vendredi 16 janvier 2015

(blog à finir et à corriger)

Et, pendant ce temps, des citoyens s'organisent autrement.

(source : Kaizen)


Faut qu’on sème tous !

Objectif de l’opération « Un autre pain est possible » : sensibiliser les citadins aux enjeux de l’agriculture urbaine, à la sauvegarde des semences paysannes et au plaisir de faire ensemble.

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Frédéric Géral sème le blé et récolte… le plaisir du pain partagé. Coordinateur de l’association Le sens de l’humus, basée à Montreuil (93), il est l’initiateur de l’opération « Un autre pain est possible ». A l’hiver 2011-2012, Fred propose à des jardiniers citadins de participer à son projet. Plusieurs étapes au programme : semer, moissonner, battre, vanner et moudre du blé. Enfin, mettre la main à la pâte pour façonner un pain 100 % urbain ! Au mois de mars, environ 25 kilos d’un blé issu de semences anciennes sont semés dans une vingtaine de jardins partagés et dans quelques jardins privés, situés à Montreuil, Bagnolet (93) ainsi que dans le nord-est de Paris. Soit, au total, un « champ » de 250 m2. On est loin des hectares cultivés à perte de vue dans la Beauce, mais aux yeux de Fred, « ce qui compte, c’est la forte valeur symbolique du pain ». Lors d’une journée ensoleillée de printemps a lieu la ronde du blé : les participants visitent les parcelles dorées par les épis. La moisson a lieu en août, puis le blé est stocké jusqu’au battage et au vannage organisés lors de l’événement citoyen « La voie est libre » sur un tronçon de l’A186, fermée pour l’occasion à la circulation.

Le pain, une forte valeur symbolique

Le 20 octobre 2012, direction le Vexin, à une heure de route de Paris, chez un polyculteur et éleveur bio qui possède un moulin en pierre. Olivier Ranke observe le blé apporté dans un sac par les céréaliers en herbe. Verdict : le vannage n’a pas été assez précis. Une fois le bon grain et l’ivraie triés d’une main experte, le blé est moulu. Puis Olivier va puiser des semences paysannes dans sa réserve afin que les participants les sèment dans leurs jardins. Il se souvient : « J’avoue avoir pensé que ce n’est déjà pas simple de faire pousser du blé en plein champ, alors en milieu urbain ! Mais la démarche de Frédéric Géral était cohérente avec la mienne : j’aime le blé, cette plante nourricière si belle à voir ». Une plante qu’il cultive de façon durable. Et s’il utilise des semences anciennes ce n’est pas par nostalgie du temps passé, mais par souci de « mettre au point, dans une dynamique innovante, des blés qui correspondent à nos pratiques agricoles actuelles. Soit un système bio à faibles intrants, dans lequel on a besoin de paille pour l’élevage bovin et ovin. Cela n’a pas de sens de faire un pain tout comme autrefois, en revanche, il est essentiel de préserver les semences paysannes ».
On ne peut que le croire à la lecture d’un rapport de la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) datant de 1999. Il y est indiqué qu’« environ 75 % de la diversité phytogénétique a disparu depuis le début de ce siècle, à mesure que, dans le monde entier, les agriculteurs ont abandonné leurs multiples variétés locales et traditionnelles pour des variétés à haut rendement et génétiquement uniformes ». Une problématique à laquelle Fred est particulièrement sensible : « J’ai assisté en octobre 2008 à une conférence intitulée « Semons la biodiversité ». J’ai alors pris conscience de la nécessité de sauvegarder la biodiversité cultivée, aujourd’hui menacée par les manipulations génétiques et l’obligation d’inscription au catalogue conditionnant l’autorisation de mise sur le marché. Le risque, c’est de retrouver ces plantes partout, quels que soient le climat et le sol. Autant de cultures qui pousseront à coup d’engrais et d’intrants. Tout le contraire de la logique des semences paysannes cultivées de génération en génération et en lien avec leur environnement ».

