands producteurs du monde. Dave Hodson, un scientifique de l’International Maize and Wheat Improvement Centre (CIMMYT), basé au Mexique, a signalé que des spores de rouilles avaient déjà migré d’Afrique du Sud en Australie à trois reprises, la dernière fois en 1973.
Lorsqu’en 1969, des spores du champignon avaient migré de l’Afrique du Sud vers l’Australie, cela avait causé des épidémies qui avaient détruit des centaines de milliers de dollars de blé.
La polio de l’agriculture
La rouille des tiges du blé, également appelée rouille noire du blé, est une maladie transmise par le vent qui peut détruire des champs entiers. L’agent pathogène s’introduit dans la tige de la plante et détruit son tissu vasculaire. Le blé peut être affecté par trois types de rouille, mais selon la BGRI, la rouille des tiges est la plus redoutée.
Plusieurs épidémies se sont déclenchées en Afrique de l’Est, notamment au Kenya, qui a été le premier pays attaqué par la souche originale de l’Ug99 après la découverte de la maladie en Ouganda en 1999. Selon le CIMMYT, peu de fermiers savent reconnaître les premiers symptômes de rouille et savent qu’il faut détruire les plantes infectées pour éliminer les spores. En 2007, des épidémies ont causé la perte de 15 à 30 pour cent de la production de blé au Kenya.
Le champignon a commencé à muter rapidement au cours des dernières années. C’est pourquoi il a été surnommé la « polio de l’agriculture ». Les nouvelles mutations, ou « races », de la rouille des tiges ont acquis la capacité de vaincre deux des principaux gènes de résistance à cette maladie, qui sont largement utilisés dans les programmes de sélection du blé partout dans le monde.
La présence de la nouvelle souche a également été signalée au Zimbabwe.
Et, oui, mes chers cinq lecteurs, la vie, c'est comme ça. Mais, est-ce que cela va changer quelque chose dans la manière de nos politiques et soi-disant experts en tout genre afin d'interdire la spéculation sur les denrées agricoles.
Non, je ne le crois pas, car, ils ne sont pas concernés par les centaines de milliers de personnes en danger de mort.
(source : Le Matin en ligne)
A la Banque mondiale, l’heure est à l’alarmisme. +25% pour le maïs et le blé, +17% pour le soja: les prix de ces produits de base se sont envolés ces dernières semaines.
«Les prix alimentaires ont de nouveau fortement augmenté et menacent la santé et le bien-être de millions de personnes», signale l’institution.
Les pays du G20 sont sous pression croissante et pourraient décider d’un sommet extraordinaire ce mois encore.
On se souvient de la crise alimentaires et des émeutes de la faim de 2007-2008. Rebelote cette fois encore? «Le risque est là», juge Ronald Jaubert, professeur à IHEID Genève.
Le Matin - Assiste-t-on ces dernières années à la succession d’épisodes d’une même crise alimentaire ou à plusieurs crises alimentaires?
Ronald Jaubert – On est dans une crise alimentaire qui dure depuis des années. Indépendamment de la variation des prix, plus de 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La flambée des prix ne fait qu’accentuer la crise. Le scénario actuel est comparable à ce qui s’est passé en 2007-2008: une flambée des prix, pas surprenante dans la mesure où rien n’a été fait pour palier le facteur d’instabilité. Dans la situation actuelle, les pics de crise vont se répéter, à échéance de tous les deux ou trois ans.
Est-il juste de mettre les fortes hausses de prix des matières premières agricoles sur le dos de la sécheresse et des mauvaises récoltes qui en découlent?
Cela contribue à l’explication. Mais cette crise, comme de nombreuses crises, est multifactorielle. Les variations de production n’ont rien d’exceptionnel. L’agriculture a toujours été fonction du climat. Le problème est que ces fluctuations de production ont des effets très rapides sur les prix. Un ensemble de facteurs contribuent à expliquer cette situation.
Par exemple?
