(blog à finir et à corriger)
Tiens, donc, Chypre s'apprête à vendre son gaz naturel, mais, alors, qu'en est-il de la Grèce dont les réserves, vendues à Goldman Sachs, pourraient assécher la dette ?
(source : Blogfinance)
Où l’on reparle de l’intérêt géo-stratégique que représente Chypre sur l’échiquier international.
Alors qu’en septembre dernier, nous laissions entendre que le gouvernement chypriote pourrait faire jouer la concurrence en vue de monnayer l’octroi d’un prêt salvateur … en l’échange de licences d’exploration d’immenses champs gaziers off-shore – la Russie étant confrontée à la troïka via l’intermédiaire de la BCE – Chypre a entamé la semaine dernière des négociations avec un consortium Eni (Italie) / KOGAS (Corée du Sud) pour l’octroi d’une licence d’exploration concernant deux blocs.
Selon la presse, le gouvernement chypriote aurait donné son accord pour mener des négociations sur les blocs 5 et 6, la date butoir, fixée au 2 décembre, étant susceptible d’être reportée. Confirmant mener actuellement des discussions, le porte-parole du gouvernement Victoras n’a pas souhaité s’exprimer publiquement sur le sujet.
Rappelons qu’au début de l’année 2013, le consortium ENI-KOGAS s’était déjà vu attribuer des licences pour explorer les blocs 2, 3 et 9. Les travaux d’exploration devraient débuter au troisième trimestre de 2014.
Si en octobre dernier, le ministre chypriote de l’Energie, George Lakkotrypis avait indiqué que les réserves probables de gaz au large de l’île chypriote étaient certes inférieures d’un tiers aux premières estimations, il avait toutefois ajouté qu’elles n’en demeuraient pas moins « substantielles » … voire dignes d’attirer les convoitises.
Le forage d’exploration entamé en juin 2013 par le groupe américain Noble Energy sur le gisement du bloc 12, baptisé Aphrodite – 1 et situé au sud de Chypre, à proximité des champs de Tamar et Leviathan situés aux larges des côtes d’Israël a permis d’évaluer sa taille dans une fourchette comprise entre 100 et 170 milliards de m3, avec une évaluation moyenne de 140 Mds de m3. Les premières estimations obtenues après une opération de prospection en 2011 évoquaient quant à elles un gisement de 176 à 226 Mds de m3, avec une évaluation moyenne de 200 Mds de m3. Dans l’hypothèse où Aphrodite-1 contiendrait 125 Mds de m3, le gouvernement table sur un bénéfice de 12 à 18 milliards d’euros sur 14 ans, a par ailleurs insisté M. Lakkotrypis. Petit rappel : Aphrodite n’est qu’un des 13 blocs situés dans la zone économique exclusive de Chypre …
Rappelant que la prospection concernant d’autres blocs au large de l’île n’en était qu’à ses prémices, le ministre chypriote a par ailleurs a assuré que la construction d’une usine fort stratégique de liquéfaction du gaz, destinée à exporter la production des réserves de Chypre – voire celles d’Israël et du Liban – n’était pas remise en cause. En juin dernier, Chypre a signé un accord avec une coentreprise pour la construction de cette usine. Noble Energy (USA) détenant 70% de la coentreprise et ses partenaires Delek et Avner (Israël) 15% chacun.
En septembre dernier, alors que Moscou et Nicosie venaient de signer l’assouplissement du crédit de 2,5 milliards d’euros accordé en 2011 par Moscou au gouvernement chypriote, le FMI avait fait preuve de largesses envers Chypre. L’enjeu final du dossier ? Les licences accordées par Nicosi au majors pétrolières en vue d’explorer et d’exploiter les immenses champs gaziers off-shore à proximité des sites fort prometteurs de Tamar et de Leviathan dans le « giron » d’Israël. Rappelons en effet qu’en décembre 2010 un accord a été signé entre Israël et Chypre en vue de faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d’hydrocarbures – de part et d’autre – dans la partie orientale de la Méditerranée … de gigantesques réserves de gaz ayant été alors découvertes dans la zone. Signature provoquant de vives réactions de la part de ses voisins.
