(Plus personne ne considère la Suisse comme un pays neutre et son propre gouvernement ne le revendique plus. L'Autriche reste encore un pays neutre, mais paraît-il son gouvernement aimerait bien se fritter avec la Russie, après tout chacun voit midi à sa porte. note de rené)
par Peter Koenig
Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux,
Depuis plusieurs années, vous, le gouvernement suisse, vous êtes rapprochés progressivement, silencieusement – et sans discussion publique – de l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.
Aujourd’hui, la Suisse dispose déjà d’une délégation de membres associés avec six sièges à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN). Voir ceci.
Il s’agit clairement d’un pas vers une Suisse anti-neutre.
Et anti-démocratique, car vous, honorable gouvernement suisse, n’avez jamais consulté le peuple suisse.
L’OTAN a été créée en 1949, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en tant qu’appareil de défense – principalement sous le prétexte de défendre l’Europe contre les dangers imminents de l’Union soviétique d’alors, la Russie d’aujourd’hui.
L’OTAN a été L’organisation qui a favorisé la guerre froide, pour endoctriner les populations et leur faire craindre une invasion imminente de l’Union soviétique. Plus tard, le monde a découvert qu’il n’y avait jamais eu de danger d’agression de l’URSS contre l’Europe, et encore moins contre les États-Unis.
L’OTAN aurait dû être dissoute au plus tard lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991.
Le Pacte de Varsovie, créé en 1955 pour faire pendant à l’OTAN, a été résolu au début des années 1990.
L’OTAN ne l’a pas été.
L’OTAN n’a jamais été une association de défense – l’OTAN est une machine de guerre.
Et vous, chers Conseillers fédéraux, vous voulez vous rapprocher de l’OTAN et peut-être même y adhérer ?
En 1991, l’OTAN comptait 16 États membres. Aujourd’hui, l’OTAN compte 32 membres, dont 30 en Europe. Les seuls membres transatlantiques sont les États-Unis et le Canada.
Aujourd’hui, l’OTAN est représentée dans plus de 800 bases militaires étasuniennes à travers le monde, dont près de 700 entourent la Russie et la Chine.
Rappelant que la neutralité suisse remonte à près de 210 ans (en 1815), cette citation tirée d’un document interne de la CIA du 23 avril 1955 [OCI n° 3377/55, copie n° 2] peut constituer un rappel significatif de l’importance de la neutralité suisse :
«La neutralité de la Suisse telle qu’envisagée par le traité de Vienne de mars 2815 n’était pas une conception nouvelle, pas plus que sa reconnaissance par les puissances étrangères n’était une idée nouvelle»…… Et le célèbre Acte de neutralité et d’inviolabilité perpétuelles de la Suisse, signé le 20 novembre 1815 par l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Russie et la Prusse, déclarait la Suisse comme un pays neutre perpétuel et contenait les lignes tant citées, «La neutralité et l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toutes les influences étrangères sont dans le véritable intérêt de la politique de l’Europe entière».
Sur son site Internet, le département suisse des Affaires étrangères considère la neutralité de la Suisse comme un bien «inviolable», en référence aux conventions de La Haye d’octobre 1907 – voir ceci.
Pourtant, notre ministre de la Défense et actuel président de la Confédération helvétique rapproche de plus en plus la Suisse du domaine de l’OTAN, sans consulter le peuple suisse.
L’adhésion à l’OTAN sonnerait le glas de la neutralité suisse.
Vous le savez, Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux.
Après tout, l’initiative populaire pour la neutralité de la Suisse a été déposée à la Chancellerie fédérale le 11 avril 2024, avec près de 130 000 signatures valides (il en faut 100 000). Elle sera soumise à une votation populaire, prévue en 2025 / 2026, et si elle est acceptée, la neutralité sera inscrite dans la Constitution suisse.
Budget de l’OTAN
Chers Conseillers fédéraux, vous savez peut-être que le budget total de l’OTAN pour 2024 s’élève à environ 1,4 billion de dollars – dont environ deux tiers sont financés par les États-Unis et un tiers par l’Europe et le Canada. Il s’agit d’un «fonds annuel» pour le meurtre et la destruction – et pour l’enrichissement du complexe militaro-industriel international (IMIC).
Au cours de son premier mandat, le président Trump a appelé les membres européens de l’OTAN à porter leur budget militaire à au moins 2% de leur PIB. Certains pays l’ont fait, d’autres sont encore loin d’atteindre cet objectif.
Voir ceci pour les dépenses actuelles de l’OTAN par pays membre.
source : OTAN via Al-Jazeera
Il est concevable que Trump, dans son nouveau mandat de président des États-Unis, réitère cet appel aux membres européens de l’OTAN.
Le budget militaire suisse pour les quatre années à venir – 2025 à 2028 – est d’environ 30 milliards de francs suisses, soit environ 7,5 milliards de francs suisses par an. Cela équivaut à moins de 1% du PIB suisse estimé pour 2024 (784 milliards de francs suisses). Si la Suisse rejoignait l’OTAN et suivait le mandat de Trump, le budget militaire devrait être doublé pour atteindre environ 15 milliards de francs suisses par an.
Dépenses alternatives
Avec une fraction du budget de l’OTAN pour 2024, qui s’élève à 1,4 billion de dollars, la famine mondiale pourrait être éliminée. Oxfam estime que l’éradication de la faim dans le monde sous toutes ses formes nécessiterait 31,7 milliards de dollars, plus 4 milliards de dollars pour l’allègement de la dette des pays les plus pauvres, soit un total d’environ 35,7 milliards de dollars. Cela représente moins de 3% du budget militaire annuel du G7, ou environ 2,55% du budget de l’OTAN pour 2024.
Voir ceci.
Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux, croyez-vous que les citoyens suisses voudraient participer à cette entreprise monstrueuse et meurtrière qu’est l’OTAN ? Et ce, au détriment de la neutralité suisse ?
Personnellement, je crois que la plupart des Suisses ne veulent pas devenir membre de l’OTAN et renoncer à leur légendaire neutralité.
C’est pourquoi, chers Conseillers fédéraux, je vous demande de bien vouloir reconsidérer, en tant que Confédération suisse souveraine, le fait de ne pas accepter les pressions de l’extérieur et d’abandonner cette démarche anti-neutralité.
Une Suisse neutre serait en mesure de servir de médiateur entre les parties en conflit et de contribuer à la reconstruction d’une société mondiale stable, harmonieuse et pacifique.
source : Mondialisation
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