Partager le pain avec Salut les co-pains

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À l’issue de cette conférence, des semis anciens de blé, tournesol et maïs avaient été distribués, amenant Fred à creuser un sillon alternatif à celui tracé par le législateur. En novembre 2008, il avait ainsi testé sa première culture collective de blé issu de semences paysannes sur deux parcelles de 10 m2. « Nous n’étions qu’à moitié dans l’illégalité puisque le but n’était pas commercial », précise-t-il. Résultat de la récolte : 1,8 kg de blé qui dégageait une odeur de… poisson pourri. En cause, la carie du blé, un champignon très répandu – mais heureusement la contamination était faible. Restait l’étape du vannage. « On ne savait pas comment séparer la paille du grain avec le van en osier, alors on a glané des infos sur les techniques à utiliser, comme recourir à un ventilateur pour pallier l’absence de vent ! » À l’occasion de cette première initiative, Fred avait rencontré Marc Bensaïd, fondateur, avec d’autres habitants de Montreuil, de « Salut les co-pains ». Sous la houlette de cette association, un four à pain chauffé au bois à usage collectif avait été construit en 2008, en plein air, dans un square jouxtant une maison de quartier. Du pain bénit pour le Sens de l’humus ! « Nous avions une récolte de blé, eux, le savoir du façonnage du pain ainsi qu’un four pour le cuire. Il ne nous restait plus qu’à mettre en commun nos ressources ». Depuis, chaque année, ils partagent le pain.
Texte : Aude Raux
Photos : Jérômine Derigny
Extrait de la rubrique “Ensemble on va plus loin” de Kaizen 10
(source : idem)

Gotland, société exemplaire en 2025

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Devenir une population neutre en émissions de CO2 d’ici à 2025 : c’est le défi que s’est lancée l’île suédoise de Gotland. Et même devenir une « éco-société » modèle, par la limitation des impacts dans tous les domaines de l’environnement.

© collectif Argos - www.collectifargos.com
© collectif Argos – www.collectifargos.com

L’île verte

En Suède, l’attention à l’environnement est une seconde nature. Elle gagne encore en acuité à Gotland : l’île, riche en biodiversité, est fragile, située sur une Mer Baltique en péril écologique et parcourue par plus de 700 000 visiteurs chaque année — pour 57 200 résidents permanents.
En 1996, l’île lance une stratégie radicale pour devenir en 2025 une « éco-société » exemplaire dans tous les domaines — énergie, ressources, pollutions, agriculture, déchets, radiations… À cet horizon, Gotland décide d’avoir neutralisé toutes ses émissions de gaz à effet de serre 1. Tous les secteurs ont été impliqués — services publics, entreprises, particuliers.
Les avancées sont spectaculaires. En 2010, l’île avait déjà réduit de 40 % ses émissions de CO2 issues d’énergies fossiles par rapport à leur niveau de 1990, en dépit d’une hausse des consommations. Ce bond est essentiellement dû à la révolution énergétique menée dans le chauffage des bâtiments : la conversion aux renouvelables et une meilleure efficacité énergétique des équipements. La capitale, Visby (45 % de la population), est desservie pour plus des trois quarts par un réseau de chaleur alimenté à 97 % en copeaux de bois (80 %), en biogaz et par une pompe à chaleur. Dans l’habitat rural dispersé, la plupart des chaudières à fioul ont disparu, substituées par modèles à biomasse ou des pompes à chaleur. La foresterie est en plein développement : le bois local, qui approvisionne déjà majoritairement les Gotlandais, peut à terme couvrir tous les besoins en chauffage.
Les quelque 250 fermes laitières de l’île se sont regroupées pour produire du biogaz à partir de leurs déchets organiques. Il alimente l’unité de déshydratation du lait (pour la vente hors de l’île), qui fonctionnait auparavant au fioul.