Le FMI a alors annoncé avoir versé 84,7 millions d’euros à Chypre, annonce faisant suite à l’audit des comptes du pays mené par ses créanciers (FMI, Union européenne et Banque centrale européenne), après avoir reçu une aide financière internationale en mars dernier de 10 milliards d’euros, dont 9 à la charge de la zone euro. Le tout comme il se doit en échange de son engagement à prendre des mesures drastiques en vue de restructurer son secteur financier.
Fin août, le gouvernement russe avait quant à lui donné son feu vert à de nouvelles conditions du prêt accordé à Chypre, le taux d’intérêt devant être réduit dans ce cadre de 4,5 % à 2,5 %. Autre concession obtenue par la partie chypriote : l’étalement du remboursement en huit versements à partir de 2016 au lieu d’un seul initialement prévu, lesquels seront par ailleurs assortis d’une échéance semestrielle.
Cet assouplissement vise à alléger la charge financière pesant sur l’île, laquelle a frôlé la faillite avant que ne soit mis en oeuvre un plan de sauvetage via la troïka de ses créanciers. Une première version de ce plan, qui prévoyait une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires, avait provoqué la colère de la Russie, d’importants avoirs et de nombreuses entreprises russes étant basés à Chypre en raison de sa fiscalité avantageuse. Une seconde version a été ensuite adoptée, qui ne ponctionne que les gros dépôts de la première banque du pays Bank of Cyprus pour la recapitaliser, tandis que la deuxième, Laiki, a été mise en faillite.
- Chypre / Russie : prêt bancaire salvateur contre licences d’exploration ?
Simple coïncidence ? Alors que les immenses champs gaziers situés au large de Chypre suscitent d’âpres convoitises, rappelons qu’en juillet 2012, Erato Kozakou-Marcoullis, alors ministre chypriote des affaires étrangères, affirmait que – parmi 27 compagnies – les deux géants gaziers russes Novatec et Gazprom avaient exprimé leurs intérêts pour les 13 blocs d’extraction offshores au large de l’île. « Expression d’intérêts » suivant de peu une information selon laquelle Nicosie était en attente de l’acceptation par Moscou d’un prêt de 5 milliards d’euros … Alors même que le président chypriote d’alors, Demetris Christofias, réputé «proche» du gouvernement Poutine avait jusque là laissé entendre que l’attribution de ce prêt «n’imposait aucune condition» et offrait «un meilleur taux d’intérêt» que l’offre européenne.
- Quand Chypre négocie avec FMI et BCE … et retoque la Russie sur le gaz
A la mi-décembre 2012, alors même que nous laissions entendre ici-même que les licences d’exploitation de l’immense champ gazier au large de Chypre pourraient être « monnayées » d’une certaine manière via la notation de la dette souveraine du pays et l’accord d’un prêt de la Banque centrale européenne et du FMI, le gouvernement chypriote avait annoncé avoir mis fin aux négociations en cours avec un consortium franco-russe – alliant la branche ENP de Total et le russe Novatec – lequel s’était vu attribuer une licence d’exploration de gaz dans ses eaux territoriales en octobre 2012.
Une annonce qui intervenait quelques jours après qu’un responsable gouvernemental chypriote ait indiqué que Chypre risquait de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre ni verser les salaires des fonctionnaires en l’absence d’un accord rapide avec la troïka formée par l’Union européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.
« Le gouvernement a décidé de mettre fin aux négociations directes car elles se sont avérées insatisfaisantes », avait ajouté le porte-parole du gouvernement chypriote, sans fournir de plus amples détails. Ajoutant toutefois que les autorités allaient désormais négocier l’attribution du bloc 9 avec un consortium établi entre le groupe pétrolier italien ENI et le sud-Coréen Kogas. Ce qui est désormais chose faite depuis janvier 2013.
