Villes contre multinationales
De la remunicipalisation de l’eau à la régulation d’Airbnb et Uber, en passant par la mise en œuvre de la transition énergétique et les luttes pour le logement et contre la spéculation immobilière, d’innombrables batailles se livrent en Europe opposant, d’un côté, des multinationales et des géants de la finance, et de l’autre les villes et leurs citoyens. Notre nouvelle publication Villes contre multinationales propose un aperçu d’ensemble de cette confrontation où se joue l’avenir de la transition écologique et sociale.
Les élections municipales françaises se déroulent à un moment où le niveau local apparaît plus important que jamais face à l’urgence climatique ou à la montée des inégalités. Et c’est aussi dans les villes que se manifeste au grand jour la confrontation de plus en plus ouverte entre les impératifs de la transition écologique et sociale, les intérêts économiques établis, et les visées des géants de la finance ou de la technologie.
Villes contre multinationales, qui réunit des articles inédits écrits par des journalistes, des élus et des experts de divers pays européens, est la première tentative d’offrir un aperçu d’ensemble de cette confrontation.
D’un côté, de nombreuses villes grandes et petites multiplient les initiatives pour s’attaquer à la crise climatique, réduire les pollutions, améliorer la qualité de vie, combattre les inégalités, garantir les droits et les besoins fondamentaux, stimuler une activité économique locale qui profite à tous et non seulement aux lointains actionnaires des multinationales. Ce faisant, elles se heurtent aux intérêts des géants de l’énergie, du commerce, de l’automobile ou des services urbains.
De l’autre côté, les villes sont de plus en plus sous pression du fait de l’austérité budgétaire qui leur est imposée, de l’arrivée de fonds financiers internationaux spéculant sur l’immobilier ou les grands projets d’infrastructure, du boom du tourisme de masse, et enfin de l’irruption de nouveaux acteurs comme les GAFAM ou les plateformes qui bouleversent les politiques de logement, de mobilité ou de commerce.
En Espagne, les « villes rebelles » se sont lancées dans une tentative ambitieuse d’inventer une nouvelle politique, alternative à l’austérité, au niveau local. À Berlin, les citoyens font campagne pour la remunicipalisation des logements sociaux privatisés dans les années 1990, et la ville a annoncé un plan d’investissement sans précédent dans les transports publics et le vélo. En France, les élus de grandes villes ou de petits villages inventent ou réinventent les services publics de demain pour faire face aux enjeux sociaux et écologiques de leurs territoires. La ville de Preston, au Royaume-Uni, s’est lancée dans une politique pionnière de « relocalisation » de la richesse à travers ses marchés publics et la création de coopératives. Dans les pays de l’Est de l’Europe, des villes et des villages relèvent la tête pour lancer leur propre transition énergétique ou résister à l’invasion de l’industrie touristique.
Alors, les villes peuvent-elles changer le monde ? Notre publication montre la richesse des initiatives et des politiques développées par les villes et leurs citoyens pour construire un modèle économique au service de tous et respectueux de l’environnement. Mais elle montre aussi l’ampleur des obstacles qui se dressent devant eux : non seulement des acteurs économiques et financiers globalisées et bien plus puissants qu’elles, mais aussi des politiques nationales et européennes qui tendent à réduire toujours davantage les compétences et les marges de manœuvre des collectivités locales face aux pouvoirs économiques.
« Villes contre multinationales » est publié dans le cadre de la collection Passerelle de ritimo. Plus d’informations ici, notamment pour obtenir une version imprimée.
Les articles de Villes contre multinationales seront progressivement mis en ligne à partir du 27 février. Voir la table des matières ci-dessous.
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