L’augmentation de la production de riz ou de blé dans le monde tend à se ralentir depuis les années 2000. Les rendements n’augmentent plus autant qu’avant. Mis en relation avec l’augmentation de la population, cela créé des tensions. Un autre facteur concerne le maïs. Le maïs est capté par la production d’agro-carburant. Autre phénomène non-négligeable: depuis 2007-2008, la spéculation se fait plus intense sur les matières premières, dont les matières premières agricoles. Ce qui a pour effet d’accentuer les variations. Sur le plan scientifique, le problème est que pour l’instant, on n’est pas capable de faire la part des choses. On ne sait pas chiffrer l’importance de chacun de ces facteurs. Ce qui complique la réponse à apporter.
Concrètement, voyez-vous une porte de sortie?
Il n’existe pas une mesure mais une batterie de mesures, complémentaires dans le temps. La plus immédiate, mais peut-être aussi une des plus compliquées en raison des résistances suscitées, serait de limiter la spéculation. Elle touche à la réglementation des marchés à terme. Se posent aussi des questions de régulation des prix, d’augmentation de la production, de reconstitution des stocks. Un des problèmes actuels, par exemple, est que les stocks mondiaux sont très faibles.
Mais de nos jours, la production est-elle suffisante pour nourrir l’humanité?
Oui, probablement. Le problème n’est pas tant celui des quantités produites que de l’accès. En période d’augmentation des prix, la partie de la population la plus pauvre n’a plus les moyens de s’approvisionner. Au total, il semble que la production soit suffisante et qu’il est encore possible de l’augmenter. Mais certaines estimations font aussi état d’une perte de 25% à 33% de la production. Au Nord, nos modes de consommation font qu’une partie de la nourriture part à la poubelle. Au Sud, on estime que 30% de la production est détruite par des parasites lors du stockage. Il y a donc besoin d’augmenter la production, mais il existe surtout des marges de manœuvre colossales en limitant les pertes. (Newsnet) "
Et, pour finir cette intéressante revue de presse, un dernier article de Beurk.com sur la spéculation sur les denrées agricoles.
Les spéculateurs attribuent la hausse des prix des produits alimentaires, à la demande en hausse de viande et de laitage des pays émergents (Inde et de Chine), au développement des biocarburants, à l’augmentation de la population, aux catastrophes climatiques.
Certes, mais cette combinaison de plusieurs facteurs naturels et humains n’explique pas tout.
Pour certains experts de la finance, la spéculation sur les matières premières a son rôle dans la hausse des prix. Elle ne provoque pas seulement de l’inflation mais, affame les plus démunis.
Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation se bat depuis des années contre l’appétence des spéculateurs pour les matières premières agricoles qui tue des millions de personnes dans le monde.
Sociologue et aujourd’hui vice-président du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies il dénonce dans son dernier livre une « Destruction massive, géopolitique de la faim. »
Pour les spéculateurs le terme spéculation est l’ « Espoir » d’un meilleur portefeuille pour ses clients.
Les contrats à terme apparaissent à la fin du XIXe à Chicago.
L’idée est de permettre aux agriculteurs de limiter les risques de pertes liés aux fluctuations des prix. Lorsque les prix chutent l’agriculteur est protégé. À l’inverse lors d’une flambée des prix, les investisseurs réalisent des profits.
Deux types de spéculateurs interviennent sur ces marchés à terme :
Entre les deux guerres les excès de la spéculation sur les produits agricoles amènent en 1936 Franklin Roosevelt, à limiter les contrats à terme aux acteurs qui n’ont aucun lien direct avec le commerce physique des céréales. Ils ne peuvent pas acquérir plus de 600 contrats à terme par type de céréale. À la différence des opérateurs de couverture
1973
Jusqu’en 1973 les échanges de capitaux internationaux étaient scrupuleusement contrôlés. Mais sous la pression du financement de la guerre du Vietnam, le gouvernement américain cède au lobby financier. Les pays occidentaux ne contrôlent plus les marchés financiers.
Dès lors le commerce mondial passe aux mains des financiers. Les banques et autres fonds créent de nouveaux contrats à terme qui deviennent des produits purement financiers.
En parallèle les banques négocient des contrats directement avec leurs clients « de gré à gré » sans passer par le circuit boursier. Elles échappent ainsi à tout contrôle de la CFTC (organisme indépendant chargé de réglementer les marchés à terme aux États-Unis).C’est le début de la déréglementation des marchés des matières premières.