Sources : AFP, Ria Novosti, Europolitique, Le Monde
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 27 novembre 2013
Carte : IEMED Maritime Borders and Main Gas Fields in the Levant Basin
A lire également :
. Chypre à la merci d’Israël – et des USA ? – pour rentabiliser son usine de liquéfaction de gaz
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Tiens, donc, Chypre s'apprête à vendre son gaz naturel, mais, alors, qu'en est-il de la Grèce dont les réserves, vendues à Goldman Sachs, pourraient assécher la dette ?
(source : Blogfinance)
Chypre / gaz : négociations avec l’Italie (ENI) et la Corée du Sud (KOGAS) sur des gisements stratégiques
Alors qu’en septembre dernier, nous laissions entendre que le gouvernement chypriote pourrait faire jouer la concurrence en vue de monnayer l’octroi d’un prêt salvateur … en l’échange de licences d’exploration d’immenses champs gaziers off-shore – la Russie étant confrontée à la troïka via l’intermédiaire de la BCE – Chypre a entamé la semaine dernière des négociations avec un consortium Eni (Italie) / KOGAS (Corée du Sud) pour l’octroi d’une licence d’exploration concernant deux blocs.
Selon la presse, le gouvernement chypriote aurait donné son accord pour mener des négociations sur les blocs 5 et 6, la date butoir, fixée au 2 décembre, étant susceptible d’être reportée. Confirmant mener actuellement des discussions, le porte-parole du gouvernement Victoras n’a pas souhaité s’exprimer publiquement sur le sujet.
Rappelons qu’au début de l’année 2013, le consortium ENI-KOGAS s’était déjà vu attribuer des licences pour explorer les blocs 2, 3 et 9. Les travaux d’exploration devraient débuter au troisième trimestre de 2014.
Si en octobre dernier, le ministre chypriote de l’Energie, George Lakkotrypis avait indiqué que les réserves probables de gaz au large de l’île chypriote étaient certes inférieures d’un tiers aux premières estimations, il avait toutefois ajouté qu’elles n’en demeuraient pas moins « substantielles » … voire dignes d’attirer les convoitises.
Le forage d’exploration entamé en juin 2013 par le groupe américain Noble Energy sur le gisement du bloc 12, baptisé Aphrodite – 1 et situé au sud de Chypre, à proximité des champs de Tamar et Leviathan situés aux larges des côtes d’Israël a permis d’évaluer sa taille dans une fourchette comprise entre 100 et 170 milliards de m3, avec une évaluation moyenne de 140 Mds de m3. Les premières estimations obtenues après une opération de prospection en 2011 évoquaient quant à elles un gisement de 176 à 226 Mds de m3, avec une évaluation moyenne de 200 Mds de m3. Dans l’hypothèse où Aphrodite-1 contiendrait 125 Mds de m3, le gouvernement table sur un bénéfice de 12 à 18 milliards d’euros sur 14 ans, a par ailleurs insisté M. Lakkotrypis. Petit rappel : Aphrodite n’est qu’un des 13 blocs situés dans la zone économique exclusive de Chypre …
Rappelant que la prospection concernant d’autres blocs au large de l’île n’en était qu’à ses prémices, le ministre chypriote a par ailleurs a assuré que la construction d’une usine fort stratégique de liquéfaction du gaz, destinée à exporter la production des réserves de Chypre – voire celles d’Israël et du Liban – n’était pas remise en cause. En juin dernier, Chypre a signé un accord avec une coentreprise pour la construction de cette usine. Noble Energy (USA) détenant 70% de la coentreprise et ses partenaires Delek et Avner (Israël) 15% chacun.
En septembre dernier, alors que Moscou et Nicosie venaient de signer l’assouplissement du crédit de 2,5 milliards d’euros accordé en 2011 par Moscou au gouvernement chypriote, le FMI avait fait preuve de largesses envers Chypre. L’enjeu final du dossier ? Les licences accordées par Nicosi au majors pétrolières en vue d’explorer et d’exploiter les immenses champs gaziers off-shore à proximité des sites fort prometteurs de Tamar et de Leviathan dans le « giron » d’Israël. Rappelons en effet qu’en décembre 2010 un accord a été signé entre Israël et Chypre en vue de faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d’hydrocarbures – de part et d’autre – dans la partie orientale de la Méditerranée … de gigantesques réserves de gaz ayant été alors découvertes dans la zone. Signature provoquant de vives réactions de la part de ses voisins.
