lundi 14 octobre 2024

 (Pourquoi parler autant d'une filière industrielle qui est déjà morte à cause de nos dirigeants européens ? En fait, ils ont peur d'être accusés de cette faillite, sauf que c'est vrai, ce sont eux qui l'ont coulé, quand je dis eux, je parle aussi des députés européens, il faudrait arrêter de les cacher.  note de rené)


Les constructeurs automobiles européens se dirigent-ils vers une spirale mortelle ?

L’industrie automobile européenne, longtemps leader mondial en matière d’innovation et de fabrication, est aujourd’hui confrontée à une crise existentielle. Alors que les ventes de véhicules électriques (VE) sont en forte baisse, que les grèves se multiplient et que les coûts de l’énergie augmentent, l’avenir de la production automobile en Europe est de plus en plus incertain. Alors que ces défis s’intensifient, nombreux sont ceux qui se demandent si l’industrie peut survivre sous sa forme actuelle.

Geopolintel

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par Dionysis Partsinevelos

Les constructeurs automobiles sont en difficulté face à la chute des ventes de véhicules électriques. Le marché européen des véhicules électriques, autrefois salué comme une success story, a connu un fort déclin ces derniers mois.

Les ventes de véhicules électriques ont chuté de 36% dans la région en août, l’Allemagne, le plus grand marché automobile d’Europe, étant la plus touchée par ce ralentissement, avec une chute vertigineuse de 69% des ventes de véhicules électriques.

Selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), cette forte baisse de la demande a poussé les constructeurs automobiles à chercher des solutions. La baisse des ventes intervient après que de nombreux gouvernements européens ont réduit les incitations financières qui rendaient les véhicules électriques plus abordables. Combiné à une inflation élevée et à la hausse des coûts de l’énergie, ce recul a rendu plus difficile pour les consommateurs de justifier le passage déjà coûteux aux véhicules électriques. En conséquence, la part de marché des véhicules électriques a diminué à 14% en août, contre un peu plus de 15% l’année précédente.

Les constructeurs comme Volkswagen et Renault, qui misaient autrefois beaucoup sur une transition réussie vers l’électrique, ont désormais du mal à atteindre les objectifs d’émissions de leur flotte européenne, qui devraient se resserrer en 2025.

Le non-respect de ces normes pourrait entraîner des amendes de plusieurs milliards d’euros pour les constructeurs automobiles, ce qui accentuerait encore la pression sur le secteur. BMW, l’un des principaux constructeurs automobiles du continent, a déjà abaissé ses prévisions de bénéfices pour l’ensemble de l’année en raison de la faiblesse des ventes de véhicules électriques. Pendant ce temps, Volkswagen envisage de fermer des usines nationales pour la première fois depuis des décennies. Cela a conduit à une augmentation des conflits sociaux, avec des grèves et des manifestations dans toute l’Europe, notamment à Bruxelles.

La montée des troubles parmi les travailleurs pourrait provoquer le chaos

Alors que les constructeurs automobiles européens sont confrontés à une baisse de la demande et à des pressions réglementaires, ils sont également aux prises avec d’importants conflits du travail.

La fermeture potentielle de l’usine Audi de Bruxelles, qui emploie 3000 personnes, a déclenché de nombreuses protestations. Plus de 5000 travailleurs ont récemment défilé dans les rues de Bruxelles, protestant contre la menace qui pèse sur leurs emplois et appelant les autorités européennes à protéger l’industrie automobile du continent de la concurrence étrangère moins chère, notamment de la Chine. L’usine Audi de Bruxelles, qui fabrique le Q8 e-Tron électrique, symbolise l’incertitude à laquelle sont confrontées même les usines axées sur les véhicules électriques. Bien qu’elle produise un modèle conforme à la volonté européenne en faveur des technologies vertes, l’usine risque d’être fermée en raison de la faible demande pour ce véhicule. Les responsables syndicaux préviennent que le sort de l’usine fait partie d’un problème plus vaste, l’industrie européenne perdant du terrain face à des concurrents mondiaux moins chers. Le marché du travail européen, en particulier dans le secteur automobile, est confronté à des tensions croissantes alors que les constructeurs cherchent des moyens de réduire les coûts en réponse à la hausse des prix de l’énergie et à la baisse des ventes.

Volkswagen, par exemple, a déjà mis fin à un accord de travail vieux de plusieurs décennies et pourrait fermer des usines nationales. Les travailleurs craignent que sans une intervention significative, de nombreuses autres usines européennes pourraient être confrontées à la fermeture, ce qui entraînerait des pertes d’emplois massives.

Prix de l’énergie : le «talon d’Achille» de l’Europe

L’un des défis les plus urgents pour les constructeurs automobiles européens est la flambée des prix de l’énergie sur le continent. Les chocs de prix provoqués par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, combinés aux tensions géopolitiques persistantes, ont laissé l’Europe payer certains des coûts énergétiques les plus élevés au monde. Alors que les prix du pétrole brut Brent oscillent autour de 90 dollars le baril et que les coûts du diesel ont augmenté de 60% depuis l’été, l’industrie européenne est de moins en moins compétitive par rapport à d’autres économies avancées comme les États-Unis, le Japon et le Canada. La dépendance de l’Europe à l’égard des importations d’énergie, notamment du gaz russe, n’a pas été totalement atténuée malgré les efforts visant à diversifier les lignes d’approvisionnement. Les expéditions de gaz norvégien et de gaz naturel liquéfié (GNL) ont comblé certaines lacunes, mais pas suffisamment pour compenser la forte hausse des coûts de l’énergie.

