jeudi 17 octobre 2019

Deux chalutiers géants vident la Manche de ses poissons

98 264 lectures / 15 réactionsArticle mis à jour le 

 source : Notre Planete info   
 
Deux imposants navires de pêche industrielle sont à l'oeuvre dans la Manche, ils vident littéralement cette mer de ses poissons, laissant des miettes aux artisans pêcheurs français et anglais. Une illustration de l'irresponsabilité de la pêche industrielle, en Europe.
Deux navires usines pêchent actuellement dans la Manche, il s'agit du Margiris, l'un des plus gros chalutiers du monde (Hollandais, interdit de pêche en eaux australiennes depuis 2013) et d'Annie Hillina - (Chalutier géant Allemand). Ils ruinent autant la vie aquatique que les petits pêcheurs (notamment français) qui doivent se contenter de ce qu'il reste.
Le Margiris est un chalutier géant de près de 9 500 tonnes et de 143 mètres de long. Au 14 octobre 2019, il pêchait au large de la ville anglaise de Brighton, dans la Manche, à seulement 25 km de l'Annie Hillina, un bateau usine de près de 2 500 tonnes et 84 mètres de long. Tous les deux ont plus de 35 ans d'âge (construits en 1985 et 1981 respectivement).
Déjà en août 2012, Greenpeace avait perturbé le Margiris dans son arrivée au port de Port Lincoln en Australie :
Stéphane Pinto, marin-pêcheur à Boulogne-sur-Mer, et vice-président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM) Hauts de France précise les quantités pêchées par ces chelutiers géants à RTL : "250 tonnes de poisson par jour, cela représente les quantités péchés pour cinq navires mais sur l'année. De petits bateaux comme nous, c'est 50 tonnes par an".
Pour donner un ordre de grandeur, une orque mange de 60 à 80 kg de poissons par jour, un phoque de 2 à 6 kg de poissons par jour. Autrement dit, un chalutier industriel comme le Margiris prélève autant de poissons que l'équivalent de 3 600 orques ou 62 500 phoques en une seule journée...
Sea Sheperd avait déjà documenté une opération de pêche du Annie Hillina l'hiver dernier au large du Golfe de Gascogne. "Un véritable carnage. On s'inquiète à la fois pour les populations de poissons ciblés mais également pour les nombreux dauphins qui vivent en Manche et qui vont mourir en grand nombre, loin des yeux et des consciences." accuse l'association de défense des animaux marins.
Les artisans pêcheurs et Sea Sheperd réclament l'interdiction de ces chalutiers géants. Sea Shperd en profite pour rappeler au collectif anti-phoque dans les Hauts de France et aux tueurs de phoques que "le Margiris pêche en 4 jours de mer, l'équivalent de ce que mange toute la population de phoques en France en 1 AN..." et propose même de faire un "collectif anti chalutiers géants.... On vous y aidera !"

Toujours plus de poissons pêchés dans le monde

En 2016, la production halieutique mondiale a atteint une valeur record d'environ 171 millions de tonnes (8,5 fois plus qu'en 1950 alors que la population mondiale a triplé depuis 1950). Si l'on considère les chiffres par habitant, la consommation de poisson destinée à l'alimentation humaine est passée de 9,0 kg en 1961 à 20,2 kg en 2015, à un taux annuel moyen d'environ 1,5 pour cent. D'après les estimations préliminaires, elle a continué d'augmenter pour atteindre environ 20,3 kg en 2016 et environ 20,5 kg en 2017 (FAO, 2018).
Si la pêche industrielle est une catastrophe, les petits chalutiers français déciment également les populations de dauphins sur la côte atlantique.
Dans le même temps, l'élevage des poissons n'a cessé d'augmenter au point que la moitié des poissons vendus provient maintenant de l'aquaculture.
Serait-ce une alternative durable pour les océans ? En fait non car l'aquaculture entraîne une forte dégradation des écosystèmes où elle est présente sans régler le problème puisque les poissons d'élevage sont nourris en partie avec des poissons sauvages et donc pêchés en mer.
Quelque 86 % des bateaux de pêche à moteur utilisés dans le monde avaient une longueur hors-tout (LHT) inférieure à 12 mètres en 2016 et à peine 2 % de l'ensemble des navires de pêche motorisés avaient une LHT de 24 m ou plus (jauge brute approximativement supérieure à 100), et c'est en Océanie, en Europe et en Amérique du Nord que la proportion de ces embarcations de grande taille était la plus élevée.
Sur les 4,6 millions de bateaux de pêche dans le monde, 44 600 navires de pêche ont une LHT d'au moins 24 m en 2016, selon les estimations de la FAO.

Aucun commentaire: