La tentative de faire disparaître une étude critique et controversée sur un OGM commercialisé dans l’UE démontre l’influence croissante des groupes de pression sur le processus d’expertise et constitue «une menace pour la sécurité alimentaire», ont accusé jeudi à Bruxelles un groupe d’élus européens et de scientifiques. «Je veux lancer aujourd’hui un cri d’alarme contre la prise de pouvoir des lobbies. C’est extrêmement préoccupant pour nos sociétés», a annoncé l’eurodéputée libérale française Corinne Lepage, ancien ministre de l’écologie, au cours d’une conférence de presse au Parlement européen. Mme Lepage s’est alarmée de la décision de la revue scientifique Food and Chemical Toxicologie (FCT) de retirer de sa publication l’étude très controversée du professeur français Gilles-Éric Séralini démontrant la toxicité du maïs OGM NK603développé par le groupe américain Monsanto. La revue avait publié l’étude du chercheur français en novembre 2012 et, à l’époque, FCT avait farouchement défendu son choix de publication. Mais, le 19 novembre, le rédacteur en chef de FCT, A. Wallace Hayes, a fait marche arrière. Tout en admettant n’avoir relevé aucune preuve de fraude dans l’étude, il a annoncé que l’article sera prochainement «retiré de la publication».
Présent à la conférence de presse en compagnie d’autres scientifiques et de représentants d’organisations civiles M. Séralini n’entend pas se laisser faire. La décision du rédacteur en chef de FCT «vise à achever le processus de décrédibilisation» de l’étude, a accusé Mme Lepage. Cela revient en effet à gommer l’existence de cette étude, qui ne pourra plus être prise en référence pour l’évaluation des risques lors de l’examen des demandes d’autorisation des OGM pour l’alimentation et surtout pour la culture dans l’UE. La décision de la revue suit«l’arrivée dans le comité éditorial de Richard Goodman, un biologiste qui a travaillé plusieurs années chez Monsanto», a soutenu M. Séralini.
Le procédé a déjà eu des précédents. Une étude sur un autre OGM menée par une équipe de chercheurs brésiliens n’a tout simplement pas été publiée, a expliqué le chercheur français.
Le processus d’évaluation des risques mené par l’EFSA sur les OGM est depuis des années sous le feu des critiques au Parlement européen. L’Observatoire de l’Europe Industrielle (CEO), une ONG basée à Bruxelles a démontré dans une étude que 59% des membres des groupes de travail de l’EFSA sont en situation de conflit d’intérêt, car liés à l’industrie. La Commission européenne et l’EFSA récusent ces accusations."
Et, pour finir un avis sur le gaz de schiste au vu de l'expérience des USA qui veulent nous imposer des bénéfices à très court terme pour une rentabilité de "merde" qui détruira tout notre environnement en France;

(source : le Parisien)


















Gaz de schiste 
DU MIRACLE AUMIRAGE

PAR SYLVAIN LAPOIX ET JULIEN SOLONEL
PHOTO FRANÇOIS BECKER / AFP
Le boom provoqué aux Etats-Unis par l’exploitation de cette nouvelle source d’énergie avait fait naître des espoirs en France. Mais les dernières expertises sont plus pessimistes.
Cest l’étincelle qui risque de rallumer le débat, hautement inflammable, sur les gaz de schiste. Présenté cette semaine, un rapport parlementaire propose de relancer la recherche sur ces hydrocarbures, faisant sauter le verrou de la loi de 2011 qui interdit la fracturation hydraulique sur tout le territoire français.
Cette technique d’extraction consistant à injecter à haute pression un mélange d’eau, de sable et d’additifs chimiques pour fissurer la roche est vivement contestée, notamment par les écologistes, en raison de son impact environnemental.
Alors que le Conseil constitutionnel a confirmé ce veto le 11 octobre dernier, fermant encore un peu plus la porte à ce type d’exploitation des gaz et pétroles de schiste, le document préconise de creuser quelques dizaines de forages d’exploration dans l’Hexagone en utilisant la fracturation hydraulique.
Des réserves « purement théoriques »
Selon le sénateur Jean-Claude Lenoir (UMP), corap­porteur du texte avec le député Christian Bataille (PS) : « L’énergie représente aujourd’hui 80 % du déficit commercial de la France. Ne serait-il pas mieux d’exploiter nos réserves plutôt que d’importer les hydrocarbures à des tarifs très élevés ? S’interdire de mener des recherches dans le sous-sol en s’appuyant sur des arguments catastrophistes, c’est obérer notre avenir.»

