mardi 7 janvier 2025

 (Ils ont préféré détruire le régime assad qui reconnaissait l'égalité homme/femme. note de rené)


La «politique étrangère féministe» en action: la ministre allemande des Affaires étrangères Baerbock rencontre des terroristes d’Al-Qaïda en Syrie

par SLT 7 Janvier 2025, 09:13 Baerbock HTS DJihadisme Syrie Al Nosra Al Quaïda Terrorisme Allemagne Articles de Sam La Touch

Lorsque la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a présenté ses « Orientations pour une politique étrangère féministe» en mars 2023, nous avions écrit que ce projet, aussi absurde que réactionnaire, «visait en définitive à faire valoir des intérêts géostratégiques et économiques». Si nécessaire, cela se ferait également «en étroite coopération avec les régimes les plus réactionnaires du monde».

Le dirigeant de fait de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abou Mohammed al-Golani, au centre, rencontre la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à gauche, et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à droite, à Damas, le vendredi 3 janvier 2025. [AP Photo/SANA]

Le dirigeant de fait de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abou Mohammed al-Golani, au centre, rencontre la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à gauche, et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à droite, à Damas, le vendredi 3 janvier 2025. [AP Photo/SANA]

A cet égard, le dernier voyage de Baerbock en Syrie a constitué un nouveau point d’orgue. Vendredi dernier, à Damas, elle a rencontré des représentants du nouveau régime islamiste du HTS et son chef, Abou Mohammed al-Jolani (de son vrai nom Ahmed al-Sharaa). Qualifier al-Jolani de réactionnaire serait un euphémisme. Jolani est l’ancien émir du Front al-Nosra, d’abord lié à l’État islamique, puis à Al-Qaïda. L’organisation a été désignée comme organisation terroriste par l’ONU en 2013.

La même année, al-Jolani annonçait dans un message vidéo: «Les fils du Front al-Nosra prêtent allégeance au cheikh Ayman al-Zawahiri». Al-Zawahiri était chef d’al-Qaida depuis l’assassinat d’Oussama ben Laden en 2011 par les forces spéciales américaines. Il a ensuite soutenu al-Jolani en lui fournissant des combattants et des armes, qu’al-Nosra a utilisés pour commettre des attentats terroristes meurtriers.

En octobre 2013, Human Rights Watch publia un rapport décrivant comment le Front al-Nosra, en collaboration avec d’autres groupes armés d’opposition, avait organisé des massacres dans les zones rurales du gouvernorat syrien de Lattaquié, entre le 4 et le 18 août 2013, tuant au moins 190 civils et prenant plus de 200 otages. Au moins 67 personnes auraient été exécutées lors de cette opération à proximité de villages de confession alaouite.

En 2015, al-Nosra diffusait une vidéo intitulée «Les héritiers de la gloire», qui comprenait d’anciens enregistrements audio d’Oussama ben Laden, notamment sa déclaration de 1998: « C’est ainsi que nous voulons inciter la nation islamique à se soulever pour libérer ses pays et mener le djihad dans la voie d’Allah et établir la loi d’Allah, afin que la parole d’Allah prévale». La vidéo glorifiait également les attentats du 11 septembre.

Dans un rapport publié en juillet 2016, Amnesty International accusa le Front al-Nosra de torture, d’enlèvements d’enfants et d’exécutions sommaires. En décembre 2014, par exemple, les combattants du Front al-Nosra avaient exécuté une femme accusée d’adultère et lapidé à mort des femmes accusées de relations extraconjugales. Dans l’ensemble, ils avaient «interprété de manière stricte la charia et imposé des châtiments pour des violations présumées qui s’apparentent à de la torture ou à d’autres mauvais traitements», dit ce rapport.

En outre, le Front al-Nosra a commis de nombreux attentats terroristes dans les principales villes syriennes, notamment à Damas, Alep et Homs, qui ont fait plusieurs dizaines de morts. La terreur des combattants d'al-Jolani était si massive que le gouvernement américain a également classé le HTS (Hayat Tahrir al-Sham – Organisation pour la libération du Levant), issu du Front al-Nosra, comme organisation terroriste étrangère et a mis à prix, pour 10 millions de dollars, la tête d'al-Jolani même.

Entre-temps, les États-Unis ont retiré la prime et des responsables occidentaux comme Baerbock et son homologue français Jean-Noël Barrot se rendent en pèlerinage à Damas au nom de l’UE pour rendre hommage aux djihadistes. Les raisons de cette décision sont évidentes. «Ils pensent tous pouvoir utiliser HTS comme sous-traitant pour faire avancer leurs intérêts géostratégiques dans ce pays ravagé par la guerre», écrivons-nous dans une analyse récente.

Berlin se distingue tout particulièrement dans la minimisation des islamistes, cela afin de garantir l'influence allemande dans l'assujettissement impérialiste de la Syrie et de l'ensemble du Moyen-Orient après la chute du régime d'Assad. Baerbock a déclaré dans un communiqué: «Nous savons d’où vient HTS sur le plan idéologique, ce qu’il a fait dans le passé. Mais nous entendons et voyons aussi le désir de modération et d’entente avec d’autres acteurs importants». On allait continuer de «mesurer HTS à l’aune de ses actions», mais on ne devait pas «laisser passer l’occasion de soutenir le peuple syrien à ce carrefour important».

En fait, des manifestations de masse contre le HTS (article en anglais) se sont déjà développées en Syrie peu après l’arrivée au pouvoir des islamistes. Les djihadistes sont perçus comme une menace particulière par les minorités religieuses et confessionnelles. Selon les médias, le nombre de perquisitions, de pillages, de harcèlement de femmes et d’exécutions a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir du HTS, en particulier dans les zones habitées par une majorité d’alaouites.

Tout cela n’a pas empêché Baerbock d’accueillir chaleureusement al-Jolani – même s’il a démonstrativement refusé, parce que femme, de lui tendre sa main trempée de sang. Dans une interview accordée durant son retour, Baerbock s’est malgré tout réjouie de constater qu’elle avait également parlé avec l’islamiste des «droits des femmes» au cours de leur «longue et intense conversation». Elle a encore souligné que la banque centrale syrienne était à présent dirigée par une femme.

Le rapprochement de Baerbock avec les terroristes soi-disant purifiés du HTS va de pair avec son soutien au régime israélien de Netanyahou, en train de commettre un génocide contre les Palestiniens et qui bombarde désormais certaines parties de la Syrie, ainsi qu’avec l’escalade militaire menée par l’OTAN contre la Russie. Près de deux ans après la publication des lignes directrices, on sait ce que signifie essentiellement la «politique étrangère féministe»: la terreur impérialiste, les meurtres en masse et la guerre.

(Article paru en anglais le 6 janvier 2025) 

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