Une sobriété collective et heureuse

La consommation d’électricité, qui augmente aussi, est aujourd’hui couverte à 30 % par des éoliennes locales. Le complément est assuré par le réseau national, qui dessert l’île par un câble sous-marin.
La municipalité assume un rôle moteur. Tous ses appels d’offre imposent des contraintes environnementales fortes, et elle est parvenue à réduire de près de 50 % les émissions de ses activités propres. Elle s’approvisionne en électricité « 100 % renouvelable », ses bâtiments sont chauffés par le réseau de chaleur de Visby ou bien par des chaudières à énergies renouvelables, et il a été décidé qu’au moins 95 % de l’énergie consommée par les constructions publiques neuves devra être verte. La bibliothèque centrale, exemplaire par sa conception bioclimatique et bâtie avec des matériaux recyclables, consomme deux fois moins d’énergie qu’un édifice classique. La municipalité construit également des habitations « basse consommation » pour la location.
Le secteur des transports, sempiternellement reconnu comme le plus délicat en raison de sa dépendance quasi exclusive aux hydrocarbures fossiles, a lui aussi entamé sa transition énergétique. Fin 2010, une station délivrant du biogaz, tiré de l’usine d’épuration des eaux usées, a ouvert sur le port de Visby. Les quatre bus du réseau public urbain y sont convertis. Une petite centaine de voitures vient également s’y approvisionner — privés, taxis, véhicules municipaux. Gotland, grâce à ses ressources organiques, pourrait un jour se passer de carburants importés.
Deux câbles sous-marins relient Gotland au continent à 140 km de distance. Lorsqu’ils ont été installés ils avaient pour but de fournir de l’électricité à l’île en période de pics de consommation. Aujourd’hui ils ont été réaménagés en « aller-retour » afin de pouvoir injecter l’électricité produite par les parcs éoliens de Gotland lorsque ceux-ci produisent plus que ce que l’île consomme. Mais la capacité du réseau local et des câbles sous-marins est à son maximum alors même que l’île compte fortement sur la croissance de sa production éolienne. L’installation d’un nouveau câble est en prévision, il devrait permettre à l’île de démarrer ses nouveaux projets éoliens qui auront pour objectif de fournir exclusivement le continent, compensant ainsi les émissions de CO2.
D’ici à 2025, les autorités estiment par ailleurs que les incitations à la sobriété énergétique auront enrayé la croissance des consommations, et l’auront même fait diminuer de 10 % par rapport à son niveau de 2010.
Par Patrick Piro
  1. Hors Cementa, l’une des plus grosses cimenteries d’Europe du Nord dont 99 % de la production est exportée
(source : Nature to share)

Agrinergie: quand l'énergie solaire favorise les cultures locales et la biodiversité


Agrinergie 5 à Saint-Joseph à la Réunion: une application du concept d'agrinergie munie de serres anticycloniques photovoltaïques, où l'on pratique le maraîchage biologique. Doc AE
Développé par Akuo Energy, le concept d'"agrinergie" associe production d’énergie et activité agricole: culture d’essences vulnérables ou endémiques, productions biologiques, plantes mellifères, apiculture... De la Réunion à la Guadeloupe en passant par la Corse, près de vingt installations totalisant près de 100 MW sont actuellement en service, en particulier dans les zones insulaires bien ensoleillées.
“Lorsqu’une centrale photovoltaïque au sol est exploitée, la terre qui l’accueille cesse de jouer son rôle primaire”, c’est-à-dire principalement son rôle nourricier. C’est en partant de ce constat que la société Akuo Energy, qui s’affiche comme le premier producteur français indépendant d’énergie renouvelable (1), a développé le concept d’”agrinergie” et en a même fait une marque.

Des serres anticycloniques à couverture semi-photovoltaïque afin de sécuriser les cultures

Désirant limiter les problèmes liés à la pression foncière et valoriser l’économie locale “en créant des synergies positives avec le monde agricole et les productions innovantes”, l’agrinergie fait cohabiter énergie et agriculture “en intercalant les deux modes de production, occasionnant ainsi une utilisation optimale et adaptée des espaces que requièrent ces activités”. 
Lancé en 2007 à La Réunion, le concept s’est depuis développé sur une dizaine de sites dans l’île et s’est exporté dans les Antilles ainsi qu’en Corse et en région méditerranéenne. L’expertise d’Akuo va jusqu'en Indonésie où une filiale a été ouverte. Au total, près de 100 MW de centrales solaires, soit une vingtaine d’installations, fonctionnent à ce jour en agrinergie, en particulier sur des sites isolés et ensoleillés, où l’énergie solaire est particulièrement pertinente.
Panneaux solaires installés au sol, panneaux intégrés aux serres... la structure est choisie en fonction du projet agricole du partenaire et doit permettre de maîtriser l’ombrage, la lumière, l’aération, etc. La recherche est suffisamment poussée pour qu’Akuo développe par exemple, via sa filiale réunionnaise Austral Energy, des “serres anticycloniques à couverture semi-photovoltaïque (50 % de panneaux, 50 % de tôle ondulée diffusante)” afin de sécuriser les cultures. Ici, c’est donc la technologie qui s’adapte à la pratique agricole envisagée et non la culture qui se plie à la technologie.