TX: Natural Gas Drilling
Dans un puits, une équipe retire le tuyau en acier qui a permis de forer le sous-sol. © Robert Nickelsberg / AFP

Les écologistes empêcheraient-ils donc la France de profiter d’une ressource qui a généré des centaines de milliers d’emplois et fait chuter le prix du gaz aux Etats-Unis ? Le miracle américain ne se produira pas en France, admet Jean-Claude Lenoir, qui demeure convaincu que les techniques de fracturation hydraulique seront à l’avenir moins polluantes.
Le rapport parlementaire précise en effet que nos réserves sont « purement théoriques ». Elles seraient de toute façon au moins huit fois inférieures à celles des Etats-Unis et insuffisantes pour créer plus de quelques milliers d’emplois.
Par ailleurs, l’exploitation de ces hydrocarbures à 2 000 mètres sous terre, bien en dessous des couches de pétrole, coûte cher. Un prix qui ne serait amorti que par la production de volumes aussi énormes que ceux générés outre-Atlantique. Du coup, la perspective d’un eldorado du schiste s’éloigne. Explications.
Le gaz de schiste ? Une nouvelle ressource à 2 000 mètres sous terres
Le gaz de schiste est le même que celui que nous brûlons dans nos cuisinières. Mais, alors que le gaz « conventionnel » est retenu dans de grands réservoirs naturels à quelques centaines de mètres de profondeur, ce gaz-là est emprisonné dans les porosités d’une roche imperméable, à plus de 2 000 mètres sous terre.
C’est là que, il y a des millions d’années, des plantes et animaux microscopiques ont été piégés dans la vase (devenue schiste) où ils se sont transformés en hydrocarbures : gaz, huile ou pétrole, selon la température et la pression.
Les réserves ? Sujettes à caution
Le dernier rapport de l’agence gouvernementale américaine EIA* estime que la France disposerait de la deuxième réserve la plus importante de gaz de schiste de l’Union européenne, après la Pologne.
Le Sud-Est du pays (le triangle Lyon-Perpignan-Nice) contiendrait un peu plus de 1 000 milliards de mètres cubes de gaz, le Bassin parisien, 118 milliards de barils de pétrole et 20 000 milliards de mètres cubes de gaz.
Sur le papier, cette réserve représenterait plus de deux cents ans de notre consommation de pétrole. Mais, comme le rappelle le dernier rapport parlementaire sur le sujet, ces chiffres sont « purement théoriques (…) la France méconnaît son sous-sol ».
Contrairement aux Etats-Unis, notre pays n’a pas d’activité de forage intensif et ne dispose donc que de données géologiques anciennes, dont certaines datent du début du XXe siècle ! Sans creuser, impossible de savoir si ce nouvel « or noir » est bien là.
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L’extraction ? Forcément décevante
Même si les réserves s’avéraient aussi importantes que prévu, les techniques actuelles d’extraction de gaz et de pétrole de schiste ne permettent d’en récupérer que 5 à 10 %.
Dans le Bassin parisien, les experts du cabinet américain Advanced Resources International pensent pouvoir extraire un peu plus de cinq milliards de barils de pétrole sur les 118 en réserve, soit un peu moins de dix ans de consommation nationale, pour une ressource qui représente 30 % des besoins énergétiques de la France en 2012.
Quant au gaz, qui pèse moins de 15 % de nos besoins énergétiques, les réserves récupérables dans le Sud-Est sont de 196 milliards de mètres cubes, soit cinq ans de consommation. Du Bassin parisien pourraient être extraits quatre-vingt-cinq ans de consommation de gaz, mais cette couche, dite du Permien, risque, par sa profondeur (3 000 mètres), d’être bien plus complexe à atteindre et à traiter.
L’effet sur les prix du gaz  ? Minime
Aux Etats-Unis, le prix du gaz est passé de 8 dollars l’unité** en 2008 à 2,70 dollars en 2012, du fait de la quantité impressionnante de gaz de schiste mise sur le marché en peu de temps. Mais les zones de production sont gigantesques. Le gisement de Marcellus, dans le nord-est du pays, s’étend ainsi sur près d’un millier de kilomètres, avec des zones quasi inhabitées !
En revanche, en Europe, « le prix du gaz ne dépend pas que des volumes produits, il est aussi indexé sur les tarifs du pétrole et les contrats à long terme avec les grands producteurs comme la Russie », explique l’économiste Thomas Porcher, spécialiste de l’énergie et auteur du livre Le Mirage des gaz de schiste.
Pour renégocier les prix à la baisse, il faudrait produire autant que nous importons, soit 41 milliards de mètres cubes par an. Impensable, à moins de couvrir rapidement tout l’Hexagone de puits. Et encore, il faudrait proposer un coût inférieur à celui du marché du gaz actuel (autour de dix dollars l’unité).
En France, « nous avons moins d’infrastructures et plus de contraintes environnementales et de densité de population qu’aux Etats-Unis, ce qui nous empêchera d’avoir des coûts de production aussi faibles », résume Thomas Porcher.
Ils devraient être « un tiers plus chers hors des Etats-Unis », a précisé la société américaine Energy Intelligence, spécialisée dans l’information en énergie, lors du sommet international du gaz et de l’électricité en novembre.
L’environnement ? En danger
A ce jour, la seule méthode d’extraction utilisée à une échelle industrielle consiste à forer un puits dans la couche de schiste, à injecter à haute pression de l’eau pour écarter les fissures de la roche, puis du sable, pour les maintenir ouvertes le temps que le gaz ou le pétrole s’écoule, enfin, des produits chimiques. Cette technique – la fracturation hydraulique – a été interdite en France en juillet 2011, du fait des dégâts qu’elle cause sur l’environnement.

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Devant le puits de la Petite-Brosse, à La-Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), des manifestants demandaient, le 3 août, l’arrêt des forages d’exploration. © Pierre Andrieu / AFP

Le premier problème concerne l’eau : pour chaque fracking, 10 à 20 millions de litres d’eau sont nécessaires, dont 50 à 70 % remontent à la surface chargés de produits chimiques, voire d’éléments radioactifs.
« Les additifs chimiques ne représentent que 0,15 à 0,25 % du contenu, relativise le sénateur (UMP) Jean-Claude Lenoir, co-auteur du rapport parlementaire. La fracturation hydraulique est en voie d’amélioration continue. »
Autre inconvénient : le béton servant à consolider les puits laisse parfois fuiter le liquide en vieillissant ou en cédant sous la pression, ce qui contamine les terres ou nappes phréatiques proches du puits.
D’autres techniques sont à l’étude, utilisant de l’air sous pression, des arcs électriques ou encore du propane. Mais, comme l’a rappelé l’Académie des sciences le 21 novembre, « à l’heure actuelle, ces méthodes ne constituent pas une alternative (…) utilisable en pratique ».
Les créations d’emplois ? Dérisoires
Par ailleurs, la France, ce n’est pas les Etats-Unis. Si le chômage a quasiment disparu dans le Dakota du Nord, c’est parce que 6 000 puits y ont été creusés en trois ans, mais « il est impensable de mener en France des campagnes de forage comme outre-Atlantique, confirme Bruno Courme, directeur général de la filiale gaz de schiste de Total en Europe. La densité de population rend un tel rythme impossible dans notre pays ».
Une étude de 2011 du cabinet français SIA Conseil annonçait, sur la base de l’expérience américaine, un potentiel de 100 000 créations d’emplois directs et indirects dans l’Hexagone d’ici à 2020. Plus réalistes, les chiffres avancés lors du Débat national sur la transition énergétique, qui s’est déroulé de mars à juin, évoquaient de 2 000 à 10 000 emplois.
Plusieurs entreprises françaises participent déjà à l’exploitation du gaz de schiste à l’étranger. La société Vallourec fournit par exemple les tubes nécessaires à isoler les puits américains tandis que le cimentier Lafarge coule le béton ultrarésistant qui les consolide. Le géant français de l’eau Veolia travaille pour sa part avec le pétrolier Exxon en Californie pour trouver des solutions de traitement pour les eaux usées issues des forages.
Mais ceux qui, comme Jean-Pierre Clamadieu, patron du géant de la chimie Solvay, rêvent de relancer la pétrochimie française avec le gaz de schiste risquent de se heurter au même problème que les ménages face à leur facture de gaz : le coût d’exploitation, qui empêche le gaz de schiste d’être une ressource compétitive en l’état actuel des prix de l’énergie.
* Energy Information Administration, l’agence d’information sur l’énergie du gouvernement américain, mai 2013.
** 1 000 pieds cubes, soit 28 mètres cubes.

Et, cela sera tout pour aujourd'hui.
René.

PS: Mosanto, ennemi public numéro 1 :

(source : le Nouvel Observateur)

OGM : le scandale de trop ?

A l'origine de l'étude démontrant la toxicité des OGM sur les rats, le professeur Séralini est prié de retirer sa publication, un an après. Derrière cette demande, l'ombre de Monsanto.

Gilles-Eric Séralini dénonce les conditions d'opacité dans lesquelles ont été réalisées les évaluations de l'Efsa. (JACQUES DEMARTHON / AFP)
Gilles-Eric Séralini dénonce les conditions d'opacité dans lesquelles ont été réalisées les évaluations de l'Efsa. (JACQUES DEMARTHON / AFP)
Le coup est dur pour Gilles-Eric Séralini. Mais au delà, il l'est aussi pour la légitimité des grandes revues scientifiques et le débat scientifique grand public en général. La revue "Food and Chemical Toxicology" demande en effet le retrait de l'étude Séralini sur les OGM, à l'origine de notre dossier "Oui, les OGM sont des poisons !". A qui faire confiance si la principale revue de référence en matière de toxicologie alimentaire change de point de vue en un an sur un sujet aussi explosif, sans justifier cette évolution par des éléments nouveaux ? (Est-il nécessaire de rappeler que "Le Nouvel Observateur" avait fondé son enquête sur l’autorité indiscutée de cette revue ?)
Le 19 novembre, Food and Chemical Toxicology, qui avait publié l’étude controversée menée par l’équipe de Gilles Eric-Séralini sur des rats nourris au maïs transgénique NK 603, et qui fait apparaître la toxicité de cet OGM sur ces animaux, demande ainsi dans un courrier à Gilles Eric-Séralini de "retirer" l’article de la publication un an après sa parution. Dans l’hypothèse d’un refus, la revue indique qu’elle procédera elle même à ce retrait.
C’est le rédacteur en chef de la revue, Dr. A. Wallace Hayes, qui signe la lettre devant être rendue publique vendredi 29 novembre. Gilles-Eric Séralini et son équipe ont pris les devants en convoquant ce jeudi matin une conférence de presse à Bruxelles afin de dénoncer une décision qu’ils jugent arbitraire et dont ils font appel. Séralini cherchait d’ailleurs hier soir à saisir un avocat aux Etats-Unis pour porter l’affaire en justice. L’équipe souligne en effet que le retrait de l’article ne correspond ni de près ni de loin aux critères retenus dans la charte signée par les grandes revues scientifiques sur la suppression d’une publication : erreur manifeste, faute lourde, plagiat, fraude…  

"Aucune fraude ou falsification intentionnelle"

Dans sa lettre à Gilles-Eric Séralini, le rédacteur en chef de la revue précise en effet de manière formelle que l’étude des données brutes transmises dans de très bonnes conditions à Food and Chemical Toxicology ne comporte "aucune fraude ou falsification intentionnelle de données". 
La "préoccupation" concerne donc, comme la plupart des agences sanitaires l’avaient relevé, "le nombre insuffisant d’animaux dans chaque groupe et la souche sélectionnée" qui ne permet pas à la publication d’être "conclusive de manière définitive". L’étude, publiée dans les règles de l’art, revue par des pairs et vérifiée par le comité de lecture, devient donc "non conclusive".
Cette question très sensible du faible nombre d’animaux avait pourtant été discutée au cours de l’étude elle-même, précise la lettre, entre  Séralini et ses pairs. La revue, apprend-on, avait alors estimé que, "malgré cette limitation du nombre de rats, l’étude gardait des mérites suffisants". Reste donc comme  grief "la race des rats", les Sprague-Dawley qui sont certes ceux utilisés par Monsanto dans ses études sur six mois mais sont par ailleurs connus pour développer facilement des tumeurs. En résumé, la revue semble dire sans le dire qu’elle n’a pas de nouveaux éléments qui invalideraient la publication. Et donc qu’elle aurait mal apprécié les  résultats et la méthode à l’époque et qu’elle rectifie le tir. 

