Selon une étude publiée le 27 février dans Nature Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology, on avale des quantités inquiétantes de produits chimiques toxiquesmême si on mange bio et qu’on évite les contenants en matière plastique. Les enfants sont particulièrement exposés.

Le bisphénol A (BPA) et les phtalates sont des produits chimiques qui entrent notamment dans la fabrication des plastiques. Le BPA est présent dans les résines qui tapissent les boîtes de conserve. Les phtalates dans les déodorants et les produits cosmétiques. Il y en a donc partout. BPA et phtalates sont des perturbateurs endocriniens. Des études chez l’animal ont associé ces composés à des anomalies du système génital mâle.

Epidémiologiquement, un lien est soupçonné avec l’obésité et le diabète. Le BPA est aussi accusé de favoriser l’hyperactivité, l’anxiété et la dépression chez les filles.

L’étude conduite par l’université de Washington (Seattle) a consisté à comparer l’exposition au bisphénol A et aux phtalates de 10 familles américaines.

La moitié a suivi des consignes strictes visant à éviter ces deux composés, par exemple ne pas utiliser de récipients en plastique.

L’autre moitié s’est vue remettre un panier pour 5 jours d’aliments bio, frais, d’origine locale, préparés sans le moindre contact avec des contenants en plastique.

Les chercheurs ont ensuite relevé chez les participants les concentrations urinaires des produits de dégradation des phtalates et du BPA. Ils s’attendaient à voir les taux baisser dans les familles ayant reçu les aliments frais et bio. Et là, surprise : c’est le contraire qui est arrivé. Les concentrations de ces substances chimiques sont apparues 100 fois plus élevées que dans la population générale. Les enfants présentaient des taux plus élevés que les adultes. Pour comprendre ce qui se passait, les chercheurs ont analysé les produits alimentaires qui leur avaient été donnés à consommer. Les laitages (beurre, crème, lait et fromage) avaient des concentrations supérieures à 440 nanogrammes/gramme. Les épices moulus (cannelle, poivre) affichaient des taux supérieurs à 700 ng/g, le record étant pour le coriandre avec 21400 ng/g.

Sur la base de ces résultats, les chercheurs estiment qu’un enfant américain de 3 à 6 ans est exposé chaque jour à 183 mg/kg de ces produits chimiques, alors que l’agence de protection de l’environnement (US EPA) a fixé la limite à 20 mg/kg/jour.

L’avis de LaNutrition.fr : La conclusion de cette étude est déprimante car même en évitant les conserves, en mangeant bio, on reçoit des doses élevées de BPA et de phtalates tout simplement parce que l’ensemble de la chaîne alimentaire est contaminée (par exemple, du BPA a été utilisé massivement pour tapisser les conduites d’eau). Sachant que ces produits ont une affinité pour les graisses, on peut conseiller de choisir des laitages maigres ou demi-écrémés plutôt qu’entiers. Il faudrait privilégier les fruits et légumes frais ou secs plutôt que les produits en conserve (leur préférer les aliments en bocaux). Eviter bien sûr les emballages plastiques, surtout au micro-ondes, éviter les films souples d’emballage au contact direct des aliments. Malgré tout, cela ne suffira pas et des mesures réglementaires sont nécessaires.