La CFTC souhaite en 1998 renforcer les contrôles. Mais la puissance des lobbies financiers est telle que les marchés à terme s’ouvrent aux investisseurs extérieurs, ayant aucune idée de ce qu’est une matière première. Plus aucune limite sur les contrats à terme.
Jusqu’à la fin des années 90, cette spéculation est réservée à quelques gros investisseurs.
2000
Le 19 mars 2000, la bulle Internet éclate. Cinq ans auparavant les investisseurs s’emballent sur le marché des nouvelles technologies et surévaluent leur valeur. C’est la chute début 2000. Les investisseurs recherchent désespérément de nouvelles alternatives. Les matières premières deviennent leur nouvelle cible.
2004
L’étude de l’université de Yale qui démontre comment faire de bons profits en spéculant sur les matières premières connaît un succès auprès de la finance dans le monde entier. Les matières premières deviennent alors des actifs très rentables et très prisées.
Jusqu’à la fin des années 90, les contrats purement spéculatifs ne représentent que 20 % du marché des matières premières. De 1999 à 2006 ils représentent 80 % du marché.
Jean Ziegler sur Bastamag:
Jean Ziegler :
Selon la FAO seulement 2 % des contrats à terme sur des matières alimentaires aboutissent à des livraisons de marchandises réelles. Le reste est purement spéculatif. Elle estime que depuis 2008 les contrats à terme ont augmenté de 40 à 80 %.
Jusqu’au début des années 2000 les contrats à terme protègent les agriculteurs, les négociants et les entreprises de transformation alimentaire. Avec l’éclatement de la bulle d’Internet en 2000, la crise financière de 2008 et l’arrivée en masse de capitaux purement spéculatifs, le marché des matières premières devient à 70 % spéculatif.
Exemple de l’impact du prix du pétrole :
En 2008 les spéculateurs investissent dans le pétrole pour fuir le marché immobilier en crise.
Le prix du pétrole augmente de 50 % entre janvier et juin et passe de 95 à 147 dollars par baril. Pourtant, à l’époque les cuves sont pleines et la demande est en baisse.
L’arrivée en masse des capitaux spéculatifs sur les marchés des matières premières provoque un choc pétrolier artificiel.
Étant donné que la production des matières agricoles consomme énormément d’énergie la hausse du prix du pétrole se répercute automatiquement sur celui des céréales.
Outre le fait d’entraîner l’économie mondiale dans un gouffre financier, les spéculateurs aggravent la crise alimentaire.
Le 16 juillet 2010 Anthony Ward, co-fondateur du groupe a pu acheter et stocker 7 % de la production mondiale annuelle de cacao. À la City, les traders l’ont surnommé « Chocolate Finger ».
Début 2011 c’est la crise ivoirienne, la suspension des exportations de cacao, la flambée des prix et le jackpot pour Amajaro. contribuant à propulser le prix du chocolat à sa cote la plus élevée depuis trente-trois ans.
Depuis la crise de 2008 et les émeutes de la faim qui ont suivi, un débat sur re-réglementation des marchés est en œuvre. Pour le moment le lobbie de la finance a eu raison des bonnes volontés politiques.
Les marchés des matières premières ne cessent d’attirer de nouveaux spéculateurs. Les marchés sont très nerveux et beaucoup s’attendent à un crash boursier.
Jean Ziegler :
« En raison de la crise financière, les ressources du Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de l’aide d’urgence, ont diminué de moitié, passant de 6 milliards de dollars à 2,8 milliards.
Les pays industrialisés ne paient plus leurs cotisations, car il faut sauver la Grèce, l’Italie et les banques françaises. Une coupe budgétaire qui a un impact direct sur les plus démunis. Dans la corne de l’Afrique, le PAM est contraint de refuser l’entrée de ses centres de nutrition thérapeutique à des centaines de familles affamées qui retournent dans la savane vers une mort presque certaine. »
Pourtant un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’agriculture mondiale pourrait aujourd’hui nourrir normalement 12 milliards d’humains.