De la préservation d’essences locales à la sauvegarde des abeilles, c’est la défense de la biodiversité et de cultures patrimoniales que cette démarche vise

“Nous développons des projets uniques ciblant au plus près les singularités environnementales, sociales, historiques et culturelles propres à chaque site”, assurent même les responsables qui financent les équipement nécessaires à l’exploitation “grâce aux revenus générés par la vente d’électricité”.
Pour eux, les projets agricoles soutenus par Akua seraient irréalisables autrement, “du fait de leur ambition (démarche de certification biologique, essences vulnérables aux aléas climatiques, projets apicoles…)” ou “du fait de leur caractère ancestral (culture d’essences endémiques en voie de disparition)”. De la préservation d’essences locales à la sauvegarde des abeilles, c’est la défense de la biodiversité et de cultures patrimoniales que vise donc cette démarche.
Ainsi trouve-t-on à La Réunion parmi les cultures pratiquées en agrinergie le géranium bourbon destiné à la fabrication d'huile essentielle, la citronnelle, le lys, les orchidées, les plantes aromatiques et médicinales, les fruits de la passion, les pitayas, le maraîchage biologique, l’apiculture... En Guadeloupe, différents projets sont liés à l’apiculture et aux plantes mellifères. En Corse, ce sont les myrte, immortelle, jachère mellifère et plantes aromatiques qui sont mises en valeur. Dans le Var, un projet d’apiculture a été mené en coopération avec Apiterra sur le parc solaire de Verrerie (24 MW). Un autre projet (5,7MW) liant apiculture et culture de l’abricot bio a été développé à Bellegarde, dans le Gard.
Avec plus de 150 collaborateurs et 76 millions d’euros d’énergie verte vendue fin 2013, Akuo Energie développe des projets liés à l’éolien, au solaire, à l’hydraulique, à la biomasse, au biogaz et à l’énergie thermique des mers. Le groupe possède des filiales en France, aux Etats-Unis, en Uruguay, en Croatie, en Pologne, à Dubaï, en Indonésie, en Turquie, au Luxembourg... Il vise une capacité installée globale de plus de 3 000 MW d’ici à 5 ans.
(1) Avec 527 mégawatts en opération ou en construction à la mi-2014.


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Et, quant la compagnie pétrolière française Total est trop puissante pour être condamnée par un tribunal.

(source : le NouvelObs)



AZF: les familles des victimes "effondrées" après l'annulation de la condamnation



Le site industriel AZF à Toulouse, le 21 septembre 2001 après l'explosion qui a détruit le complexe chimique
 (c) AfpLe site industriel AZF à Toulouse, le 21 septembre 2001 après l'explosion qui a détruit le complexe chimique (c) Afp



