Le mouvement pro-kurde, cible principale des autorités turques
Une stratégie défendue par l’ambassadeur de Turquie à Paris, Hakki Akil, invité ce vendredi matin de Jean-Baptiste Marot sur RFI. « Combien de morts avec les attaques terroristes de Daech [groupe Etat islmaique, ndlr] ? Je ne sais pas, mais ça ne doit pas dépasser - surtout dans les pays occidentaux -, quelques dizaines, a affirmé l’ambassadeur turc, avant d’ajouter aussitôt que les Turcs ont perdu plus de 30 0000 de leurs concitoyens dans les attaques du PKK. Donc, il est légitime que la Turquie se défende contre [eux]. » Le porte-parole du gouvernement turc à Paris juge que la responsabilité de la fin de la trêve incombe aux « terroristes du PKK ». Selon Hakki Akil, « après les événements dans la région - leur combat contre Daech -, quand ils ont vu qu’ils ont gagné de la sympathie en Occident, [les membres] du PKK ont préféré terminer la trêve, ils ont pensé que le contexte était favorable pour eux. »
Des forces de sécurité turques, devant le tribunal d'Istanbul, le 31 mars dernier.AFP
En parallèle aux opérations militaires menées par la Turquie contre le PKK, les arrestations dans les milieux kurdes se poursuivent dans le pays. Une opération policière était en cours, ce vendredi matin, dans le quartier Gezi d’Istanbul. La répression vise notamment le parti pro-kurde HDP, et son président Selahattin Demirtas.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Alors qu’Ankara poursuit ses opérations antiterroristes depuis une semaine, les attentats se multiplient. Deux policiers ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi à Adana par deux membres du PKK, qui ont été abattus. Et jeudi, des bombardements aériens ont à nouveau visé les caches de la rébellion kurde dans le nord de l’Irak.
Des opérations militaires qui se doublent d’une pression accrue à l’intérieur même du pays. A Istanbul, ce vendredi matin, une vaste opération de police était en cours dans le quartier de Gezi. L’une des cibles est le Parti démocratique des peuples (Halkların Demokratik Partisi, ou HDP, en turc) et en premier lieu son président : Selahattin Demirtas.
La chasse aux militants kurdes lancée par Erdogan
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe en Turquie : une enquête préliminaire pour « provocation en incitant une partie de la population à en agresser une autre par la force des armes » a été ouverte à son encontre jeudi. Selahattin Demirtas risque 24 ans de prison. Il peut désormais être arrêté à tout moment et écroué jusqu’à la tenue de son procès. La co-présidente du HDP, Figen Yüksekdag, est, elle aussi, visée par une enquête judiciaire ouverte ce vendredi.
C’est le président Recep Tayyip Erdogan qui avait donné le signal de cette chasse à l’homme, mardi, en déclarant être persuadé que le leader du HDP - parti légal en Turquie, au contraire du PKK considéré comme une organisation terroriste - s’apprêtait « à rejoindre, à la première occasion, la guérilla dans les montagnes ». « Entrer dans la guérilla est plus facile que faire de la politique, mais nous avons choisi la voie la plus difficile, celle de la politique pour bâtir la paix », lui a répondu l’intéressé.
Selahattin Demirtas, président du parti kurde HDP, le 30 juillet à Ankara, est sous le coup d'une enquête préliminaire pour incitation à la violence. [nid:500517252]AFP
La justice reste pourtant persuadée que les responsables et élus du HDP jouent double jeu et prônent la violence, d’où, également, cette procédure entamée jeudi pour lever l’immunité parlementaire de neuf des députés du parti HDP entrés au Parlement il y a moins de deux mois. Ils sont soupçonnés d’avoir fourni des armes à la rébellion kurde. Un chef d’accusation particulièrement grave qui leur promet, à eux aussi, un procès qui pourrait se conclure par de très lourdes peines de prison.
Une lutte antiterroriste détournée de son objectif affiché
Mais lorsque Selahettin Demitras dénonce « l’esbroufe » du gouvernement en matière de lutte contre le groupe Etat islamique, difficile de lui donner tort. Ankara ne lutte en effet quasiment pas contre les jihadistes et leurs soutiens. Si les opérations antiterroristes ont commencé par les bombardements de positions jihadistes, le premier jour de l’offensive, le 24 juillet, ces frappes se sont arrêtées dès le lendemain. Les bombardements n’auraient en outre visé que des entrepôts désaffectés, selon le témoignage d’un commandant de l’organisation Etat islamique. Dès le lendemain, le 25 juillet, l’aviation turque ne s’est plus occupée que de bombarder les positions kurdes en Irak du Nord et en territoire turc même. Mais plus aucune frappe n’a été dirigée contre le groupe Etat islamique dans le nord de la Syrie.
De même, il n’y a désormais plus aucune arrestation visant les milieux soutenant le jihad en Turquie, alors que les interpellations se poursuivent à tour de bras dans les milieux kurdes. La lutte antiterroriste lancée contre les islamistes s’est rapidement détournée de son objectif affiché pour devenir un règlement de compte militaire, policier, judiciaire et politique. Et c’est le HDP qui paie la note
Une stratégie défendue par l’ambassadeur de Turquie à Paris, Hakki Akil, invité ce vendredi matin de Jean-Baptiste Marot sur RFI. « Combien de morts avec les attaques terroristes de Daech [groupe Etat islmaique, ndlr] ? Je ne sais pas, mais ça ne doit pas dépasser - surtout dans les pays occidentaux -, quelques dizaines, a affirmé l’ambassadeur turc, avant d’ajouter aussitôt que les Turcs ont perdu plus de 30 0000 de leurs concitoyens dans les attaques du PKK. Donc, il est légitime que la Turquie se défende contre [eux]. » Le porte-parole du gouvernement turc à Paris juge que la responsabilité de la fin de la trêve incombe aux « terroristes du PKK ». Selon Hakki Akil, « après les événements dans la région - leur combat contre Daech -, quand ils ont vu qu’ils ont gagné de la sympathie en Occident, [les membres] du PKK ont préféré terminer la trêve, ils ont pensé que le contexte était favorable pour eux. »
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