Sources :
> bastamag
> foodwatch
> alterinfo
> latribune
> latribune
> finance times
> courrierinternational
> oecd
> leblogfinance
J'espère que vous avez pu vous faire une opinion, mes chers cinq lecteurs.
Peut-être, me la communiquerez-vous.
A bientôt.
René.
Et, quand, on continue à parler de la crise alimentaire qui s'annonce.
(source : Irin News)
ALIMENTATION: Une nouvelle souche de champignon menace le blé en Afrique du Sud
JOHANNESBOURG, 4 septembre 2012 (IRIN) - Alors que le marché mondial des céréales de base est de plus en plus tendu, les scientifiques viennent d’apprendre la découverte en Afrique du Sud d’une nouvelle souche de rouille des tiges Ug99, une maladie fongique virulente pouvant dévaster des champs de blé entiers en quelques semaines.D’éminents scientifiques internationaux spécialisés dans le blé se sont rassemblés à Pékin, en Chine, pour un colloque mondial sur cette maladie en rapide mutation, organisé par la Borlaug Global Rust Initiative (BGRI). La découverte de cette nouvelle variante porte le nombre total de nouvelles souches d’Ug99 présentes en Afrique du Sud à quatre, ont dit à IRIN des scientifiques participant au colloque.
« [L’apparition] des variantes d’Ug99 en Afrique du Sud peut s’expliquer de deux façons », a dit Zacharias Pretorius, professeur en pathologie végétale à l’université de l’État libre, en Afrique du Sud. « Premièrement, les spores fongiques ont pu être transportées par le vent depuis des pays au nord du nôtre, où nous avons détecté des [mutations] similaires. Deuxièmement, je crois qu’au moins une de ces quatre variantes s’est développée localement par mutation. »
Heureusement, a dit M. Pretorius, l’espèce de blé qui semble la plus vulnérable à la nouvelle variante d’Ug99 n’est pas très populaire parmi les consommateurs. L’apparition de cette nouvelle souche de rouille indique cependant à quel point ce champignon est virulent.
Le champignon menace également les champs de blé d’Australie, l’un des plus grands producteurs du monde. Dave Hodson, un scientifique de l’International Maize and Wheat Improvement Centre (CIMMYT), basé au Mexique, a signalé que des spores de rouilles avaient déjà migré d’Afrique du Sud en Australie à trois reprises, la dernière fois en 1973.
Lorsqu’en 1969, des spores du champignon avaient migré de l’Afrique du Sud vers l’Australie, cela avait causé des épidémies qui avaient détruit des centaines de milliers de dollars de blé.
La polio de l’agriculture
La rouille des tiges du blé, également appelée rouille noire du blé, est une maladie transmise par le vent qui peut détruire des champs entiers. L’agent pathogène s’introduit dans la tige de la plante et détruit son tissu vasculaire. Le blé peut être affecté par trois types de rouille, mais selon la BGRI, la rouille des tiges est la plus redoutée.
Plusieurs épidémies se sont déclenchées en Afrique de l’Est, notamment au Kenya, qui a été le premier pays attaqué par la souche originale de l’Ug99 après la découverte de la maladie en Ouganda en 1999. Selon le CIMMYT, peu de fermiers savent reconnaître les premiers symptômes de rouille et savent qu’il faut détruire les plantes infectées pour éliminer les spores. En 2007, des épidémies ont causé la perte de 15 à 30 pour cent de la production de blé au Kenya.
Le champignon a commencé à muter rapidement au cours des dernières années. C’est pourquoi il a été surnommé la « polio de l’agriculture ». Les nouvelles mutations, ou « races », de la rouille des tiges ont acquis la capacité de vaincre deux des principaux gènes de résistance à cette maladie, qui sont largement utilisés dans les programmes de sélection du blé partout dans le monde.
La présence de la nouvelle souche a également été signalée au Zimbabwe.
Et, oui, mes chers cinq lecteurs, la vie, c'est comme ça. Mais, est-ce que cela va changer quelque chose dans la manière de nos politiques et soi-disant experts en tout genre afin d'interdire la spéculation sur les denrées agricoles.
Non, je ne le crois pas, car, ils ne sont pas concernés par les centaines de milliers de personnes en danger de mort.
