mardi 19 mars 2019


La Belgique, “passoire energétique” : Engie-Electrabel lançe une offre pour reprendre le contrôle, et ajoute le contrôle du compteur d’eau à sa BOXX
LAURENT LAMBRECHT Publié le mardi 19 mars 2019 à 06h46 - Mis à jour le mardi 19 mars 2019 à 06h47 source : DH.be 
Un outil pour que la Belgique ne soit plus une passoire énergétique.
La Belgique est une "passoire énergétique" ; le secteur du bâtiment au sens large (habitations, écoles, hôpitaux…) est responsable de 40 % des émissions de gaz à effet de serre du pays ; 5,5 millions de logements affichent des prestations énergétiques mitigées à médiocres.
C’est sur base de ces constats qu’Engie Electrabel a lancé une nouvelle offre sur le marché belge. Il s’agit d’une "boxx" qui permet de monitorer sa consommation d’eau, de gaz, de mazout, d’électricité, et l’éventuelle production de panneaux photovoltaïques. L’énergéticien affirme que le recours à ce service payant (20 euros par mois) permet de diminuer sa consommation de 10 % en moyenne.
L’idée est également d’être averti en cas de fuite d’eau ou de consommation excessive d’énergie. Après quelques mois d’utilisation, des algorithmes permettent de vérifier, selon Electrabel, si certains appareils électroménagers ne consomment pas trop d’électricité.
Si le coût de l’offre semble relativement élevé, le fournisseur d’énergie compte sur divers à-côtés pour convaincre le consommateur : un prix de l’énergie bloqué pendant quatre ans, ainsi qu’un service de réparation en cas de panne des appareils électroménagers (plafonné à 650 euros par intervention et à 150 euros pour le matériel)… En gros, Electrabel espère fidéliser sa clientèle et offrir de nouveaux services, alors que le métier de la fourniture d’énergie n’est plus très rentable.
L’énergéticien n’est cependant pas allé aussi loin en Belgique que sur le marché français. Chez nos voisins, le système du tiers investisseur est proposé pour inciter les ménages les plus précaires à investir dans une chaudière plus efficace. En incorporant les aides accordées par l’État français aux ménages les plus modestes, Engie peut proposer des chaudières à un euro, et se fait rembourser grâce à l’économie d’énergie réalisée par ses clients.
En Belgique , le système du tiers investisseur ne sera donc pas mis en place. "Nous l’offrons pour nos clients industriels, mais ce n’est pas possible pour les résidentiels, a justifié Philippe Van Troeye, le patron d’Electrabel. La législation belge sur les crédits ne permet pas de contracter des emprunts d’une durée suffisamment longue pour lancer ce type d’offres chez nousL’investissement initial est important par rapport aux économies d’énergie."
Jonas Moerman, conseiller énergie au sein de l’ASBL écoconso, confirme néanmoins que le simple fait de se rendre compte de sa consommation réelle d’énergie est un pas en avant. "Des études américaines ont montré que le monitoring permettait de réduire la consommation d’énergie, explique-t-il. Mais cela ne se fait pas automatiquement, il faut s’intéresser à la problématique."
Cet expert confirme cependant qu’un système de tiers investisseur serait le bienvenu pour inciter un grand nombre de ménages à investir dans l’efficacité énergétique : soit en isolant leur habitation, soit en changeant de chaudière. "Pour un ménage, l’économie sur la facture d’énergie ne permet pas de financer un investissement qui se chiffre à plusieurs milliers d’euros, déclare-t-il. Il faudrait que l’État intervienne en prenant en charge une partie des travaux et en permettant d’étaler le remboursement de l’autre partie."
Selon Jonas Moerman, la mise en place d’une taxe carbone serait un bon moyen de financer ces aides publiques. "Avec une taxe d’une trentaine d’euros environ par an pour une habitation moyenne, il serait possible de récolter une somme permettant d’investir dans l’efficacité énergétique." Pour rappel, un groupe d’experts a planché sur cette problématique, à l’initiative de la ministre Marie-Christine Marghem et du Service public fédéral Climat. La prise en compte de ces propositions sera pour la prochaine législature.

Laurent Lambrecht

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