Toulouse (AFP) - Les familles des victimes de la catastrophe AZF étaient "effondrées", mardi, après l'annulation par la Cour de cassation de la condamnation de l'ancien directeur du complexe chimique et sa maison mère, Grande Paroisse, pour l'explosion en 2001 sur le site.
"On est effondré", a déclaré à l'AFP Me Stella Bisseuil, avocate de l'Association des familles endeuillées.
"Les victimes vont devoir vivre un troisième procès. C'était déjà pénible mais là, les victimes se sentent doublement victimes: de Total et d'un fiasco judiciaire", a-t-elle ajouté.
L'Association des sinistrés du 21 septembre dénonce également "la double peine" pour les victimes.
"D’abord la catastrophe AZF... Et maintenant c'est la catastrophe judiciaire, l'incompétence et l'irresponsabilité de la justice française", juge-t-elle dans un communiqué.
Pour les sinistrés, "qui voudraient à juste titre tourner la page, c'est reparti pour quatre mois de procès, mais sans eux, à Paris. On ne peut mieux mépriser leurs souffrances", conclut l'association.
Me Bisseuil a également regretté que la Cour d'appel de Paris, et non une cour proche de Toulouse, ait été désignée pour un nouveau procès. "C'est une décision extrêmement dommageable", a-t-elle estimé.
"On se prépare pour deux, trois ou quatre ans de plus, avec un procès pour lequel les combattants disparaissent", a rappelé le président de l'Association, Gérard Ratier, père de l'une des victimes, en référence à l'âge avancé de nombreux proches des disparus.
31 personnes étaient mortes et 2.500 blessées, le 21 septembre 2001, dans une explosion qui avait soufflé le complexe AZF.
"Nous revenons 15 ans en arrière au moins", juge l'association Plus jamais ça ni ici ni ailleurs. "Aujourd'hui, la Cour de cassation exonère l'industriel de sa responsabilité. Il y a quelques semaines, le Conseil d'Etat avait annulé le jugement qui condamnait (faiblement) l'Etat. Il n'y a donc aucun coupable. C'est un blanc-seing qui vient d'être signé aux industriels", estime-t-elle, dans un communiqué.
"Les 7 millions de citoyens exposés aux risques industriels savent désormais qu'ils n'ont rien à attendre de l'État et de la justice censés les protéger", poursuit l'association. "Il n’y a pas de mot pour exprimer le sentiment d’injustice et d’indignation".
En septembre 2012, la cour d'appel de Toulouse avait condamné à trois ans de prison, dont un ferme, et 45.000 euros d'amende, Serge Biechlin, ancien directeur d'AZF. Elle avait infligé 225.000 euros d'amende à Grande Paroisse, propriétaire du site et filiale du groupe pétrolier Total.
La Cour de cassation a annulé cette condamnation, notamment en raison des doutes pesant sur l'impartialité de l'une des magistrates de la cour d'appel de Toulouse.
Cette conseillère était en effet vice-présidente de l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (Inavem), proche de la Fédération nationale d'aide aux victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), une autre association qui était, elle, partie civile lors du procès.
Or la magistrate "avait demandé à plusieurs reprises d'être récusée", a souligné M. Ratier."

Et, dans la rubrique, "Liberté d'expression, une notion obsolète ?"

(source : Le Journal du Siècle)