(source : Le Matin en ligne)
«Une menace sur la santé de millions de personnes» Crise alimentaire
Par Pierre-François Besson . Mis à jour le 04.09.2012 5 Commentaires
A la Banque mondiale, l’heure est à l’alarmisme. +25% pour le maïs et le blé, +17% pour le soja: les prix de ces produits de base se sont envolés ces dernières semaines.
«Les prix alimentaires ont de nouveau fortement augmenté et menacent la santé et le bien-être de millions de personnes», signale l’institution.
Les pays du G20 sont sous pression croissante et pourraient décider d’un sommet extraordinaire ce mois encore.
On se souvient de la crise alimentaires et des émeutes de la faim de 2007-2008. Rebelote cette fois encore? «Le risque est là», juge Ronald Jaubert, professeur à IHEID Genève.
Le Matin - Assiste-t-on ces dernières années à la succession d’épisodes d’une même crise alimentaire ou à plusieurs crises alimentaires?
Ronald Jaubert – On est dans une crise alimentaire qui dure depuis des années. Indépendamment de la variation des prix, plus de 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La flambée des prix ne fait qu’accentuer la crise. Le scénario actuel est comparable à ce qui s’est passé en 2007-2008: une flambée des prix, pas surprenante dans la mesure où rien n’a été fait pour palier le facteur d’instabilité. Dans la situation actuelle, les pics de crise vont se répéter, à échéance de tous les deux ou trois ans.
Est-il juste de mettre les fortes hausses de prix des matières premières agricoles sur le dos de la sécheresse et des mauvaises récoltes qui en découlent?
Cela contribue à l’explication. Mais cette crise, comme de nombreuses crises, est multifactorielle. Les variations de production n’ont rien d’exceptionnel. L’agriculture a toujours été fonction du climat. Le problème est que ces fluctuations de production ont des effets très rapides sur les prix. Un ensemble de facteurs contribuent à expliquer cette situation.
Par exemple?
L’augmentation de la production de riz ou de blé dans le monde tend à se ralentir depuis les années 2000. Les rendements n’augmentent plus autant qu’avant. Mis en relation avec l’augmentation de la population, cela créé des tensions. Un autre facteur concerne le maïs. Le maïs est capté par la production d’agro-carburant. Autre phénomène non-négligeable: depuis 2007-2008, la spéculation se fait plus intense sur les matières premières, dont les matières premières agricoles. Ce qui a pour effet d’accentuer les variations. Sur le plan scientifique, le problème est que pour l’instant, on n’est pas capable de faire la part des choses. On ne sait pas chiffrer l’importance de chacun de ces facteurs. Ce qui complique la réponse à apporter.
Concrètement, voyez-vous une porte de sortie?
Il n’existe pas une mesure mais une batterie de mesures, complémentaires dans le temps. La plus immédiate, mais peut-être aussi une des plus compliquées en raison des résistances suscitées, serait de limiter la spéculation. Elle touche à la réglementation des marchés à terme. Se posent aussi des questions de régulation des prix, d’augmentation de la production, de reconstitution des stocks. Un des problèmes actuels, par exemple, est que les stocks mondiaux sont très faibles.
Mais de nos jours, la production est-elle suffisante pour nourrir l’humanité?
Oui, probablement. Le problème n’est pas tant celui des quantités produites que de l’accès. En période d’augmentation des prix, la partie de la population la plus pauvre n’a plus les moyens de s’approvisionner. Au total, il semble que la production soit suffisante et qu’il est encore possible de l’augmenter. Mais certaines estimations font aussi état d’une perte de 25% à 33% de la production. Au Nord, nos modes de consommation font qu’une partie de la nourriture part à la poubelle. Au Sud, on estime que 30% de la production est détruite par des parasites lors du stockage. Il y a donc besoin d’augmenter la production, mais il existe surtout des marges de manœuvre colossales en limitant les pertes. (Newsnet) "
Et, pour finir cette intéressante revue de presse, un dernier article de Beurk.com sur la spéculation sur les denrées agricoles.