Le FMI a alors annoncé avoir versé 84,7 millions d’euros à Chypre, annonce faisant suite à l’audit des comptes du pays mené par ses créanciers (FMI, Union européenne et Banque centrale européenne), après avoir reçu une aide financière internationale en mars dernier de 10 milliards d’euros, dont 9 à la charge de la zone euro. Le tout comme il se doit en échange de son engagement à prendre des mesures drastiques en vue de restructurer son secteur financier.
Fin août, le gouvernement russe avait quant à lui donné son feu vert à de nouvelles conditions du prêt accordé à Chypre, le taux d’intérêt devant être réduit dans ce cadre de 4,5 % à 2,5 %. Autre concession obtenue par la partie chypriote : l’étalement du remboursement en huit versements à partir de 2016 au lieu d’un seul initialement prévu, lesquels seront par ailleurs assortis d’une échéance semestrielle.
Cet assouplissement vise à alléger la charge financière pesant sur l’île, laquelle a frôlé la faillite avant que ne soit mis en oeuvre un plan de sauvetage via la troïka de ses créanciers. Une première version de ce plan, qui prévoyait une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires, avait provoqué la colère de la Russie, d’importants avoirs et de nombreuses entreprises russes étant basés à Chypre en raison de sa fiscalité avantageuse. Une seconde version a été ensuite adoptée, qui ne ponctionne que les gros dépôts de la première banque du pays Bank of Cyprus pour la recapitaliser, tandis que la deuxième, Laiki, a été mise en faillite.
- Chypre / Russie : prêt bancaire salvateur contre licences d’exploration ?
Simple coïncidence ? Alors que les immenses champs gaziers situés au large de Chypre suscitent d’âpres convoitises, rappelons qu’en juillet 2012, Erato Kozakou-Marcoullis, alors ministre chypriote des affaires étrangères, affirmait que – parmi 27 compagnies – les deux géants gaziers russes Novatec et Gazprom avaient exprimé leurs intérêts pour les 13 blocs d’extraction offshores au large de l’île. « Expression d’intérêts » suivant de peu une information selon laquelle Nicosie était en attente de l’acceptation par Moscou d’un prêt de 5 milliards d’euros … Alors même que le président chypriote d’alors, Demetris Christofias, réputé «proche» du gouvernement Poutine avait jusque là laissé entendre que l’attribution de ce prêt «n’imposait aucune condition» et offrait «un meilleur taux d’intérêt» que l’offre européenne.
- Quand Chypre négocie avec FMI et BCE … et retoque la Russie sur le gaz
A la mi-décembre 2012, alors même que nous laissions entendre ici-même que les licences d’exploitation de l’immense champ gazier au large de Chypre pourraient être « monnayées » d’une certaine manière via la notation de la dette souveraine du pays et l’accord d’un prêt de la Banque centrale européenne et du FMI, le gouvernement chypriote avait annoncé avoir mis fin aux négociations en cours avec un consortium franco-russe – alliant la branche ENP de Total et le russe Novatec – lequel s’était vu attribuer une licence d’exploration de gaz dans ses eaux territoriales en octobre 2012.
Une annonce qui intervenait quelques jours après qu’un responsable gouvernemental chypriote ait indiqué que Chypre risquait de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre ni verser les salaires des fonctionnaires en l’absence d’un accord rapide avec la troïka formée par l’Union européenne (UE), la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.
« Le gouvernement a décidé de mettre fin aux négociations directes car elles se sont avérées insatisfaisantes », avait ajouté le porte-parole du gouvernement chypriote, sans fournir de plus amples détails. Ajoutant toutefois que les autorités allaient désormais négocier l’attribution du bloc 9 avec un consortium établi entre le groupe pétrolier italien ENI et le sud-Coréen Kogas. Ce qui est désormais chose faite depuis janvier 2013.
Sources : AFP, Ria Novosti, Europolitique, Le Monde
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 27 novembre 2013
Carte : IEMED Maritime Borders and Main Gas Fields in the Levant Basin
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