Ces coûts de production plus élevés pèsent sur les constructeurs automobiles, qui sont déjà confrontés à une baisse des ventes et à des pressions réglementaires. Le coût élevé de l’énergie place les constructeurs automobiles européens dans une position nettement désavantageuse par rapport à leurs homologues des États-Unis et d’Asie, où les prix de l’énergie sont plus bas et les subventions gouvernementales pour les technologies énergétiques propres sont plus importantes. Selon l’Economist Intelligence Unit, la hausse des prix de l’énergie en Europe aura des conséquences à long terme, notamment des faillites d’entreprises, une augmentation du fardeau de la dette et des revers dans la transition verte.

Les constructeurs automobiles européens peuvent-ils survivre ?

Compte tenu de ces défis combinés (baisse de la demande de véhicules électriques, conflits du travail et chocs sur les prix de l’énergie), on craint de plus en plus que les constructeurs automobiles européens se dirigent vers une spirale mortelle. La question demeure : l’industrie peut-elle survivre ou sera-t-elle progressivement érodée par des forces externes ?

L’un des problèmes critiques est l’absence d’une politique industrielle cohérente en Europe. Alors que les États-Unis, la Chine et le Japon ont tous mis en œuvre des politiques agressives pour soutenir leurs industries nationales dans la transition vers les énergies propres, l’Europe est à la traîne. Le Pacte vert de l’UE, bien qu’ambitieux, n’a pas réussi à répondre aux besoins immédiats des industries aux prises avec la hausse des coûts et l’incertitude géopolitique. Le manque de minéraux essentiels abordables pour les chaînes d’approvisionnement en énergie propre, ainsi que l’impasse dans laquelle se trouvent les accords commerciaux avec les principaux producteurs de matières premières comme le Mercosur, n’ont fait qu’aggraver les difficultés de l’Europe. À cela s’ajoute l’ascension rapide des constructeurs chinois de véhicules électriques qui accentue encore la pression sur les constructeurs automobiles européens. Des entreprises comme BYD, Xpeng et Li Auto ont capitalisé sur leur capacité à produire des véhicules électriques abordables et de haute technologie.

En septembre, plusieurs de ces entreprises chinoises ont battu des records de ventes, en proposant des remises agressives et en lançant de nouveaux modèles équipés de technologies avancées de conduite semi-autonome. Ces efforts leur ont permis de concurrencer non seulement les constructeurs automobiles européens, mais aussi leurs concurrents mondiaux comme Tesla. Alors que les entreprises chinoises gagnent du terrain sur le marché mondial des véhicules électriques, les constructeurs automobiles européens sont désormais confrontés à une rude concurrence de la part de concurrents moins chers et plus adaptables qui étendent rapidement leur influence au-delà des frontières de la Chine.

À la lumière de ces développements, les États membres de l’UE devraient voter le 4 octobre pour décider s’ils doivent imposer des droits de douane importants sur les véhicules électriques (VE) chinois, les droits proposés pouvant atteindre 36%. Cette décision intervient après qu’une enquête de l’UE a révélé que les subventions de l’État chinois donnaient à leurs fabricants de véhicules électriques un avantage injuste par rapport à leurs concurrents européens. Sans une stratégie cohérente en matière de politique énergétique et industrielle, et à mesure qu’ils prennent du retard sur leurs concurrents chinois, les constructeurs automobiles européens continueront à faire face à des défis croissants dans les années à venir. Si le continent ne parvient pas à améliorer ses politiques industrielles ou à proposer des alternatives compétitives sur le marché des véhicules électriques, il risque de voir son secteur automobile s’éroder à mesure que les entreprises étrangères s’emparent des parts de marché.

Qu’est-ce qui doit changer ?

Pour que les constructeurs automobiles européens évitent une spirale mortelle, des changements importants sont nécessaires, tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau politique. Tout d’abord, les gouvernements européens doivent réévaluer leur approche visant à encourager l’adoption des véhicules électriques. La suppression des subventions a porté atteinte à la demande à un moment où les consommateurs ressentent déjà les effets de l’inflation et des coûts élevés de l’énergie. Une approche plus ciblée des subventions, visant peut-être à rendre les véhicules électriques abordables pour les acheteurs à revenus moyens, pourrait contribuer à relancer la demande.

Deuxièmement, l’Europe a besoin d’une politique industrielle plus globale qui soutienne son secteur automobile dans sa transition verte. Il s’agit notamment de garantir un accès abordable aux minéraux essentiels et de construire des chaînes d’approvisionnement plus résilientes. Les accords commerciaux avec des partenaires clés comme le Mercosur doivent être réexaminés et de nouvelles relations avec les marchés émergents doivent être explorées pour garantir que l’Europe dispose des ressources dont elle a besoin pour rester compétitive.

Enfin, les constructeurs automobiles eux-mêmes doivent s’adapter aux nouvelles réalités du marché. Cela pourrait impliquer de réduire la production dans les régions à coûts élevés, de rationaliser les opérations et d’investir dans de nouvelles technologies qui réduisent les coûts de fabrication. Des entreprises comme BMW ont déjà commencé à se préparer à des normes d’émissions plus strictes dans l’UE, mais il reste encore beaucoup à faire dans l’ensemble du secteur pour éviter les sanctions réglementaires et maintenir la compétitivité dans un marché en mutation. Bien qu’il puisse y avoir de l’espoir à long terme pour les constructeurs automobiles électriques en Europe, il est vraiment difficile de trouver des raisons pour lesquelles on devrait investir dans ce marché pour le moment.

source : Invezz via Geopolintel


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