La scandaleuse spéculation sur les matières agricoles
Entre 2000 et 2011 le prix des matières premières agricoles de base (blé, maïs et riz) ont connu une hausse moyenne de 150 %. Beaucoup d’économistes démontrent que des spéculateurs sans scrupule parient sur les denrées alimentaires dans le but ultime de s’enrichir au détriment de la vie de millions d’être humain.Les spéculateurs attribuent la hausse des prix des produits alimentaires, à la demande en hausse de viande et de laitage des pays émergents (Inde et de Chine), au développement des biocarburants, à l’augmentation de la population, aux catastrophes climatiques.
Certes, mais cette combinaison de plusieurs facteurs naturels et humains n’explique pas tout.
Pour certains experts de la finance, la spéculation sur les matières premières a son rôle dans la hausse des prix. Elle ne provoque pas seulement de l’inflation mais, affame les plus démunis.
Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation se bat depuis des années contre l’appétence des spéculateurs pour les matières premières agricoles qui tue des millions de personnes dans le monde.
Sociologue et aujourd’hui vice-président du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies il dénonce dans son dernier livre une « Destruction massive, géopolitique de la faim. »
« Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Près d’un milliard d’humains sur les 7 milliards que compte la planète souffrent de sous-alimentation. »
« les spéculateurs boursiers qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité.«
Les matières premières des actifs sûrs et profitables
Les matières premières se révèlent être le meilleur investissement pour les spéculateurs. Elles sont sûres et rentables. En 2004 une étude de l’Université de Yale les présentent comme un élément structurel des portefeuilles d’investissement.« Les matières premières peuvent se révéler être le meilleur investissement pour les hedge funds (spéculateurs) parce que le marché est tellement inefficace. Ce qui entraîne une plus grande chance de profit. » propos de Patrick Armstrong, cadre chez Insight Investment Management de Londres.Au cours des 15 années qui précèdent 2006, les prix des produits de base agricoles (blé, mais, riz…) étaient modérés et stables. En 2006 la crise des subprimes aux États-Unis déclenche une spéculation effrénée des matières premières.
« Nous avons commencé à prendre conscience du phénomène [de la spéculation] en 2006. A l’époque, il ne semblait pas très important. Mais en 2007 et 2008, il s’est fortement développé » explique Mike Masters, gestionnaire de fonds chez Masters Capital Management.
La spéculations des matières premières agricoles
Pour les spéculateurs le terme spéculation est l’ « Espoir » d’un meilleur portefeuille pour ses clients.
Les contrats à terme, une longue histoire
L’acheteur et le vendeur déterminent à l’avance le prix d’un produit, appelé sous-jacent, qui sera vendu à une date ultérieure.Les contrats à terme apparaissent à la fin du XIXe à Chicago.
L’idée est de permettre aux agriculteurs de limiter les risques de pertes liés aux fluctuations des prix. Lorsque les prix chutent l’agriculteur est protégé. À l’inverse lors d’une flambée des prix, les investisseurs réalisent des profits.
Deux types de spéculateurs interviennent sur ces marchés à terme :
- Les agriculteurs, les négociants et les entreprises de transformation alimentaire spéculent sur un commerce physique réel. Cette forme de spéculation basée sur la prudence est réglementée et nécessaire pour préserver les agriculteurs. Elle prend en compte les chiffres réels de l’offre et la demande. Ces acteurs, dits opérateurs de couverture se protègent des risques de variation des prix.
- Les banques, les fonds de pension,… quant à eux spéculent dans le seul but de réaliser des profits. Ce sont des opérateurs non commerciaux. Ils n’ont aucun lien avec le commerce réel. Ils négocient simplement à partir de petits papiers, les contrats à terme sans jamais avoir vu un épi de blé.