Le gouvernement représente la plus grande menace pour la liberté d’expression


Jonathan Turley
Pour Jonathan Turley, professeur de droit public à l’Université Georges Washington à Washington D.C., la plus grande menace sur la liberté d’expression en France n’est pas le terrorisme. C’est le gouvernement.
Les meurtres à Charlie Hebdo, quoique tragiques, ne sont pas le problème.
Dans l’heure qui a suivi le massacre dans les locaux de Charlie Hebdo, des milliers de Parisiens se sont rassemblés spontanément place de la République. Au cours de ce rassemblement sous les statues représentant la Liberté l‘Égalité et la Fraternité, ils ont scandé « je suis Charlie » et « Charlie liberté ». C’était un rare moment d’unité à la française, touchant et sincère.
Pourtant on peut légitimement se demander pourquoi ils se rassemblent. La plus grande menace envers la liberté en France n’est pas venue des terroristes qui ont commis ces actes horribles la semaine dernière mais des Français eux-mêmes qui ont été parmi les meneurs du monde occidental à prôner des restrictions importantes à la liberté d’expression.
En fait, si les Français veulent commémorer le souvenir de ceux qui ont été tués à Charlie Hebdo, il pourraient commencer par inverser la portée de leurs lois criminalisant l’insulte, la diffamation, ou l’incitation à la haine, à la discrimination ou à la violence sur des bases religieuses, raciales, ethniques, liées à la nationalité, au handicap, au sexe ou à l’orientation sexuelle.
Ces lois ont été utilisées pour littéralement harasser le journal satirique et menacer son personnel des années durant. La liberté d’expression a été conditionnée à un usage responsable en France, suggérant que c’est plus un privilège qu’un droit pour ceux qui usent de controverse.
En 2006, après que Charlie Hebdo eût imprimé les caricatures de Mahomet qui avaient initialement été publiées dans un journal danois, le président français, Jacques Chirac, a condamné la publication et mis en garde contre de telles « évidentes provocations ».
« Tout ce qui peut heurter les convictions de quelqu’un d’autre, en particulier les convictions religieuses, devrait être évité. » dit-il. « La liberté d’expression devrait toujours être utilisée dans un esprit de responsabilité. »
La Grande Mosquée de Paris et l’Union des Organisations Islamiques Françaises ont poursuivi en justice le journal pour avoir insulté les musulmans, un crime passible d’une amende allant jusqu’à 22.500 € ou six mois d’emprisonnement. La justice française a finalement délivré un jugement en faveur de Charlie Hebdo. Mais depuis, la volonté de contrôle de cette liberté d’expression en France n’a cessé de grandir.
Les différentes affaires judiciaires ont tapé tous azimuts. En 2008, par exemple, Brigitte Bardot a été condamnée pour avoir écrit une lettre au ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, dans laquelle elle exprimait sa pensée selon laquelle les musulmans et les homosexuels mettaient en danger la France.
En 2011, le styliste de mode John Galliano a été déclaré coupable d’avoir prononcé des paroles antisémites à l’encontre de trois personnes dans un café parisien.
En 2012, le gouvernement criminalisa la négation du génocide arménien (une loi ultérieurement retoquée par le Conseil Constitutionnel), mais la négation de l’Holocauste reste un crime.
En 2013, une mère française fut condamnée pour « apologie de crime » après avoir autorisé son fils, baptisé Jihad, à aller en classe vêtu d’un tee-shirt qui disait « Je suis une bombe ».
L’année dernière, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, prit des mesures pour interdire le spectacle du comédien Dieudonné M’bala M’bala déclarant qu’il n’était « désormais plus un comédien » mais « plutôt un antisémite et un raciste ». Il est facile de réduire au silence les personnages publics qui éructent des mots haineux ou des idées insupportables, mais la censure ne fonctionne que très rarement avec ceux qui sont en marge de notre société.
Parmi les manifestants de la semaine passée place de la République se trouvait Sacha Reingewirtz, président de l’Union des Étudiants Juifs, qui déclara à NBC News :
« Nous sommes présents pour rappeler [aux terroristes] que la religion peut être librement critiquée ».
L’Union des Étudiants Juifs n’était apparemment pas aussi magnanime en 2013, quand elle poursuivit avec succès en justice Twitter, à propos de publications jugées antisémites sur son site. Son président à l’époque balaya de la main les objections d’entrave aux libertés publiques déclarant que le réseau social se faisait lui-même « complice en offrant un boulevard aux racistes et aux antisémites. » Le gouvernement déclara les tweets illégaux, et une Cour de Justice française ordonna à Twitter de fournir les identités des auteurs des publications antisémites.
Récemment, les restrictions à la liberté d’expression en France ont étendu leur domaine au-delà de la haine proprement dite avec des tribunaux intervenant de manière coutumière dans de simples délits d’opinion. Par exemple, l’année dernière, un tribunal français a infligé une amende à Caroline Doudet, une bloggeuse, et lui a ordonné de changer le titre de son sujet pour réduire sa visibilité sur Google concernant un commentaire négatif sur un restaurant.
Alors que la France a remisé depuis longtemps ses lois sur le blasphème, la marge est très ténue pour les orateurs et les écrivains poursuivis pour des motifs de diffamation ou d’incitation à la haine. De même pour les extrémistes, cette différence est également très ténue à l’image de ceux qui, à Paris, ont appliqué leur justice personnelle à une liberté d’expression que le gouvernement lui-même qualifiait de délit. De leur point de vue, il ne s’agit que d’un degré d’appréciation en réponse à ce que le gouvernement a appelé des provocations illégales. A l’image du religieux musulman radical Anjem Choudary qui a écrit la semaine dernière, « Pourquoi dans ce cas le gouvernement français a-t-il autorisé le magazine Charlie Hebdo à continuer à provoquer les musulmans ? »
Ce fut l’intolérance française croissante à l’égard de la liberté d’expression qui a motivé l’équipe de Charlie Hebdo — en particulier son rédacteur en chef Stéphane Charbonnier — à se moquer de toutes les religions en usant de dessins et d’éditoriaux irrévérencieux. Charbonnier devait faire face de manière continuelle à des menaces de mort par des extrémistes, mais aussi de poursuites judiciaires devant les tribunaux. En 2012, dans les protestations internationales à propos d’un film anti-islamique, Charlie Hebdo publia de nouveau des caricatures de Mahomet. Le Premier Ministre français, Jean-Marc Ayrault, avertit que la liberté d’expression « ne peut s’exprimer que dans les limites de la loi et sous le contrôle des tribunaux. »
Charbonnier ne se laissa pas impressionner, ni par la pression gouvernementale ni par les protestations publiques ou l’inclusion de son nom sur une liste de cibles d’Al-Qaeda. Dans une interview au journal Le Monde, il repris à son compte une phrase du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata et déclara, « je préférerais plutôt mourir debout que vivre à genoux. » Stéphane Charbonnier fût le premier que les tueurs recherchèrent lors de l’attaque dans ses bureaux, et il fût parmi les premiers à être tué.
Les Français bien sûr n’ont pas été les seuls à revenir sur les lois et protections relatives à la liberté d’expression. La Grande-Bretagne, le Canada et d’autres nations les ont rejoints. Nous avons les mêmes bruits de fond ici aux États-Unis. En 2009, l’administration Obama de manière choquante apporta son soutien à ses alliés musulmans en essayant de définir un nouveau standard international du blasphème. Et Hillary Clinton, Secrétaire d’État, invita des délégations à Washington pour travailler sur la définition de ce nouveau standard et pour « renforcer nos muscles [afin] d’empêcher le retour des anciens schémas de division ». De la même manière, en 2012, le président Obama se rendit à l’ONU et déclara que « ceux qui diffament le prophète de l’Islam ne doivent plus pouvoir le faire dans le futur. »
Il fut pourtant un temps où la liberté d’expression était précisément la promesse du futur. C’était même la ‘première pierre’ de la civilisation Occidentale et des libertés civiles.
Une personne physique ne peut pas réellement diffamer une religion ou des personnages religieux en tant que tels (même s’il est vrai que la diffamation des morts est prohibée aux États-Unis). Les volontés de requalifier la critique d’une religion comme incitation à la haine ou diffamation sont précisément ce que Charbonnier, en tant que résistant, combattait. Il dit un jour qu’en titillant l’Islam il espérait le rendre « aussi banal que le Catholicisme » pour pouvoir en débattre en société.
Stéphane Charbonnier est mort, comme il l’avait affirmé, debout plutôt qu’à genoux. La vraie question est : Combien parmi ceux qui se rassemblent sur la place de la République seraient réellement prêts à se tenir debout avec lui ? Ils devraient tous prêter une attention soutenue aux trois statues de la Place. Au nom de l’Égalité et de la Fraternité, la Liberté a été considérablement réduite en France. La terrible vérité est qu’il suffit d’un simple tueur pour abattre un journaliste mais qu’il faut une Nation entière pour assassiner un droit.


