samedi 26 octobre 2024

 

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    Le déploiement de missiles américains aux Philippines détruit les relations entre Pékin et Manille

    par Pierre Duval

    Ciblant directement la Chine, les États-Unis ont stationné un système de missiles à moyenne portée dans le nord des Philippines et ils ont annoncé qu’ils y resteraient. Le système de lancement de missiles Typhon est capable de lancer des missiles Tomahawk et SM-6 et de cibler l’ensemble de la mer de Chine méridionale et une grande partie de la Chine continentale. Le déploiement de ces armes par Washington en Asie du Sud-Est déstabilise encore davantage une région déjà en proie à des tensions de guerre.

    Le déploiement du système Typhon, capable de lancer des missiles à moyenne portée aux Philippines, est le premier depuis 2019 depuis l’abrogation par Washington du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) en 1987 par les États-Unis et l’URSS. Le système n’est devenu opérationnel que l’année dernière.

    En avril, l’armée américaine a discrètement déployé le système de lancement de missiles à portée intermédiaire Typhon aux Philippines dans le cadre des exercices militaires Balikatan 24 et Salaknib 24.

    Ils ont placé le système de missiles à l’extrême nord de Luçon pour cibler les détroits de Bashi et de Taïwan, ainsi que la côte sud de la Chine. Lorsque la nouvelle du déploiement du système de missiles est apparue dans la presse, Washington a annoncé que cette arme terrestre capable de tirer le missile standard 6 (SM-6) et le missile d’attaque terrestre Tomahawk ne serait déployé aux Philippines que pour la durée des exercices d’entraînement aux jeux de guerre. Mais, ils ont pris fin et le système Typhon est resté. «Le système de missiles américain restera aux Philippines malgré l’alarme de la Chine», souligne Defense News, précisant que cela place la Chine à portée de tir.

    Les USA attisent les conflits en Europe et en Asie

    La Chine et la Russie ont toutes deux protesté officiellement contre la présence géopolitiquement déstabilisatrice du système de missiles à portée intermédiaire en Asie du Sud-Est. Les experts, cités par Global Timesavertissent «que la décision des États-Unis militarisait la région et portait atteinte aux intérêts de tous les pays voisins» et que «le déploiement de missiles de moyenne portée par les États-Unis pourrait conduire à une course aux armements, à des tensions et à une militarisation de la région, ce qui ne sert les intérêts d’aucun pays de la région, y compris des Philippines elles-mêmes».

    En juin, le président russe Vladimir Poutine a menacé de relancer la production d’armes nucléaires à portée intermédiaire capables de toucher les capitales européennes si Washington confirme son intention de déployer des missiles en Allemagne ou ailleurs en Europe.

    Tout au long de son histoire, l’armée philippine a démontré à plusieurs reprises qu’elle était plus loyale envers le Pentagone qu’elle ne l’était envers le gouvernement civil de Manille. Les tensions en mer de Chine méridionale visent apparemment uniquement à défendre la souveraineté nationale des Philippines, mais derrière cette apparence de souveraineté, les Philippines sont en train de se transformer en une rampe de lancement pour une guerre menée par les États-Unis contre la Chine.

    Le nombre et les types de missiles qui ont été ou seront déployés aux Philippines n’ont pas été rendus publics. Le SM-6, dont la production a commencé en 2009, a un coût unitaire de 4,87 millions de dollars et peut servir à la fois d’arme antinavire sol-air et à grande vitesse. Le Tomahawk est principalement conçu pour les attaques terrestres et a la capacité de transporter une ogive nucléaire. Un SM-6 lancé depuis le nord des Philippines pourrait heurter un navire n’importe où dans la mer de Chine méridionale ou dans le détroit de Taïwan. Armé d’un Tomahawk, le système de missile Typhon est capable de frapper des cibles dans un rayon partant de Cagayan, dans le nord des Philippines, englobant toute la mer de Chine méridionale, toute l’Asie du Sud-Est continentale, toute la côte chinoise jusqu’à Pékin au nord et Chengdu à l’intérieur des terres, l’ensemble de Taïwan, toute la région du Sud, la Corée et la moitié sud du Japon.

    Alors que la presse présente cette mesure comme étant essentiellement une mesure de dissuasion en mer de Chine méridionale, le système de missiles installé dans le nord des Philippines entraînera le pays dans tout conflit avec la Chine, y compris loin de ses côtes. Les États-Unis sont bien plus préoccupés par Taïwan que par les récifs et les rochers de la mer de Chine méridionale.

    Washington est en train d’établir une base pour la Troisième Guerre mondiale

    Le déploiement du système Typhon en Asie a été rendu possible par l’abandon par l’administration Trump du traité INF en 2019. Le traité INF a éliminé l’utilisation de missiles nucléaires et conventionnels terrestres à courte et moyenne portée par les États-Unis et la Russie. Invoquant des violations présumées du traité par la Russie, l’administration Trump a annoncé fin 2018 que les États-Unis se retireraient unilatéralement du traité. Alors que les prétendues infractions russes constituaient un prétexte pour le retrait, le véritable motif était que le traité constituait un obstacle à l’escalade rapide des préparatifs de guerre de Washington.

    Le Guardian titrait : «Les experts mettent en garde contre la crise la plus grave en matière de contrôle des armes nucléaires depuis les années 1980 alors que Trump confirme que les États-Unis quitteront l’accord INF». «Trump suspend le traité sur les armes, invoquant les menaces chinoises et russes», notait l’AP. Invoquant une menace venant de la Chine et de la Russie, les États-Unis ont trouvé une parade pour se réarmer et placer leurs missiles sur le globe. Le traité INF a interféré avec les plans de guerre américains.

    En juillet, l’Allemagne et les États-Unis ont convenu de placer les missiles de croisière américains Tomahawk sur le sol allemand à partir de 2026. Ces armes à moyenne portée peuvent atteindre des cibles en Russie avec une portée allant jusqu’à 2500 kilomètres.

    En novembre 2023, le Japan Times a rapporté que les États-Unis avaient exprimé leur intérêt pour le déploiement d’un système de missiles à portée intermédiaire au Japon : «Les États-Unis ont approuvé la vente de 400 missiles Tomahawk avancés au Japon, alors que Tokyo renforce ses capacités de dissuasion face à ce qu’il considère comme des menaces sécuritaires croissantes de la part de la Chine et de la Corée du Nord».

    Le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire INF visait à garantir que tous les missiles balistiques et de croisière terrestres ayant une portée plus courte de 500 à 1000 kilomètres et une portée intermédiaire de 1000 à 5500 kilomètres seraient progressivement éliminés d’ici trois ans. Le traité interdisait, également, la production et les essais de nouvelles armes de cette catégorie.

    source : Observateur Continental

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