« Le cas du spéculateur sur le blé Joseph Leitner a fait grand bruit. Durant l‘hiver 1898, il a acheté de grandes quantités de blé des mois en avance et a fait s‘envoler les cours de 50 %. Ce n‘est que quand ses concurrents ont réussi, en affrétant un bateau spécial, à ouvrir une voie dans le lac Michigan gelé et ainsi à permettre les livraisons en provenance des régions septentrionales que les prix ont de nouveau baissé. Leitner a ensuite dû déclarer faillite. »1936
Entre les deux guerres les excès de la spéculation sur les produits agricoles amènent en 1936 Franklin Roosevelt, à limiter les contrats à terme aux acteurs qui n’ont aucun lien direct avec le commerce physique des céréales. Ils ne peuvent pas acquérir plus de 600 contrats à terme par type de céréale. À la différence des opérateurs de couverture
1973
Jusqu’en 1973 les échanges de capitaux internationaux étaient scrupuleusement contrôlés. Mais sous la pression du financement de la guerre du Vietnam, le gouvernement américain cède au lobby financier. Les pays occidentaux ne contrôlent plus les marchés financiers.
Dès lors le commerce mondial passe aux mains des financiers. Les banques et autres fonds créent de nouveaux contrats à terme qui deviennent des produits purement financiers.
En parallèle les banques négocient des contrats directement avec leurs clients « de gré à gré » sans passer par le circuit boursier. Elles échappent ainsi à tout contrôle de la CFTC (organisme indépendant chargé de réglementer les marchés à terme aux États-Unis).C’est le début de la déréglementation des marchés des matières premières.
La CFTC souhaite en 1998 renforcer les contrôles. Mais la puissance des lobbies financiers est telle que les marchés à terme s’ouvrent aux investisseurs extérieurs, ayant aucune idée de ce qu’est une matière première. Plus aucune limite sur les contrats à terme.
Jusqu’à la fin des années 90, cette spéculation est réservée à quelques gros investisseurs.
2000
Le 19 mars 2000, la bulle Internet éclate. Cinq ans auparavant les investisseurs s’emballent sur le marché des nouvelles technologies et surévaluent leur valeur. C’est la chute début 2000. Les investisseurs recherchent désespérément de nouvelles alternatives. Les matières premières deviennent leur nouvelle cible.
2004
L’étude de l’université de Yale qui démontre comment faire de bons profits en spéculant sur les matières premières connaît un succès auprès de la finance dans le monde entier. Les matières premières deviennent alors des actifs très rentables et très prisées.
Jusqu’à la fin des années 90, les contrats purement spéculatifs ne représentent que 20 % du marché des matières premières. De 1999 à 2006 ils représentent 80 % du marché.
« Heiner Flassbeck, économiste en chef de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), a ainsi établi qu’entre 2003 et 2008 la spéculation sur les matières premières au moyen de fonds indexés avait augmenté de 2300% »Référence : Le rapport sur le commerce et le développement 2008 des Nations Unies
Les émeutes de la faim
Suite à la crise des subprimes, les spéculateurs décident de parier en masse sur la hausse des prix des matières premières.Jean Ziegler sur Bastamag:
« Après la crise en 2007 et 2008, les hedge funds spéculateurs ont migré de la finance vers l’alimentation. Goldman Sachs et d’autres créent des produits structurés sur les produits de l’agriculture. En dix-huit mois, le prix du maïs a augmenté de 93 %, celui du riz a augmenté de 104 %, et le cours du blé a doublé. »En 2008 la hausse des prix des produits alimentaires de base déclenche les émeutes de la faim dans 37 pays : Égypte, Haïti, Sénégal, Côte d’ivoire…
Jean Ziegler :
« Et les financiers continuent de spéculer sur les marchés alimentaires. Les prix des trois aliments de base, maïs, blé et riz – qui couvrent 75 % de la consommation mondiale – ont littéralement explosé.
La hausse des prix étrangle les 1,7 milliard d’humains extrêmement pauvres vivant dans les bidonvilles de la planète, qui doivent assurer le minimum vital avec moins de 1,25 dollar par jour. Les spéculateurs boursiers qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité. »
Selon la FAO seulement 2 % des contrats à terme sur des matières alimentaires aboutissent à des livraisons de marchandises réelles. Le reste est purement spéculatif. Elle estime que depuis 2008 les contrats à terme ont augmenté de 40 à 80 %.
Jusqu’au début des années 2000 les contrats à terme protègent les agriculteurs, les négociants et les entreprises de transformation alimentaire. Avec l’éclatement de la bulle d’Internet en 2000, la crise financière de 2008 et l’arrivée en masse de capitaux purement spéculatifs, le marché des matières premières devient à 70 % spéculatif.