Les études long terme toujours de mise ?

Auditionnés par l’Anses (Agence national de sécurité sanitaire), les auteurs de l’étude avaient eux-mêmes pourtant admis que la publication n’était "pas conclusive à elle seule et que cette étude, certes perfectible, avait le mérite d’initier une voie intéressante de recherche". Bref ils appelaient à d’autres études de long terme pour sortir de l’ignorance. L’Anses, qui avait par ailleurs salué "l’étude ambitieuse de Séralini conduite en mobilisant de larges moyens" car "très peu de publications relatent des travaux portant à la fois sur les effets à long terme et l'herbicide pour lesquels les OGM sont tolérants", emboîtait le pas et suggérait aux pouvoirs publics de financer une étude long terme indiscutable. Un appel d’offre a d’ailleurs été lancé par le ministère de l’Ecologie pour conduire un programme d’étude française "vie entière", "Risk’OGM", sur des animaux nourris aux OGM résistants au Round’up. De son côté, l’Efsa (Agence européenne sanitaire), a publié les "guidelines" d’une étude long terme similaire.

"Abracadabrantesque"

En tous cas, certains experts qui avaient conclu au caractère non conclusif du travail de Séralini ne cachent pas leurs inquiétudes. "Cette décision de la Food an Chemical Technology semble abracadabrantesque", confie l’un d’eux. "L’étude Séralini n’est pas une publication réglementaire, c’est un travail de recherche scientifique nouveau qui fait apparaître des anomalies qu’il convient de vérifier. Biffer l’existence de ce travail, c’est quasiment dissuader tout étude nouvelle sur les OGM résistants aux pesticides."Le principal effet de l’étude Séralini avait donc été d’ouvrir la voie à une approche qui permette  de sortir de l’ignorance. Une ignorance jusqu’ici partagée par les pro et les anti-OGM. Le retrait éventuel de l’article de Séralini risque–t-il de mettre un terme à cet effort de vérité ? Ou à l’inverse va-t-il l’accélérer sous la pression de l’opinion et du monde scientifique qui souhaite sortir de l’ère du doute, des croyances, des oukases, et de l’à peu près.

Monsanto impliqué ?

De son côté, Gille-Eric Sérialini estime que le revirement de la revue est à mettre en relation directe avec l’arrivée de Richard E. Goodman en qualité de "rédacteur en chef associé".
Richard E. Goodman est professeur spécialiste des allergies alimentaires au Food Allergy Research and Resource program de l’Université du Nebraska. Mais surtout c’est un ex-salarié de Monsanto, où il a travaillé entre 1997 et 2004. Goodman est par ailleurs impliqué de manière régulière dans l’International life science institute (ILSI) fiancé par les multinationales et les firmes agrochimiques.Monsanto compris. Jusqu’à février 2013, Goodman ne semblait pas avoir de lien particulier avec la revue Food and Chemical Toxicology. Sa nomination très rapide  cette année avait été commentée dès mai 2013 ici et là aux Etats-Unis comme une tentative de prise de contrôle. D’autant que la revue avait déjà un rédacteur en chef, José L. Domingo, spécialisé dans la sécurité des aliments issus des OGM agricoles.
Décidément, la question des OGM agricoles alimentaires a bien du mal à s’extirper de la guerre des conflits d’intérêts et des guerres de "religions". Nous étions très proches en cette rentrée  de la mise en place d’une méthodologie consensuelle, qui puisse une fois pour toute déboucher sur des études long terme, jusque-à impossibles sur les animaux nourris aux OGM résistants aux pesticides. La guerre des mots, des slogans et de l’ignorance entretenue reprend.
Guillaume Malaurie - Le Nouvel Observateur