Mais, la liberté d'expression meurt en premier lorsqu'il y a concentration de la presse contrôlé par des magnats qui sont tellement marqué dans un camp (pro-israélien, en l'occurence) qui vont dénaturer le débat et même intervenir afin d'influer les résultats lors des élections locales et nationales.

(source : idem)

Libération, L’Express et la chaîne israélienne i24News réunis dans un nouveau groupe de presse

Libération, L'Express et la chaîne israélienne i24News réunis dans un nouveau groupe de presse
Les journaux Libération, L’Express ainsi que la chaîne israélienne i24News seront prochainement réunis au sein d’un nouveau groupe de presse, selon un communiqué publié mercredi 14 janvier.
Ce nouveau groupe baptisé Mag&NewsCo, sera détenu par le patron d’Altice (Numéricable, SFR), Patrick Drahi, également actionnaire de Libération, et son associé Marc Laufer, profitant ainsi de l’acquisition récente de certains des titres du groupe Roularta (l’Express, l’Expansion, Mieux vivre votre argent, Lire, Studio Ciné Live, Classica, Pianiste, l’Entreprise, Job Rencontres et Distrijob) pour jeter les bases d’un nouveau groupe média.
« Mag&NewsCo, groupe média diversifié, intégrera la télévision, la radio, la presse écrite, le numérique et le mobile. Marc Laufer et Patrick Drahi seront les deux seuls actionnaires du groupe. Le management opérationnel sera effectué par Marc Laufer. »
Les salariés de L’Express avaient déjà fait connaître leurs craintes d’une reprise par Patrick Drahi. Pour eux, sa gestion dans les médias s’est caractérisée par une « politique low cost doublée de plans de départs massifs ».
Sources : AFP / JDN / Le Journal du Siècle

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