« Vous voulez connaître le prix du blé ? Jetez donc un coup d’œil du côté du pétrole »
Les investisseurs financiers spéculent sur l’ensemble des matières premières. Elles sont désormais interconnectées.Exemple de l’impact du prix du pétrole :
En 2008 les spéculateurs investissent dans le pétrole pour fuir le marché immobilier en crise.
Le prix du pétrole augmente de 50 % entre janvier et juin et passe de 95 à 147 dollars par baril. Pourtant, à l’époque les cuves sont pleines et la demande est en baisse.
L’arrivée en masse des capitaux spéculatifs sur les marchés des matières premières provoque un choc pétrolier artificiel.
Étant donné que la production des matières agricoles consomme énormément d’énergie la hausse du prix du pétrole se répercute automatiquement sur celui des céréales.
« Selon les calculs de John Baffes, économiste à la Banque mondiale, les prix du pétrole se répercutent, à travers les coûts de production, à plus de 25 % (facteur 0,28) sur les prix des céréales ».
Outre le fait d’entraîner l’économie mondiale dans un gouffre financier, les spéculateurs aggravent la crise alimentaire.
L’indécence des spéculateurs
Certains achètent et stockent.
L’exemple du groupe Armajaro société d’investissement spécialisée dans les matières premières a défrayé les chroniques.Le 16 juillet 2010 Anthony Ward, co-fondateur du groupe a pu acheter et stocker 7 % de la production mondiale annuelle de cacao. À la City, les traders l’ont surnommé « Chocolate Finger ».
Début 2011 c’est la crise ivoirienne, la suspension des exportations de cacao, la flambée des prix et le jackpot pour Amajaro. contribuant à propulser le prix du chocolat à sa cote la plus élevée depuis trente-trois ans.
D’autres s’amusent au yoyo spéculatif sur les matières agricoles.
« Goldman Sachs a conseillé à ses clients de prendre leurs profits en se mettant à la vente sur les matières premières. Voici quelques jours, Morgan Stanley a répliqué en conseillant, au contraire, à ses clients de profiter de la baisse actuelle pour se remettre à acheter massivement.Marc Fiorentino d’Allofinance.com
Du coup, chaque jour, on assiste à des « swings » de 3 ou 4 % sur toutes les matières premières. Et tous les spectateurs, y compris les politiques qui nous promettent depuis des mois de « briser la spéculation » sur les matières premières, comptent les coups. Un jour, un point pour Goldman Sachs, le lendemain Morgan Stanley égalise, le surlendemain c’est Goldman qui reprend l’avantage. Cette bataille d’influence et d’ego, dans la tradition pure des marchés financiers, bat son plein. »
Depuis la crise de 2008 et les émeutes de la faim qui ont suivi, un débat sur re-réglementation des marchés est en œuvre. Pour le moment le lobbie de la finance a eu raison des bonnes volontés politiques.
Les marchés des matières premières ne cessent d’attirer de nouveaux spéculateurs. Les marchés sont très nerveux et beaucoup s’attendent à un crash boursier.
Jean Ziegler :
« En raison de la crise financière, les ressources du Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de l’aide d’urgence, ont diminué de moitié, passant de 6 milliards de dollars à 2,8 milliards.
Les pays industrialisés ne paient plus leurs cotisations, car il faut sauver la Grèce, l’Italie et les banques françaises. Une coupe budgétaire qui a un impact direct sur les plus démunis. Dans la corne de l’Afrique, le PAM est contraint de refuser l’entrée de ses centres de nutrition thérapeutique à des centaines de familles affamées qui retournent dans la savane vers une mort presque certaine. »
Pourtant un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’agriculture mondiale pourrait aujourd’hui nourrir normalement 12 milliards d’humains.
Sources :
> bastamag
> foodwatch
> alterinfo
> latribune
> latribune
> finance times
> courrierinternational
> oecd
> leblogfinance
J'espère que vous avez pu vous faire une opinion, mes chers cinq lecteurs.
Peut-être, me la communiquerez-vous.
A bientôt.
René.
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